Le journaliste italien Lorenzo Vita s’est penché dans l’éditorial du quotidien Occhi della guerra, sur les principales voies maritimes et les éventuelles guerres qu’elles peuvent déclencher dans l’avenir.
Le commerce dans un système mondialisé comme le nôtre est la principale source de développement de nombreux pays, et surveiller les voies maritimes commerciales signifie contrôler à la fois la richesse de son pays et les États vivant du commerce. En ce sens, la mer avec ses liaisons intercontinentales est encore la plus grande voie commerciale du monde permettant de transporter tout, du pétrole, des produits alimentaires et industriels. Les routes à travers lesquelles vous devez absolument passer ont une importance considérable.
Les détroits stratégiques sont nombreux, il suffit de penser au Bosphore, à Gibraltar et au canal de Suez, mais pour les conflits futurs vous devriez vous concentrer sur trois d'entre eux: le détroit de Malacca, le détroit d'Ormuz et celui de Bab el-Mandeb.
Le détroit de Malacca est l'une des plus importantes voies de navigation au monde: 40% du commerce mondial passe par ce détroit. Le détroit de Malacca est un étroit corridor reliant l'océan Indien à l'océan Pacifique. Pour l'essentiel, le commerce entre les pays du golfe Persique et les pays d'Extrême-Orient, en particulier le pétrole, passe à travers une longue mer de huit cents kilomètres de longueur et d’une largeur de seulement deux kilomètres et demi dans certains endroits. Ce n’est pas un hasard si le détroit et le golfe d'Aden sont attaqués par tous. Mais surtout, ce n'est pas une coïncidence que l'Arabie saoudite, l'Inde, la Chine, le Japon et les pays de l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est, NDLR) qui sont les alliés des États-Unis, soient tous intéressés par le contrôle de ces routes. Le chiffre d'affaires est énorme et la Chine, en particulier, sait que si elle veut se rendre en l'Afrique, au golfe Persique et à l'Europe, elle devra inévitablement passer par là. Quant à l'Inde, 50% de son commerce devrait passer par le détroit de Malacca.
L'expansion des mouvements terroristes et les piratages dans la mer dans ces régions ne devraient donc pas vous surprendre: avoir le contrôle des voies, y compris par l'utilisation d'outils non conventionnels, tels que les rebelles, est une clé des relations diplomatiques sur le continent asiatique.
Le détroit d'Hormuz, à son tour, est un lieu stratégique. Ce détroit sépare l'Iran de la péninsule arabique. En substance, il sépare les puissances rivales au Moyen-Orient: l’Arabie saoudite (et les monarchies du golfe Persique) et la République islamique d'Iran. Pour passer par cette étroite voie, on doit passer soit par les eaux territoriales iraniennes soit par celles d’Oman. Si l'une des parties décide un jour de fermer le passage aux navires de transit à destination du golfe Persique, les dégâts seraient énormes. Selon des sources de l'US Energy Information Administration, 17 millions de barils de brut par jour ont été transportés par ce détroit en 2011. En effet, les économies des pays voisins du golfe Persique sont basées, en grande partie, sur ce détroit. La présence de la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient à Doha et la Cinquième Flotte à Bahreïn n’est donc pas une coïncidence, car contrôler un endroit stratégique où se déplacent des dizaines de millions de barils de pétrole permet de contrôler des économies des pays vivant à côté de cette mer. Aujourd'hui, aucun pays ne songerait à fermer le détroit, car le résultat serait une catastrophe et mettrait en danger la survie de certains pays. Cependant, le fait de menacer de le fermer ou le fait de le contrôler sont des leviers de pouvoir.
Quant à Bab el-Mandeb, le conflit actuel au Yémen est peut-être le meilleur exemple de ce que signifie « avoir le contrôle de certaines zones ». Inutile de réduire le conflit en cours au Yémen à la confrontation religieuse entre chiisme et sunnisme. Le contrôle sur le Yémen signifie avoir le contrôle sur un côté d'un détroit qui est la porte d'entrée de l'Océan Indien vers l'Europe. Compte tenu du fait que le canal de Suez est sous le contrôle de l’Égypte qui ne risque pas de se retourner contre les partenaires commerciaux mondiaux, la jonction géopolitique de la mer Rouge a déplacé plus au sud, à Bab el-Mandeb, le problème où depuis des années il y a une course mondiale pour construire des bases militaires afin de contrôler cette zone. La course aux bases dans la Corne de l'Afrique est un exemple de l'importance de ce détroit qui relie la mer Rouge au golfe d'Aden. Le fait que la Chine a une base militaire à Djibouti et que les marines des pays occidentaux y sont déployées masque mal la réalité.