En visite en Chine, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a déclaré lundi 1er avril que la France espérait que la Chine enverrait des « messages clairs » à la Russie sur la guerre en Ukraine.
Il s'agit de la deuxième visite en Chine d'un ministre français des Affaires étrangères en moins de six mois, après celle de Catherine Colonna en novembre.
Après une réunion à Pékin avec son homologue chinois Wang Yi, M. Séjourné a déclaré lors d'une conférence de presse conjointe : « Nous avons une conviction, c'est qu'il n'y aura pas de paix durable si elle n'est pas négociée avec les Ukrainiens. Il n'y aura pas de sécurité pour les Européens s'il n'y a pas de paix conforme au droit international. »
« Nous attendons de la Chine qu'elle passe des messages très clairs à la Russie », a déclaré le ministre, plaidant pour « un rapport de force favorable à l'Ukraine ».
Car « évidemment la Chine joue un rôle clé dans l'indépendance, le respect du droit international y compris la souveraineté de l'Ukraine », a-t-il estimé.
La Chine, qui se présente comme une partie neutre mais dont la relation avec la Russie s'est approfondie depuis le début du conflit, appelle à un règlement politique pour mettre fin aux combats en Ukraine.
Le président français Emmanuel Macron s'est quant à lui rendu en Chine en avril 2023 où il a déclaré que l'Europe ne devrait pas être un « disciple » des États-Unis en cas de conflit entre la Chine et Taïwan.
Cela survient après que le ministre français des Finances a averti que rompre tous les liens économiques avec la Chine était « une illusion », alors que plusieurs pays occidentaux revoient leur dépendance à l’égard de la puissance asiatique.
« Nous sommes totalement opposés à l'idée de découplage. Le découplage est une illusion », a affirmé le ministre français des Finances Bruno Le Maire aux journalistes à l'ambassade de France, ajoutant qu'« il est impossible de couper tout lien entre les économies américaine, européenne et chinoise ».
Il a toutefois noté que le concept de réduction des risques (« de-risking »), populaire ces derniers mois auprès de nombreux pays occidentaux, « ne signifie pas que la Chine constitue un risque ».
Or, lundi à Pékin le ministre français des Affaires étrangères a plaidé pour un « rééquilibrage économique », car « nos échanges doivent aussi reposer sur une base saine et durable ».
« C'est donc un enjeu essentiel pour nous, c'est pour cela que la France est déterminée à maintenir un dialogue étroit avec la Chine », a-t-il encore déclaré.
Le ministre a également évoqué la relation économique entre la France et la Chine : « Il n'est pas souhaitable de se découpler de la Chine », c'est-à-dire de réduire fortement les liens économiques entre les deux pays, a-t-il affirmé.
Cela étant dit, pour sa part, Wang Yi a dit « apprécier » que son homologue rejette l'idée d'un découplage. « Il n'est pas possible de se découpler de la Chine, et le découplage avec la Chine est le plus grand risque », a-t-il déclaré.
« Je crois qu'il a été prouvé, et que ce sera encore prouvé, que la Chine est une opportunité et non un risque pour l'Europe. Les deux parties sont des partenaires et non des rivaux », a-t-il ajouté.