La Channel 12 de la télévision israélienne a révélé lundi soir que les dirigeants du Mossad israélien sont en colère après la révélation de la rencontre entre le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen et son homologue libyenne Najla al-Mangoush.
Les dirigeants du Mossad considèrent la divulgation de la réunion Cohen-Manghoush comme "un dommage difficile à réparer".
“Les troubles en Libye après la rencontre de sa ministre des Affaires étrangères avec Cohen pourraient dissuader les pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël”, a écrit le journal Haaretz citant des diplomates américains et arabes.
Le site américain Axios a publié un rapport détaillé sur une protestation américaine contre la fuite par Tel-Aviv d'une rencontre entre son ministre des Affaires étrangères Eli Cohen et son homologue libyenne Najla al-Mangoush.
Ce rapport (publié par Axios en collaboration avec le site Internet Walla) contenait des informations sur le rôle de Washington dans la tenue de cette réunion et sur ses efforts pour persuader les deux parties de normaliser leurs relations.
L'administration du président américain, Joe Biden, a envoyé une forte protestation à Tel-Aviv, suite à la révélation de la réunion avec la ministre libyenne des Affaires étrangères. Washington a estimé que le comportement israélien provoquait l'instabilité en Libye et portait atteinte aux intérêts sécuritaires des États-Unis.
De hauts responsables américains ont déclaré que des messages avaient été transmis à Cohen et à de hauts responsables du département d'État américain, selon lesquels la divulgation par Tel-Aviv de la réunion nuisait aux efforts américains visant à promouvoir la normalisation entre Israël, la Libye et d'autres pays arabes.
Toujours selon Axios, l'administration Biden s'efforce depuis deux ans de promouvoir l'adhésion de la Libye aux “accords d'Abraham”, mais “la publication de la réunion compromet gravement ces efforts”.
“Cela a coupé le canal des négociations avec la Libye et rendu nos efforts visant à promouvoir la normalisation avec d'autres pays beaucoup plus difficiles”, a déclaré un responsable américain.
Selon de hauts responsables américains, l’administration Biden a été informée des préparatifs de la rencontre entre Cohen et Mangoush et a encouragé les Libyens à tenir cette réunion.
L’administration Biden avait compris qu’il ne s’agissait à ce stade que d’une réunion secrète, de sorte que de hauts responsables américains ont été surpris que Cohen ait fait une annonce officielle à ce sujet hier.
L’entourage de Cohen a déclaré que lorsque la rencontre avec Mangoush a eu lieu, les deux parties se sont accordé que cela sera annoncé à un moment donné.
De hauts responsables américains affirment qu'après l'annonce de Cohen, les Libyens ont été horrifiés et ont affirmé qu'ils n'avaient aucune intention de rendre la réunion publique.
Selon le site Internet, Cohen a affirmé que lui et ses assistants n’avaient pas divulgué la réunion, mais avaient plutôt interagi avec les informations divulguées à un média en Israël.
Cependant, cela n'a pas convaincu l'administration Biden, et un haut responsable américain a déclaré que même s'il y avait eu une fuite, le ministère israélien des Affaires étrangères aurait pu dire “pas de commentaire”, mais a plutôt confirmé la réunion et en était fier.
Des mouvements de protestation spontanés ont éclaté dimanche 27 août à Tripoli, capitale libyenne et dans plusieurs de ses banlieues après l’annonce par les médias israéliens d’une rencontre, la semaine dernière à Rome, entre Eli Cohen et Najla al-Mangoush, manière d'exprimer leur refus d'une normalisation avec Israël.
La nouvelle de la réunion sur la normalisation a également suscité des réactions de condamnation au sein des milieux politiques libyens.
Le chef du gouvernement d'unité nationale (GNU) à Tripoli, Abd al-Hamid al-Dabaiba, a ordonné la détention de la ministre des Affaires étrangères Najla al-Manqoush par mesure de précaution et l'a renvoyée pour enquête.
Le site web libyen Al-Wasat, a rapporté lundi que la ministre Najla al-Mangoush avait fui la Libye pour la Turquie.
Citant une source bien informée, le site web a annoncé également que celle-ci avait quitté Istanbul le lundi 28 août pour Londres, tandis que le reste de sa famille restait en Turquie.
Au départ, une source de sécurité bien informée avait déclaré, dans une interview accordée au même site web, que Mme al-Mangoush avait quitté l'aéroport international de Mitiga à bord d'un avion Falcon spécial appartenant au gouvernement intérimaire d'unité nationale (GNA) de la Libye et qu'elle se dirigeait vers la Turquie.
Mais plus tard, l'appareil de sécurité intérieure de la Libye a signalé qu'étant donné que le nom d'al-Mangoush, figurait sur la liste des personnes interdites, cette dernière n'avait pas donc quitté le pays par les voies officielles ni depuis l'aéroport précité.