Des dizaines de milliers de personnes ont défilé samedi 23 septembre en France pour protester contre les violences policières lors de manifestations organisées par la gauche. Des affrontements ont éclaté en marge de l'événement parisien.
La manifestation nationale a eu lieu un peu moins de trois mois après le meurtre à bout portant d'un jeune par un policier en banlieue parisienne lors d'un contrôle routier, déclenchant plus d'une semaine d'émeutes à Paris et ailleurs.
A Paris, des manifestants de tous âges ont brandi des pancartes sur lesquelles étaient inscrits « Stop aux violences d'Etat », « Ni oubli ni pardon », ou encore « La loi tue », avec une statue figurant la justice aux yeux barrés de rouge.
Les manifestants visaient particulièrement l'article 435-1 du code de la sécurité intérieure, introduit en 2017, qui élargit la possibilité pour les forces de l'ordre de faire feu en cas de refus d'obtempérer.
Les manifestants répondaient à un appel de la gauche radicale, notamment de la gauche dure La France Insoumise (LFI).
Les syndicats ont déclaré qu'environ 80 000 personnes avaient rejoint les manifestations dans toute la France, dont 15 000 à Paris, mais le ministère de l'Intérieur a estimé ce nombre à 31 300 dans tout le pays, dont 9 000 à Paris.
« Des violences inacceptables »
Le gouvernement a dénoncé des "violences inacceptables" en marge de la marche à Paris, après que des policiers se sont retrouvés coincés dans leur véhicule lors de l'attaque, a constaté un correspondant de l'AFP.
Des centaines de personnes vêtues de noir et cagoulées se sont séparées du cortège principal de plusieurs milliers de personnes à Paris, brisant les vitres d'une agence bancaire et jetant des objets sur une voiture de police coincée dans la circulation.
La police parisienne a indiqué que la voiture de police avait été attaquée au pied-de-biche et que seule l'intervention d'une unité de police anti-émeute avait permis de libérer le véhicule, faisant trois policiers légèrement blessés.
Une vidéo publiée ultérieurement par la chaîne BFMTV et partagée sur Internet montrait un groupe de manifestants cagoulés courant après la voiture, lui donnant des coups de pied à plusieurs reprises tandis qu'un homme brisait une vitre avec un pied de biche.
Un policier est descendu et a brandi son arme de service, mais n'a pas tiré et est remonté dans le véhicule.
"On voit où mène la haine anti-police", a écrit le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur X, dénonçant des "violences inacceptables" contre la police.
Sur BFMTV, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a annoncé que trois individus ont été interpellés après ces violences.
Trois autres personnes ont été arrêtées ailleurs en France, selon le ministère de l'Intérieur.
« L'injustice détruit les familles »
Parmi les manifestants à Lille, dans le nord du pays, se trouvait Mohamed Leknoun, 27 ans, dont le frère Amine a été tué en août 2022 après avoir refusé d'obéir aux ordres de la police.
"Toute cette injustice détruit des familles", a-t-il déclaré à l'AFP.
Il a déploré de n'avoir été informé d'aucune avancée dans l'enquête depuis la mise en examen du policier qui a tiré le coup mortel.
La marche a eu lieu quelques jours après que l'IGPN, l'inspection chargée d'enquêter sur les fautes policières, a publié son rapport annuel sur le recours à la force par les policiers.
Il montre qu’en 2022, 38 personnes sont mortes suite à l’action de la police, dont 22 ont été abattues. Treize de ces décès concernaient des cas de personnes refusant d’obtempérer.