Pour la première fois depuis plus d’un siècle, hors périodes de guerre, la France métropolitaine enregistre davantage de décès que de naissances. Un seuil symbolique vient d’être franchi, discret dans les chiffres mais lourd de conséquences politiques, sociales et économiques. Si la population continue d’augmenter, cette progression repose désormais presque exclusivement sur l’immigration étrangère.
Le constat, révélé par les données de l’Insee et largement commenté dans Le Figaro, marque une rupture historique. En 2025, la France métropolitaine a compté plus de décès que de naissances, mettant fin à une exception démographique qui la distinguait encore de nombreux voisins européens.
Au 1er janvier 2025, la France comptait 68,6 millions d’habitants, soit une augmentation très modeste de 169 000 personnes en un an, selon les dernières données de l’Institut national d’études démographiques (INED), publiées le 16 décembre. Jamais la croissance de la population n’avait été aussi faible depuis la Seconde Guerre mondiale.
Jusqu’ici, même affaiblie, la natalité française permettait de maintenir un solde naturel positif. Ce n’est plus le cas. Le nombre de naissances poursuit une baisse entamée depuis plus d’une décennie, tandis que la mortalité progresse sous l’effet mécanique du vieillissement de la population.
Cette bascule n’est pas le fruit d’un accident ponctuel mais d’une tendance lourde. Comme le souligne Le Parisien, la France glisse progressivement vers un déclin démographique comparable à celui déjà observé en Italie, en Espagne ou en Allemagne. La fécondité est tombée bien en dessous du seuil de renouvellement des générations, malgré une politique familiale longtemps présentée comme l’une des plus généreuses d’Europe. L’âge moyen à la maternité continue d’augmenter, les parcours familiaux se fragmentent et les contraintes économiques pèsent de plus en plus lourdement sur les choix de parentalité.
Dans ce contexte, l’immigration devient le principal moteur de la croissance démographique. Une note récente de l’Institut national d’études démographiques (Ined), citée par La Croix, établit clairement que la population française n’augmente désormais plus que grâce aux flux migratoires. Sans l’apport des personnes nées à l’étranger, la population totale commencerait déjà à reculer. Une réalité statistique qui alimente des débats politiques vifs, souvent déconnectés de ces données démographiques de long terme.
Cette évolution nationale masque toutefois de profondes disparités territoriales. Comme le montrent Les Échos, la natalité varie fortement selon les régions et les départements. Certains territoires, plus jeunes ou plus attractifs économiquement, résistent mieux que d’autres.
À l’inverse, des zones rurales ou industrielles en déclin cumulent vieillissement accéléré et chute des naissances. La Corse, par exemple, affiche une dynamique démographique très différente de celle de départements comme le Val-d’Oise, révélant une France démographiquement fragmentée, où l’avenir ne s’écrit pas de la même manière partout.
Au-delà des chiffres, les causes de cette dégradation sont multiples. Une consultation menée par l’Assemblée nationale auprès de 30 000 Français met en avant des freins récurrents : insécurité financière, difficulté d’accès au logement, instabilité de l’emploi, absence de partenaire… Les jeunes adultes, même en couple et en situation stable, disent ne plus se projeter dans la parentalité. Pour beaucoup, comme l’illustre un témoignage recueilli par France Info, avoir des enfants est devenu un choix vécu comme un « sacrifice », particulièrement pour les femmes actives. L’âge moyen du premier enfant ne cesse de reculer, et un couple sur huit en âge de procréer fait face à l’infertilité, selon les chiffres rappelés par la ministre de la Santé. Un plan national sur ce sujet a été annoncé en 2024, mais reste encore sans effet concret.