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Zoom Afrique du 26 mars 2024

Les titres de la rédaction :

  • Togo: une stratégie à 20 milliards FCFA pour développer la filière poisson, d’ici à 2028
  • Le Niger rouvre la frontière avec le Nigeria
  • Mauritanie : l’échangeur de Taazour inauguré dans la région sud de Nouakchott
  • Burkina Faso : Huawei annonce un projet de formation de 5 000 jeunes aux TIC, en partenariat avec le gouvernement

Les analyses de la rédaction :

1. Burkina-Mali signent la feuille de route avec Rosatom 

Voulant se doter d'une centrale nucléaire, le Burkina a signé une feuille de route avec le géant russe Rosatom, un événement qui a eu lieu en marge du forum d'industrie nucléaire Atomexpo-2024. Dans une interview, le ministre burkinabè de l’Énergie fournit les détails de ce document. 

"La feuille de route a un certain nombre de volets. Il s'agira d'aller d'abord vers le volet formation, le volet opinion publique et le volet infrastructure", explique le ministre burkinabè de l’Énergie, des mines et des carrières. 

Puis, il s'agira dans les prochains mois d'élaborer un "accord qui fixe le cadre normatif de la coopération entre Rosatom et le Burkina Faso", développe Yacouba Zabré Gouba. 

"Enfin, il sera question dans cette feuille de route également de la construction de la centrale", poursuit-il. 

"Donc, il y aura des discussions permettant de voir l'opportunité d'une poursuite ou non de cette collaboration", conclut le haut responsable. Cependant, il se dit confiant quant à la possibilité d'arriver à un accord pour concrétiser ce projet. 

"Nous pensons que la Russie, avec l'expérience dont elle dispose, pourra mieux accompagner le Burkina Faso vers son indépendance énergétique", estime M.Gouba 

Le document a été signé par le directeur de Rosatom, Alexeï Likhachev, et la ministre malienne de l'Énergie et de l'Eau Bintou Camara. 
 
Organisé à Sirius, sur le littoral russe de la mer Noire, le forum Atomexpo-2024 rassemble des émissaires de 75 pays, soit 4.500 personnes au total. 

Le Burkina Faso, le Mali, le Niger et l'Irak y participent pour la première fois cette année. 

2. Sénégal: une élection historique 

Le peuple sénégalais vient de choisir celui qui présidera à sa destinée les cinq prochaines années (2024-2029). Élu président de la République – même si les résultats officiels n’ont pas été proclamés – à l’issue d’un processus électoral assez inédit avec ses multiples revirements (report, campagne express de 12 jours…), Bassirou Diomaye Faye, 43 ans, est le plus jeune président de la République depuis Abdou Diouf qui est arrivé au pouvoir à 46 ans en 1981. 

Une alternance dès le premier tour, une première dans l’histoire 

Cette consécration au sommet de la République intervient à la veille de son anniversaire. En effet, le nouveau Chef de l’État fête ses 44 ans, ce lundi 25 mars, au lendemain de son élection dès le premier tour. 

Quatre candidats à la présidentielle au Sénégal ont félicité dimanche Bassirou Diomaye Faye pour sa victoire dès le premier tour, au vu des tendances observées lors du dépouillement toujours en cours des suffrages 

« Félicitations à Monsieur Bassirou Diomaye Faye pour sa victoire incontestable », a écrit sur X la seule femme candidate, Anta Babacar Ngom. Déthié Fall a félicité M. Faye « pour sa belle victoire manifestement acquise au vu des tendances très fortes qui se dégagent ». Papa Djibril Fall et Mamadou Lamine Diallo ont fait de même. 

Les félicitations s’enchaînent pour Bassirou Diomaye Faye. C’est au tour du Président sortant Macky Sall a écrit sur X: « Je salue le bon déroulement de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 et félicite le vainqueur, M. Bassirou Diomaye Faye, que les tendances donnent gagnant. C’est la victoire de la démocratie sénégalaise ». 

Ce lundi, 25 mars, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, 5e Président du Sénégal, dans une allocution, a émis quelques orientations sur ses priorités en matière de politique économique et des affaires étrangères.  

« Je voudrais dire à la communauté internationale, à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux que le Sénégal tiendra toujours son rang, il restera le pays ami et l’allié sûr et fiable de tout partenaire qui s’engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive », a-t-il notamment dit à la presse. Et d’ajouter : « le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture. » 

Le 5e Président du Sénégal assure également qu’au niveau national, parmi les chantiers prioritaires, figurent en bonne place : « la réconciliation nationale », une refonte des institutions, « l’allègement sensible du coût de la vie », la lutte contre la corruption sous toutes ses formes… 

3. Niger: de quoi Washington s'occupait-il au Sahel ? 

Le Niger rompt sa coopération militaire avec les États-Unis et exige un retrait immédiat de leurs troupes, a déclaré le porte-parole du gouvernement nigérien le colonel major Amadou Abdramane dans un communiqué officiel. Le pays dénonce l’accord sur les représentants militaires et civils du Pentagone dans la République. Dans son communiqué, le porte-parole du gouvernement nigérien a accusé la délégation américaine dirigée par le sous-secrétaire d’État pour l’Afrique, Molly Phee, qui s’est rendue au Niger cette semaine, de violer le protocole diplomatique, de faire pression sur les dirigeants nigériens et de dénigrer les autorités et le peuple du pays. 

En juillet 2023, un coup d’État militaire a eu lieu au Niger. Le gouvernement pro-français de Mohamed Bazoum a été renversé. Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, dirigé par le chef de la garde présidentielle, Abdourahamane Tchiani, prend le pouvoir. 

Les États-Unis ont aussitôt commencé à préparer le retrait de leurs bases du Niger. Il s’agit de la 201e base américaine à Agadez, la capitale de la province de même nom, et de la 101e base à Niamey, la capitale du Niger. Après les événements de 2023, Washington a annoncé le retrait de la 101e base et sa relocalisation à Agadez. Tout d’abord, cette décision a été prise « dans l’intérêt de la sécurité ». D’autre part, les économies budgétaires ont joué un rôle important. Les Etats-Unis ont dépensé au moins 150 millions de dollars pour la construction de ces bases. La construction de la 201e base a été achevée il y a seulement quatre ans, en 2019. 

Au total, il y a environ 1 000 soldats américains au Niger. La plupart d’entre eux sont stationnés à la base aérienne 201 susmentionnée. Bien que cette base appartienne au Niger, elle a été construite avec l’argent des contribuables américains, sans bien sûr en informé le peuple américain et est donc gérée par le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM).  

La construction de l’installation a été accompagnée de plusieurs scandales liés au contournement de la surveillance du Congrès américain, le non-respect des exigences de sûreté et de sécurité aérienne, ainsi que des règlements techniques. L’objectif opérationnel de la base 201 reste apparemment un mystère, même pour les fonctionnaires du Comité des chefs d’état-major des États-Unis. Son utilisation en tant que centre de renseignement n’est pertinente que dans les cas où les informations collectées par les drones sont immédiatement utilisées par les forces d’opérations spéciales ou par les unités destinées à engager l’ennemi. Dans toutes les autres situations, la valeur des données opérationnelles tend à s’annuler avec le temps, tandis que le coût de fonctionnement de la base suscite une perplexité chez les inspecteurs. 

L’US Air Force utilise également l’aérodrome de Dirkou (DRZD) au Niger comme base pour ses missions au Sahel. Ce petit aérodrome est situé à deux kilomètres du centre-ville de Dirkou. Comme le rapporte le journal NYT, la CIA a renforcé en 2017 sa présence en matière de renseignement dans la région. Les drones MQ-9 Reaper auraient notamment été utilisés au moins jusqu’en 2018. 

La source affirme que le rôle des drones augmente progressivement en raison de la réduction de la présence américaine sous la forme d’unités de forces d’opérations spéciales. Cette affirmation est plutôt douteuse, ne serait-ce que parce que l’un est indissolublement lié à l’autre. Les unités spéciales ne peuvent exister sans renseignement, et le renseignement n’a pas de sens sans l’application pratique de ses résultats. 

La présence d’une base de drones à Dirkou n’est pas annoncée, y compris par des sources américaines. Cependant, la base de Dirkou, même maintenue par quelques dizaines de personnes, permet d’opérer des moyens de feu et de renseignement partout en Afrique Centrale, de l’Ouest et du Nord. Il n’existe actuellement aucune information fiable sur l’existence d’une base de drones à Dirkou. La dernière mention remonte à 2018. Cependant, les investissements dans la reconstruction de l’infrastructure de l’aérodrome ne peuvent pas disparaître sans laisser de traces. 

Pour reprendre les termes pertinents de l’ancien directeur de la CIA Mike Pompeo, « Nous mentons, nous trichons, nous trompons ». Peut-être que le pragmatisme des dirigeants africains permettra de prolonger l’existence de cette base, et que la pratique habituelle des Américains pour façonner l’agenda de l’information confirmera l’absence de cette base ou justifiera sa nécessité. 

Le contingent américain au Niger a aidé les troupes françaises à mener des opérations pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’en 2023, après un coup d’État, les autorités du pays exigent que Paris retire ses troupes. Le dirigeant nigérien Abdourahamane Tchiani a accusé la France de soutenir les groupes terroristes opérant dans le pays et a même exigé une compensation pour plus d’un siècle de pillage colonial des ressources naturelles. En outre, les autorités de transition du Niger ont annoncé leur intention de réviser les accords militaires avec les pays de l’UE. 

Auparavant, le Washington Post avait écrit que les fonctionnaires américains cherchaient fébrilement à rétablir les relations avec les gouvernements militaires d’Afrique de l’Ouest, y compris avec les nouveaux dirigeants du Niger. « Les fonctionnaires ont des fois eu du mal à définir ce que serait ce partenariat, notamment parce que les types d’aide que le gouvernement américain peut légalement fournir ont été réduits depuis le renversement des gouvernements au Niger, au Mali et au Burkina Faso », a constaté le Post, citant des conversations avec douze fonctionnaires, analystes et activistes américains. 

Le gouvernement américain n’a pas perdu l’espoir de rétablir le contact avec le régime actuel du Niger. Au cours du seul mois de mars 2024, la sous-secrétaire d’État pour l’Afrique Molly Phee s’est rendue en vain deux fois au Niger. La perte de ses bases au Niger menace Washington de suivre Paris en perdant définitivement le contrôle de la zone sahélienne. 

Le Niger s’est rapproché de la Russie et de l’Iran ces derniers mois. En décembre 2023, une délégation avec le vice-ministre russe de la Défense Yunus-Bek Yevkurov en tête s’est rendue à Niamey. Les deux parties ont signé un mémorandum d’entente et de renforcement de la coopération en matière de défense. À la mi-janvier 2024, une délégation du gouvernement nigérian s’est rendue à Moscou. 

Les autorités nigériennes ont également souligné officiellement qu’elles n’étaient pas satisfaites des conditions financières de déploiement des bases américaines. Par ailleurs, il est évident que ni le Pentagone ni la CIA américaine ne se sont empressés de partager les informations de renseignement avec les autorités du pays hôte, et certaines informations ont été ouvertement collectées auprès de contingents militaires subordonnés au gouvernement. Il est peu probable que les opérations de frappe ont été coordonnées avec les autorités nigériennes. Et finalement, Agadez est une ville dont la population est majoritairement touareg. Les autorités ont pu raisonnablement soupçonner les Américains d’établir des contacts plus étroits avec les chefs de clans touaregs dans leur dos afin de gagner leurs faveurs. 

Il est probable que l’affaire concerne non seulement les 201e et 101e bases, mais aussi l’aérodrome de la CIA à Dirkou. Il est certain que le Pentagone et la CIA sont confrontés à une question aiguë : où déplacer les bases ? Le point de stationnement le plus proche et le plus probable est au Tchad, à l’aéroport de N’Djamena. Cependant, leur redéploiement nécessite du temps et des fonds dont le Pentagone ne dispose pas pour le moment. En outre, le régime de Déby et le parlement tchadien ne verront probablement pas d’un bon œil un tel déroulement des événements. 

L’option de réserve est une base à Djibouti, près de l’aéroport international. Cependant, il n’y a pas beaucoup de place pour une expansion du contingent dans ce pays – une sorte de réserve de bases militaires étrangères. En outre, les bases nigériennes perdent leur valeur opérationnelle. Elles ne sont pas essentielles pour contrôler le détroit de Bab-el-Mandeb, et quant à la zone du Sahel, les drones opéreront à la limite de leurs capacités, violant tous les espaces aériens souverains pour y aller. Il ne fait aucun doute que les Américains tenteront de détruire l’ensemble de l’infrastructure technique et d’ingénierie des bases nigériennes. Mais le Niger est sur ses gardes. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV