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Attaque contre une base US : le génocide de Gaza et l’occupation US de l’Irak doivent cesser

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Xavier Villar

L'attaque menée dimanche par les Unités de mobilisation populaire irakiennes (Hachd al-Chaabi), affiliées à la Résistance irakienne contre une base militaire américaine à la frontière syro-jordanienne a fait trois morts et au moins 40 blessés côté militaire américain.

Du point de vue de la Résistance, l'attaque de drone contre la base « Tower 22 » a mis en évidence un peu plus le fait que la présence américaine dans la région n’a pas été sans effet sur le fait que le régime israélien a poursuivi ses crimes génocidaires dans la bande de Gaza.

En effet, croire le contraire est une vision politique et analytique naïve.

En outre, cette attaque s'inscrit dans la campagne annoncée par les dirigeants de l'axe de la Résistance, de l'Irak à la Syrie en passant par le Liban et le Yémen, y compris le secrétaire général du Hezbollah libanais, Seyyed Hassan Nasrallah, qui a souligné à plusieurs reprises la détermination des combattants de la Résistance à expulser les forces étrangères de la région.

Les Hachd al-Chaabi, en tant que partisans du discours politique de cet Axe de la Résistance, ont cherché à transmettre le message selon lequel la guerre régionale actuelle, d’intensité modérée, pourrait potentiellement s’étendre à toutes les bases militaires américaines du golfe Persique, devenant ainsi beaucoup plus coûteuse pour les États-Unis.

Il est tout à fait naïf de s’attendre à ce que les troupes des pays soutenant le génocide sioniste en cours dans la bande de Gaza assiégée et déployées dans la région ne subissent aucun préjudice.

D'un autre côté, il est important de rappeler que le Parlement irakien, dans la mise en application de sa souveraineté politique, a adopté une résolution en janvier 2020, exhortant sans équivoque le gouvernement de Bagdad à « expulser les troupes étrangères du pays ».

Les responsables irakiens ont intensifié ces derniers mois ces appels dans un contexte de recrudescence des attaques contre les bases américaines en réponse aux événements qui se déroulent à Gaza, où les Américains sont vus main dans la main avec Israël.

N'oublions pas que ces mêmes troupes sont responsables de l'assassinat du général Qassem Soleimani, commandant de la Force Qods du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) et du numéro deux des Hachd al-Chaabi, Abou Mahdi Al-Mohandes , près de l’aéroport de Bagdad en janvier 2020.

L’attaque contre la base militaire américaine en Jordanie doit également être considérée comme faisant partie de la réponse à l’assassinat de ces deux dirigeants du front de la Résistance, pionniers de la lutte contre le terrorisme.

Dans ce contexte, il est important d’indiquer que c'est au lendemain de cet assassinat extrajudiciaire que Seyyed Hassan Nasrallah s'est engagé à « punir » les États-Unis et à expulser leurs troupes de la région.

D'un point de vue organisationnel, mais confirmant en même temps l'unité discursive de l'axe de la Résistance, il est intéressant de noter que la collaboration entre les Hachd al-Chaabi et le Hezbollah en Syrie pour combattre Daech a contribué à créer une nouvelle catégorie de défense collective qui remet en question la compréhension traditionnelle ancrée dans la version de l'eurocentricité.

Cette défense collective qui caractérise l’axe de la Résistance explique comment l’alliance transnationale a formé une coalition militaire contre l’entité sioniste et ses alliés.

Des groupes tels que le Hezbollah, Ansarallah et les Hachd al-Chaabi irakiennes sont notamment impliqués dans cette coalition. Tous ces groupes ont pratiquement démontré, ces derniers mois, leur soutien à la Résistance palestinienne.

Cette coalition de forces régionales repose sur des solidarités et des affinités horizontales qui ne peuvent clairement pas être comprises dans les paramètres hiérarchiques des dynamiques de pouvoir centrées sur l’Occident. En d’autres termes, l’axe de la Résistance peut être caractérisé comme une collaboration non hiérarchique et horizontale.

Il représente un nouveau modèle de souveraineté partagée entre les groupes de résistance dispersés dans la région. Ce modèle de souveraineté régionale repose donc sur une affinité discursive qui ne peut être réduite, comme le font la plupart des médias occidentaux, à la catégorie des « milices pro-iraniennes » ou des « mandataires iraniens ».

Par exemple, après l’attaque de la frontière syro-jordanienne, le président américain Joe Biden a accusé les Hachd al-Chaabi d’être une « milice soutenue par l’Iran ». La même rhétorique creuse a été répétée par d’autres responsables américains, tout en appelant ouvertement et effrontément à une « guerre » contre la République islamique.

Comme l'a catégoriquement déclaré lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, les groupes de résistance régionaux dont les Hachd al-Chaabi, n'acceptent ni ordres ni instructions de la part de la République islamique.

Ces mouvements sont autonomes et pleinement capables de prendre leurs propres décisions en faveur du peuple et de la Résistance en Palestine, ébranlés par la machine à tuer sioniste depuis le 7 octobre.

De toute évidence, l’intention n’est pas de démentir le lien entre l’Iran et la Résistance irakienne, ni d’ailleurs d’autres groupes de résistance, mais de mettre l’accent sur leur propre autonomie stratégique et politique.

Placer ces groupes dans la catégorie des « milices soutenues par l’Iran » est un exercice politique visant à délégitimer leurs actions, à les priver de la possibilité d’agir selon leurs propres agendas et à les présenter à tort comme des « pions entre les mains de Téhéran ».

Du point de vue d’une collaboration horizontale et non hiérarchique, les Hachd al-Chaabi mettent en œuvre ce que le Parlement irakien a appelé à plusieurs reprises à l’expulsion des forces américaines et de la coalition de ce pays.

L'expulsion des troupes américaines d'Irak doit être réalisée en collaboration avec le reste des membres de l'axe de la Résistance pour atteindre l'objectif d'une région autonome en termes politiques.

La pression exercée par les groupes de résistance en Irak sur les bases américaines illégales et les plateformes pétrolières a démontré la détermination du front de la Résistance contre l’occupation américaine.

Dans le même temps, ces groupes ont envoyé un message politique à contenu anti-colonial tant à leurs concitoyens qu’aux États-Unis et à leurs alliés régionaux, en particulier au régime de Tel-Aviv.

On peut donc affirmer qu'il existe une relation directe entre le soutien américain au génocide israélien à Gaza, l'assassinat en 2020 des principaux commandants antiterroristes, le général Soleimani et Abou Mahdi al-Mohandes et, l'attaque des Hachd al-Chaabi contre la base Tower 22.

L’écriture est sur le mur : l’occupation américaine de l’Irak et l’occupation israélienne de la Palestine doivent prendre fin pour que l’axe de la Résistance mette fin à ses opérations contre les deux entités occupantes.

Xavier Villar est docteur en études islamiques et chercheur basé en Espagne.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV