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Mort de Javad Rouhi: Infox occidentale pour relancer les émeutes en Iran

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Par Youssef Ramezani

Le 31 août, les autorités pénitentiaires iraniennes ont annoncé que le prisonnier Javad Rouhi, condamné à mort pour avoir commis des crimes graves lors des émeutes de l’année dernière dans le pays, était décédé à l’hôpital tôt dans la journée après un malaise à la prison de Nowshahr.

Dans un communiqué émis quelques heures seulement après la mort de Rouhi, les autorités de la prison de Nowshahr ont annoncé que le procureur en chef de la ville avait ordonné l’interrogation d’autres détenus sur sa mort, l’inspection des caméras de surveillance de la prison et un examen médico-légal de son corps afin de déterminer et de rendre publique la cause de sa mort.

Pour quelle raison Javad Rouhi a-t-il été condamné ?

Javad Rouhi était un homme de 35 ans originaire de la ville d’Amol, dans la province de Mazandaran, au nord du pays, qui a participé l’année dernière à de violentes émeutes soutenues par l’Occident ayant causé des pertes en vies humaines et d’énormes dégâts matériels à travers le pays.

Selon un témoignage personnel, Rouhi est arrivé à Amol depuis Nowshahr quelques jours avant le déclenchement des émeutes dans la ville.

Le 11 décembre de l’année dernière, il faisait partie d’une foule approchant de la place Azadi, où une femme présente sur les lieux lui a donné un exemplaire du Saint Coran, qu’il a jeté au feu et brûlé.

Puis, avec plusieurs malfaiteurs, il a participé à l’effraction, à la destruction et à l’incendie d’un commissariat de la police de la circulation.

Le chef de la justice de la province de Mazandaran a annoncé que l’enquête policière avait établi que Rouhi était l’un des chefs de file de la foule qui a détruit les bâtiments gouvernementaux et militaires, des banques et de la municipalité, des sabotages au cours desquels cinq personnes ont été tuées.

Au cours de son procès, Rouhi s’est défendu en affirmant qu’il prenait de la drogue et des pilules pendant les émeutes, mais l’enquête a établi qu’il était sain d’esprit au moment des crimes et a donc été condamné à mort par le tribunal de Sari, la capitale provinciale de Mazandaran.

Rouhi et son avocat ont fait appel du verdict et une cour d’appel l'a annulé, tandis qu’il restait en détention dans l’attente d’un nouveau verdict.

Comment est-il décédé?

Selon un rapport du bureau des relations publiques de la prison de la ville de Nowshahr, également une ville de la province de Mazandaran, Javad Rouhi a été frappé de convulsions à 3h45 du matin le 31 août et a été transféré aux soins d'urgence.

Malgré tous les efforts du personnel médical de l’hôpital Shahid Beheshti de Nowshahr, poursuit le rapport, le prisonnier est décédé dans un lit d’hôpital.

Quelques heures plus tard, le procureur de Nowshahr, accompagné de l’enquêteur, a ordonné l’interrogatoire des détenus au sujet de Rouhi et des détails de leur séjour ensemble en prison.

Sur décision du tribunal, les caméras de surveillance de la prison ont également été inspectées, ainsi que les effets personnels du défunt, notamment des notes et des médicaments.

Le corps du défunt a été envoyé pour examen médico-légal et tests toxicologiques afin de déterminer la cause de son décès.

Le procureur de Nowshahr, Mohammad Reza Ebrahimi, a annoncé que les résultats de l’autopsie devraient être rendus publics dès qu’ils seront connus.

Comment était son état de santé ?

Le service de santé de la prison a révélé d'autres détails sur la nuit fatidique, indiquant que Rouhi s'est rendu de lui-même chez le médecin de la prison pour se plaindre de problèmes de santé et qu'après consultation, il a reçu du Diclofénac (anti-inflammatoire) et des comprimés contre le rhume.

Le médecin de la prison lui a également administré une oxygénothérapie pendant 15 minutes (de 20h00 à 20h15) et a demandé aux autres détenus d’alerter le service de santé si l’état de Rouhi s’aggravait.

À 3h30 du matin, le médecin a été informé que l’état de Rouhi s’était aggravé, c’est pourquoi il a d’abord été transféré au service de santé de la prison, où une convulsion a été constatée.

Des procédures médicales et thérapeutiques spécialisées ont été pratiquées sur le malade, puis il a été transféré à l’hôpital de la ville où il est décédé peu de temps après.

Le service de santé de la prison a également révélé que Rouhi avait des antécédents de consommation de méthadone, prescrite par un médecin en raison de sa toxicomanie, et qu’il avait tenté d’en réduire la dose pendant les derniers mois.

Avant son arrestation, Rouhi avait été hospitalisé à plusieurs reprises pour cause de convulsions et d'empoisonnement au Tramadol, et il avait même tenté de se suicider à l'hôpital.

Que prétendent les médias anti-iraniens ?

Presque immédiatement après la publication de la nouvelle de la mort de Javad Rouhi par les médias iraniens, les médias contre-révolutionnaires ont commencé à lancer une campagne de désinformation sur cette affaire, dans l’espoir d’inciter au mécontentement public et aux émeutes similaires à celles de l’année dernière, qui ont éclaté après la mort tragique de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, après s'être effondrée dans un commissariat de police de la capitale Téhéran.

Les mensonges irrationnels qui entourent son affaire incluent -sans toutefois s’y limiter- les allégations selon lesquelles il aurait été condamné pour « s’être manifesté et avoir dansé pacifiquement », qu’il aurait « avoué les crimes sous pression » et qu’il aurait finalement été « tué en prison ».

Ces affirmations contredisent l’enquête policière, les preuves et son témoignage personnel dans lequel il admet son rôle dans les violentes émeutes, ainsi que sa défense qui essayait seulement de minimiser son rôle et de plaider la folie due à la consommation de drogues et de médicaments.

En outre, de telles affirmations déraisonnables contredisent le fait que des manifestants pacifiques n’ont pas été arrêtés pendant les émeutes et que même des milliers d’émeutiers ayant commis des délits mineurs ont été amnistiés par le Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Seyyed Ali Khamenei en février.

Rouhi n’a pas été inclus dans cette amnistie générale, car elle ne s’appliquait pas aux crimes graves tels que l’espionnage pour le compte d’étrangers, les liens directs avec les services d’espionnage étrangers, les meurtres ou actes intentionnels donnant lieu à des blessures, ainsi que les actes de vandalisme ou d’incendie criminel contre des sites gouvernementaux, militaires et publics.

Les prétendues motivations attribuées au gouvernement pour « assassiner » quelqu’un qui avait déjà été emprisonné, condamné à mort, et dont la sentence a été par la suite annulée, semblent pour le moins illogiques.

En outre, les mensonges sur sa « torture pendant de longues heures » sont réfutés par les images des caméras de surveillance publiées par l’agence de presse Mizan, affiliée au pouvoir judiciaire de la RII.

Mercredi, juste un jour avant cette soirée fatidique, les caméras ont enregistré la visite des parents et de l’oncle de Rouhi à la prison, et il ne s’est plaint à la famille d’aucune blessure ou problème similaire, ni au téléphone ni lors de la réunion.

Les vidéos réfutent également les informations erronées selon lesquelles il n’était pas autorisé à entrer en contact avec ses parents ou sa famille proche ; et les responsables iraniens ont également nié les mensonges selon lesquels il aurait eu des funérailles nocturnes en raison de craintes présumées de rassemblements et de manifestations.

Les médias anti-iraniens ont également diffusé une photo de Rouhi dans son lit d’hôpital, affirmant qu’elle le montre à l’agonie. Cependant, l’agence de presse Mizan a réfuté cette affirmation en publiant des documents montrant que la photo a été prise lors de sa précédente hospitalisation en septembre 2021.

Yousef Ramezani est un analyste des affaires stratégiques et de la sécurité basé à Téhéran.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV