Par Xavier Villar
Les systèmes de défense aérienne ont été activés avec succès en Iran tôt vendredi matin après des informations faisant état d'explosions près de l'aéroport de la ville d'Ispahan. Selon certaines informations, les défenses aériennes ont abattu trois micro-drones survolant la ville d'Ispahan, dans le centre du pays.
Un haut responsable de l'armée à Ispahan a démenti les informations publiées dans les médias occidentaux et israéliens selon lesquelles Israël aurait lancé plusieurs missiles contre l'Iran, ce qui constituait une nette exagération des événements.
Les vols commerciaux ont été brièvement suspendus dans certaines villes dont Téhéran et Ispahan. Cependant, environ quatre heures plus tard, ils ont repris et tout est revenu à la normale.
Il est important de souligner que l’attaque a été un échec retentissant. Les informations publiées dans les médias iraniens ont démontré une fois de plus, d’une part, la rationalité de la République islamique en tant qu’acteur politique et de l’autre, sa ferme détermination à éviter un chaos régional qui pourrait déclencher un conflit plus large.
Selon des rapports préliminaires provenant de sources iraniennes, une certaine forme d’action de la part d’Israël était attendue à la suite de plusieurs attaques antérieures contre des installations radar en Syrie.
L'attaque bâclée d'Ispahan impliquait l'utilisation de trois drones quadricoptères, qui auraient pu être lancés depuis la région frontalière de l'Irak ou depuis l'Iran, peut-être par des membres de l'organisation terroriste Moujaheddine Khalq (OMK), connue pour son alliance pas si secrète avec l’entité sioniste.
Plusieurs médias américains, dont CNN et ABC, citant de hauts responsables du gouvernement américain, ont rapporté que les États-Unis avaient été informés à l'avance de l'opération mais qu’ils ne l'avaient pas autorisée.
Les Américains affirment qu’ils « n’ont pas approuvé » l’attaque, mais qu’ils disposaient d’informations à son sujet ayant refusé pour autant de faire quoi que ce soit pour l’arrêter. Ils l’auraient même facilité en fournissant des armes au régime israélien.
Cela, comme l'ont noté de nombreux observateurs, équivaut à une « approbation » de cette attaque qui rappelons-le, a été un échec.
Du point de vue de la République islamique, l'attitude américaine est également considérée comme une pure hypocrisie, car c'est précisément le veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU sur la proposition iranienne de condamner l'attaque israélienne contre son consulat à Damas qui a contraint l'Iran à réagir dans le cadre l'opération « Vraie promesse ».
En d’autres termes, pour l’Iran, l’attitude américaine qui se laisse entraîner dans la stratégie israélienne du chaos régional, est également à l’origine de l’escalade actuelle des tensions dans la région.
La combinaison de l’attitude belliqueuse et chaotique d’Israël, d’une part, et de la complicité des États-Unis, d’autre part, n’a laissé à l’Iran d’autre choix que de répondre à l’attaque contre son consulat en Syrie.
Et la réponse iranienne s’est inscrite dans le cadre du droit international. Une réponse qui, sur le plan stratégique, a permis de restaurer la capacité de dissuasion grâce aux missiles et drones de fabrication iranienne.
Il est important de rappeler ici que le programme de missiles de la République islamique a commencé à se développer pendant la guerre imposée par l’Irak dans les années 1980. À cette époque, la seule arme dont disposait l’Iran pour répondre aux attaques de missiles irakiens, soutenues par l’Occident, était un petit nombre de missiles Scud-B1 obtenus de Libye.
Dans les années qui ont suivi la Révolution islamique de 1979, la politique de coopération militaire de l'Iran avec d'autres pays s'est concentrée sur le transfert de technologie pour parvenir à l'autonomie de ses capacités militaires.
Malgré les efforts déployés par les États-Unis et d’autres alliés pour empêcher l’Iran d’accéder à la technologie et aux composants nécessaires au moyen de mesures telles que des systèmes de contrôle de la technologie des missiles, le programme iranien a progressé de manière continue et remarquable depuis les années 1990.
Des ressources considérables ont été allouées et des efforts considérables ont été investis pour acquérir la technologie des missiles, l’améliorer et la mettre à jour.
Dans un premier temps, des experts et spécialistes iraniens ont modifié les caractéristiques des missiles acquis en assemblant des composants et en les adaptant aux besoins militaires du pays. Au fil du temps, cette capacité est devenue un aspect totalement inhérent au programme de missiles iranien.
L'un des symboles les plus significatifs du progrès technologique iranien en matière de missiles peut être observé dans les domaines de la précision et de la portée de ses missiles, qui ne cessent de croître chaque année.
À mesure que la portée d’un missile augmente, garantir la précision de ses trajectoires devient plus difficile et nécessite des technologies plus avancées. Par conséquent, outre l’augmentation de la portée, l’amélioration de la précision du missile est un autre facteur important de sa capacité.
Cela garantit que les points cibles sont touchés avec précision, améliorant ainsi les capacités tactiques des missiles. C’est ce qui s’est produit samedi dernier lorsque des missiles et des drones iraniens ont pilonné des sites militaires dans les territoires occupés par Israël.
L'amélioration et le développement continus du système de missiles iranien reflètent deux objectifs principaux de sa politique de défense. D'une part, les progrès de l'Iran dans le domaine des missiles renforcent ses capacités militaires et de défense dans les arènes régionales et internationales. D’un autre côté, elle étend sa puissance de dissuasion au-delà de ses frontières, comme le montre l’opération « Vraie Promesse », qui a changé les équations régionales et brisé le mythe de la dissuasion israélienne.
Ainsi, en améliorant la portée et la précision de ses missiles, l’Iran a renforcé ses capacités de dissuasion contre les menaces lointaines, garantissant ainsi sa sécurité nationale et son autonomie politique.
En conséquence, la stratégie défensive et sécuritaire de l'Iran transcende les frontières géographiques et s’étend constamment grâce aux progrès de la technologie des missiles.
La soi-disant « attaque » avec des micro-drones par Israël, qu'elle soit lancée depuis l'Iran ou depuis les pays voisins, représente une réponse extrêmement décevante d'un point de vue stratégique et politique.
Ce type d’attaque, qui a été utilisé auparavant avec peu de succès, démontre ce qui suit :
La réponse iranienne, dans le cadre de l'opération « Vraie Promesse », a réussi à créer une dissuasion immédiate à court terme. Dans le même temps, cela implique que les capacités de dissuasion d’Israël contre ses « ennemis » se sont considérablement affaiblies.
Israël a échoué dans sa capacité de dissuasion, comme en témoignent les actions de l’Iran, ainsi que celles des mouvements de résistance régionaux – le Hamas en Palestine et le Hezbollah au Liban.
La réponse israélienne peut également être interprétée comme une confirmation qu'il est impossible de revenir à la situation régionale antérieure, où le mythe de la capacité de dissuasion d'Israël existait toujours.
Dans le paysage actuel, il est difficile de percevoir l’entité sioniste dans les mêmes termes stratégiques qu’auparavant. Le régime touche à sa fin. Le jeu est effectivement terminé pour Israël.
Xavier Villar est docteur en études islamiques et chercheur basé en Espagne.
(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV).