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Zoom Afrique du 5 octobre 2023

Zoom Afrique du 5 octobre 2023

Les titres de la rédaction :

  • Tunisie : hausse de 6 % de la production de dattes à 360 000 tonnes en 2023
  • Afrique du Sud : les terres rares de Phalaborwa peuvent alimenter les industries agricoles et du ciment (Rainbow)
  • Le Rwanda prépare le lancement d’un centre d’excellence en formation aéronautique à Kigali
  • Bananes : le Cameroun exporte 19 734 tonnes en septembre (+22,5 %), sa meilleure performance depuis début 2023

Les analyses de la rédaction :

1. Burkina-UE : le respect de la souveraineté burkinabè est primordial

Le Premier ministre du Burkina Faso, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambèla, a reçu en audience, mardi 3 octobre à Ouagadougou, une délégation de diplomates européens conduite par la représentante spéciale de l’Union européenne pour le Sahel, Emmanuela C. Del Re. Cette rencontre a permis de passer en revue les différents domaines de coopération entre l’Union européenne et le Burkina Faso.   

Lors des échanges, le chef du gouvernement a rappelé « la coopération harmonieuse » que le Burkina Faso entretient avec l’Union européenne. 

« Nous avons toujours eu de bonnes relations avec l’Union européenne, contrairement à la France. Nous n’avions pas de bonnes relations avec la France parce qu’elle nous a colonisés et nous considère toujours comme sa colonie. 

“Elle pense qu’elle doit toujours agir comme si nous étions encore ses colonies. Nous refusons cela. C’est à nous maintenant de définir notre vision. La France souhaite constamment nous maintenir sous sa domination et comme nous refusons cela, le gouvernement français n’hésite pas à utiliser les institutions internationales pour entraver tous les projets en faveur du Burkina Faso. Si elle ne change pas, nos relations vont se détériorer, car nous sommes ici pour garantir notre pleine souveraineté et construire notre pays”, a-t-il souligné. 

Le Premier ministre s’est ensuite interrogé sur la nécessité de se précipiter pour organiser des élections : “Nous en sommes à notre troisième transition, depuis 2015. La question que nous nous posons est la suivante : comment instaurer la stabilité des institutions du Burkina Faso ?”

Faut-il se précipiter pour organiser des élections folkloriques pour plaire aux autres, au risque de voir le régime élu victime d’un coup d’État ? Où devons-nous prendre le temps de poser les bases d’une société solide avant de tenir des élections ? C’est la question à laquelle nous sommes confrontés ». 

Pour le Premier ministre, « il ne peut pas y avoir d’élection s’il n’y a pas de sécurité du territoire ». Il poursuit que « les populations doivent être libres de circuler, d’aller et venir, et les candidats aux élections doivent pouvoir faire campagne dans tout le pays. Nous devons réinstaller les électeurs et faire des listes électorales crédibles qui incluent tous les électeurs ». 

Il a également expliqué la nécessité pour le Burkina Faso de se doter d’une nouvelle Constitution. À entendre le Dr Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambèla, c’est un impératif pour la refondation de la société burkinabè. 

« Nous avons constaté que notre société est fragile. Nous avons donc besoin d’une organisation solide enracinée dans les structures de la société pour que les institutions soient fiables. C’est pourquoi nous voulons refonder notre Constitution. »

Très peu de gens se reconnaissent dans la Constitution actuelle, car elle est une copie conforme de la Constitution française, alors que nous ne sommes pas Français. « Nous avons donc besoin d’une Constitution qui reflète notre histoire, notre culture et nos aspirations. Nous devons jeter les bases de l’écriture de cette Constitution qui définira de nouvelles institutions qui pourraient être différentes de celles qui existent actuellement », a expliqué le Premier ministre. 

Le message est donc passé. Si l’Union européenne cherche à coopérer avec le Burkina Faso, il est clair que cela se fera dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité du Burkina. Il va falloir que l’Occident s’y habitue désormais. 

2. Burkina : la sécurité du territoire prime ! 

Le président de la transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a limogé mercredi le chef d’état-major de la gendarmerie nationale le lieutenant-colonel Évrard Somda, selon un décret publié à cet effet. Le lieutenant-colonel Kouagri Natama a été nommé, par le même décret, chef d’état-major de la gendarmerie nationale. 

Ce changement intervient alors que le gouvernement burkinabè a déclaré, mercredi dernier, avoir déjoué une tentative de coup d’État et annoncé l’arrestation de personnes impliquées dans ce projet dont des gendarmes et des militaires. 

Deux personnes étaient toujours recherchées à la suite de cette tentative de putsch selon un communiqué du parquet militaire. 

Se prononçant vendredi dernier lors d’une interview accordée à la presse nationale sur le coup d’État déjoué, le capitaine Ibrahim Traoré a déclaré qu’« il n’y aura pas de sentiment » pour tous ceux qui tenteront de déstabiliser le pays. 

À propos des auteurs, il a fait savoir qu’il s’agissait « d’individus manipulés », et qu’il n’y avait « pas de malaise » au sein des forces armées nationales. 

Vendredi dernier, Traoré a soutenu que s’agissant de l’organisation des élections en juillet 2024, comme prévu dans la Charte de la Transition, la sécurisation du territoire était sa priorité. « Il n’y aurait pas d’élection qui se concentrerait uniquement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso et dans quelques villes autour », a-t-il dit. 

Et concernant la sécurité du territoire, le Burkina renforce l’armée nationale à tout prix. Malgré les bâtons dans les roues, le gouvernement burkinabè continue de résister.  

Dans son discours à la tribune des Nations unies, le samedi 23 septembre 2023, le ministre d’État, Bassolma Bazié, s’est prononcé sur l’acquisition de matériels de combats. Sans langue de bois, il a exprimé son ras-le-bol envers la France qui contribue au blocage des matériels militaires du Burkina. 

« En plus des coupures d’aides, d’annulation de conventions de formation de nos forces de défenses et de sécurité, nous assistons au blocage de notre matériel militaire commandé avec la sueur de nos compatriotes, toujours sous l’impulsion de la France », dévoile-t-il. 

Et pour confirmer ces déclarations, il ne manque d’apporter des éléments en guise d’exemples. « En exemple, pour les vecteurs aériens nécessaires pour le contrôle et la défense du territoire, nous avons eu un contrat avec le Brésil, dont la licence d’arme devait provenir de la Belgique et le système de navigation de tirs, ainsi que des caméras des États-Unis, puis un moteur du Canada. Ces moyens sont aujourd’hui fallacieusement et cyniquement bloqués », déplore Bassolma Bazié. 

Il invite donc à la livraison de ces moyens militaires, question d’assurer la sécurité des peuples burkinabè, au risque d’être responsable de non-assistance de personne en danger. « Vous parlez de défense des droits humains à cette tribune de l’ONU, je vous invite donc à nous livrer incessamment nos armes pour la défense et la protection de nos populations meurtries. En tout état de cause, vous êtes solennellement saisis. Et si rien n’est fait, l’histoire vous tiendra responsable de non-assistance de personne en danger », menace-t-il. 

Du haut de cette tribune Bassolma Bazié a magnifié le sacrifice de tous les patriotes au nom de l’intérêt national. « Je salue vivement la mémoire de tous ceux qui sont tombés les armes à la main. Je magnifie le courage et l’intégrité de ceux qui sont toujours en vie et foncent inexorablement et de façon sacrificielle vers la victoire de notre peuple et la sauvegarde de notre patrie », a-t-il relevé. 

3. Niger : les ingérences occidentales doivent cesser

Chassée du sol nigérien, la France s’efforce de déstabiliser la situation dans le pays par divers moyens, selon le Premier ministre nigérien par intérim. Il affirme que la France fomente un projet d’élimination des nouvelles autorités du pays, soutient le terrorisme et n’envisage pas de retirer ses troupes. 

La France a été accusée par le chef par intérim du gouvernement nigérien d’élaborer un projet de meurtres de hauts représentants des nouvelles autorités du pays. 

Selon Ali Mahamane Lamine Zeine, Paris utilise ses moyens pour déstabiliser ce pays africain en état de guerre. Et ceci notamment après l’annulation des accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense. 

De son côté, le ministre de l’Intérieur du gouvernement nigérien a déclaré à Al-Jazeera que la France « soutient le terrorisme au Niger et ne nous permet pas d’exploiter nos ressources ». Et d’ajouter qu’elle « n’a pas l’intention de mettre en œuvre sa décision de retirer ses troupes du Niger ». Entre-temps, Paris a approuvé le délai fixé pour le retrait de ses troupes. 

En effet, les forces françaises au Niger ont échoué dans leur lutte contre le terrorisme, a déclaré à Télé Sahel le général Abdourahamane Tchiani, nouvel homme fort du pays. 

Une information semblable sur une éventuelle implication occidentale dans la préparation d’un tel projet avait été diffusée début septembre par le renseignement russe. D’après cette instance, les États-Unis n’étant pas satisfaits de l’évolution de la situation au Niger, « la Maison-Blanche étudie différentes options pour consolider la démocratie au Niger ». 

Les Américains considèrent comme une option plus « efficace » l’élimination physique des « leaders putschistes », lesquels s’appuient sur le soutien de la majorité de la population, a estimé le service de renseignement russe. 

Le 3 octobre, le ministère de la Défense du Niger a annoncé la mort de 29 soldats dans des attaques réalisées par des groupes armés contre une unité nigérienne qui quittait la zone d’opérations à la frontière avec le Mali. 

Le ministère a indiqué que l’armée avait mené une opération militaire la semaine dernière dans la zone frontalière avec le Mali contre les éléments de Daech. 

L’unité nigérienne a réussi à tuer des dizaines d’individus qu’elle qualifiait de terroristes, a noté l’instance nigérienne. Lors de la surveillance des communications de ces hommes armés, il est devenu clair pour les militaires nigériens que ceux-ci recevaient le soutien d’une partie extérieure. 

C’est le peuple nigérien qui gère le pays 

« Le peuple nigérien va désormais dicter la forme des futures relations avec la France », a affirmé le général Abdourahamane Tchiani fin septembre dans deux interviews en langues locales, une en djerma, l’autre en haoussa, à la télévision nationale, Télé Sahel. 

Ces propos ont été tenus une semaine après l’annonce par le président français du départ de l’ambassadeur à Niamey, Sylvain Itté, rentré à Paris le 27 septembre, et de celui « d’ici la fin de l’année » des quelque 1 500 militaires que compte la France au Niger. 

Le gouvernement nigérien avait ordonné l’expulsion du diplomate et dénoncé des accords de coopération militaire avec Paris, répétant vouloir le retrait des troupes françaises. 

« Nous sommes dans les préparatifs en vue de leur départ », a affirmé le général Tchiani. Les Français « n’ont pas chassé les terroristes ».

« Comme ils (les Français) étaient là pour combattre le terrorisme et qu’ils ont unilatéralement arrêté toute coopération (…) leur séjour au Niger est arrivé à son terme », a déclaré Abdourahamane Tchiani. 

« Ils ont dit qu’ils étaient venus pour aider à éradiquer le terrorisme. Non seulement ils n’ont pas chassé les terroristes, mais les terroristes sont de plus en plus nombreux » a-t-il déploré. 

Le pays est miné à l’ouest et au sud-est par des attaques terroristes récurrentes, perpétrées par des groupes liés à Al-Qaïda et à Daech. 

Selon Tchiani « le problème ce n’est pas la démocratie, parfois ce sont les personnalités élues qui tordent le cou aux textes pour n’en faire qu’à leur tête ». 

Il a rappelé la mise en place d’un « dialogue national » pour écrire de nouveaux textes régissant la vie politique nigérienne. 

Depuis le coup d’État, le Niger fait l’objet de sanctions politiques et économiques de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a menacé le pays d’une intervention armée. 

Selon le général Tchiani, cette organisation « n’a même pas cherché » à « connaître les raisons » du coup d’État. Il déplore que « les populations souffrent de l’embargo ». 

Fustigé par des pays occidentaux et africains, le régime nigérien s’est trouvé de nouveaux alliés, le Mali et le Burkina. 

Tiani a rappelé avoir créé avec eux une coopération de défense, l’Alliance des États du Sahel (AES), précisant qu’« un accord économique viendra ensuite ». 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV