L’homme politique allemand Joschka Fischer, qui a joué un rôle crucial dans la formation des Verts en Allemagne, a fait paraître, le 21 juillet, un article avec pour titre « La prochaine guerre du Moyen-Orient ».
« Après la disparition du groupe terroriste Daech, le prochain chapitre de l’histoire du Moyen-Orient sera marqué par une confrontation directe et ouverte opposant l’Arabie saoudite sunnite [la monarchie saoudienne est plus précisément wahhabite, NDLR] et l’Iran chiite qui souhaitent, chacun, mettre la main sur la région. Cette confrontation de longue date s’est poursuivie, jusqu’ici, sous couvert et surtout par procuration, et les deux puissances mondiales, impliquées dans les conflits au Moyen-Orient, se sont déjà positionnées dans cette confrontation : les États-Unis ont pris la défense de l’Arabie saoudite et la Russie soutient l’Iran. Toute confrontation militaire directe avec l’Iran entraînerait évidemment l’escalade des tensions dans la région et serait largement plus sérieuse que toute autre guerre qui a jusqu’ici éclaté au Moyen-Orient. En outre, l’Irak et la Syrie resteront le théâtre de conflits et les terroristes y poursuivront leurs activités. Un autre facteur qui risquerait de déstabiliser le Moyen-Orient est la question du Kurdistan. Les Kurdes ont déjà prouvé leur hostilité à Daech et ont bien combattu ce groupe terroriste, d’autant plus qu’ils souhaitent profiter de l’influence politique et militaire qu’ils viennent de gagner pour mettre sur pied un État indépendant, mais les pays touchés, d’abord et avant tout la Turquie, mais aussi la Syrie, l’Irak et l’Iran, voient dans cette question un casus belli, car cela pourrait mettre en danger leur intégrité territoriale. Compte tenu de ces questions encore non résolues et de l’aggravation du bras de fer entre l’Iran et l’Arabie saoudite, le prochain chapitre de l’histoire du Moyen-Orient serait tout sauf pacifique. Oui, les États-Unis ont peut-être appris de la catastrophe irakienne qu’ils ne seraient pas en mesure de gagner une guerre terrestre au Moyen-Orient, malgré leur puissance militaire visiblement supérieure. C’est la raison pour laquelle, l’ex-président américain Barack Obama s’est décidé à retirer ses forces du territoire irakien. Par ailleurs, l’actuel président américain Donald Trump soutient fermement l’Arabie saoudite et ses alliés, au détriment de la République islamique d’Iran. Ce facteur, lui aussi, pourrait déstabiliser un Moyen-Orient post-Daech. Aujourd’hui, le scénario du déclenchement d’une nouvelle guerre est plus que jamais plausible et cette guerre pourrait même se transformer en une guerre mondiale.
Ce qui est préoccupant, c’est que Donald Trump avait prévu, en 2013, le déclenchement d’une guerre entre les États-Unis et l’Iran. À ce moment-là, Trump n’était qu’un milliardaire qui tentait de s’impliquer dans la politique en critiquant, entre autres, John Kerry, alors secrétaire d’État, à l’antenne de Fox News. Cet homme est à présent le président des États-Unis et ses déclarations et politiques hostiles contre l’Iran sont dignes d’attention.
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Ce qui rend de pire en pire la situation est cette animosité croissante entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Le 7 juin 2017, le groupe terroriste Daech a perpétré des attentats contre le Parlement iranien et le mausolée de l’Ayatollah Khomeiny. À noter que ces attentats ont suivi les menaces directes qu’avait proférées, début mai 2017, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.
Mohammed ben Salmane avait déclaré que l’Arabie saoudite allait faire en sorte d’étendre le conflit jusqu’à l’intérieur de l’Iran, avant qu’une guerre ne soit déclenchée en Arabie saoudite. C’est pourquoi tous les Iraniens sont d’avis que l’Arabie saoudite est impliquée dans les attentats de Téhéran. Mohammed ben Salmane est l’architecte d’une politique étrangère hostile vis-à-vis de l’Iran et ce politicien amateur, ayant à peine 32 ans, a été nommé prince héritier d’Arabie saoudite le 21 juin 2017. Il assume également le poste du ministre de la Défense et il est directement impliqué dans les politiques économiques saoudiennes.
La nomination de Mohammed ben Salmane en tant que prince héritier a beaucoup plu aux Israéliens qui y voyaient une bonne nouvelle pour Israël et les États-Unis. Cependant, l’ancien ambassadeur des États-Unis à Tel-Aviv a qualifié de “dangereuse” cette nomination, disant qu’elle renforcerait la possibilité d’une guerre entre l’Iran et l’Arabie saoudite.
Les conditions qu’a posées l’Arabie saoudite au Qatar trahissent un autre aspect de la politique dangereuse du nouveau gouvernement saoudien. Parmi ces conditions figure la rupture des relations diplomatiques entre le Qatar et l’Iran, une condition qui contredit, selon les observateurs politiques, tous les principes internationaux et avant tout le droit à la souveraineté d’un pays indépendant comme le Qatar ».