Les médias français se sont penchés sur les récents coups d’État successifs dans les pays africains, alliés de Paris, affirmant que « les fondements historiques de la France en Afrique ont été ébranlés ».
La presse française a abordé le coup d’État qui a conduit au renversement de la dynastie politique Bongo au Gabon.
Le Figaro écrit que la diplomatie française a perdu son équilibre à cause de l’épidémie de coups d’État en Afrique. La Croix a souligné qu’« Avec le Gabon, c’est un pilier historique de la France en Afrique qui vacille ». Le Point a précisé que la France a manqué la « mondialisation de l’Afrique » à travers les coups d’État.
Le Figaro a comparé les récents développements en Afrique et les coups d’État sur ce continent à « la torture dans la baignoire » des diplomates français. Soulignant que depuis 2020, il y a eu huit coups d’État en Afrique centrale et occidentale, le magazine français a écrit : « Les diplomates français n’osent pas sortir la tête de l’eau, car à chaque fois un nouveau coup d’État se produit avec plus d’intensité. »
Les coups d’État africains rappellent à chaque fois le déclin de l’influence de l’Occident dans le monde, nous rappelle Le Figaro ajoutant que « compte tenu de la montée des sentiments anti-français à travers le continent africain, les développements au Gabon ont porté un nouveau coup à l’influence de Paris sur le continent », et que la France aurait certainement du mal à justifier son double standard face aux dirigeants des coups d’État au Niger et au Gabon.
La Croix a titré : « Avec le Gabon, c’est un pilier historique de la France en Afrique qui vacille » et écrit : « La situation du coup d’État dans chaque pays africain est différente ; au Gabon, le putsch a eu lieu un jour après les élections dont le résultat a été en faveur d’Ali Bongo, le président dont le mandat est terminé. En fait, l’armée a réagi à cet incident et a exprimé sa colère. »
D’autant que, comme le rappelle le spécialiste de l’Afrique Antoine Glaser, « les intérêts économiques de la France dans ce pays ne sont plus ce qu’ils étaient. Total regarde désormais du côté du Nigeria et de l’Angola. Il reste le groupe minier Eramet. Pour le reste, le Gabon s’est pleinement ouvert à d’autres partenaires internationaux. »
Si la place du Gabon dans le dispositif français en Afrique n’est plus ce qu’elle était, cette tentative de putsch reste toutefois une très mauvaise nouvelle pour Paris. « Emmanuel Macron ne voit pas et ne comprend pas ce qui se passe en Afrique, car il y est hors sol », juge Antoine Glaser. « Il passe à côté des réalités qui contredisent sa vision du monde, il s’affranchit de l’histoire, de ce qui est contrariant, en proposant aux Africains de regarder avec lui le futur. Mais on n’efface pas le réel comme sur une ardoise magique. »
L’Afrique est entrée dans un processus irréversible dans lequel la France sera expulsée du continent, alors qu’elle aurait dû se retirer de ses anciennes colonies d’Afrique occidentale et centrale il y a des années, mais elle a décidé de continuer à surveiller l’Afrique et à maintenir des bases militaires sur le continent. Dans le même temps, d’autres superpuissances ont lancé des activités commerciales et, par conséquent, les soldats français se retirent aujourd’hui d’Afrique, alors que la part des entreprises françaises sur le marché africain est bien inférieure à celle des autres pays.
La France assiste aujourd’hui à la mondialisation de l’Afrique. Emmanuel Macron, est également très en colère et à ce propos, il a seulement dit, « la France en a fini avec l’Afrique ». Il connaît très bien le danger auquel son pays est actuellement confronté, c’est-à-dire qu’il n’a plus sa place en Afrique.
« À l’évidence, le président français est mal conseillé sur les questions africaines. Lui-même est ignorant de la réalité du continent, il n’en connaît ni l’histoire, ni la diversité, ni la complexité, ni le présent », constate aussi l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch.
Ce qu’il faudrait changer pour que l’Élysée ne perde pas le contact avec le continent ? « L’éducation des Français sur l’Afrique, répond la chercheuse. L’histoire de ce continent et de la France sur ce continent est un angle mort de nos programmes scolaires. Ce déficit de culture, de formation, d’expérience est le premier obstacle à la refondation profonde et sincère des relations entre le continent et la France. »