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Zoom Afrique du 1er juin 2023

Mali : La population souhaite le départ de la MINUSMA 

Les titres de la rédaction :

  • Ouganda : le gouvernement table sur une croissance économique de 6% durant l’exercice 2023/2024
  • Le second Congrès international africain sur l’avocat ouvre ses portes à Nairobi
  • Namibie : le chinois HeBei financera l’usine de traitement du projet de tantalite-lithium Swanson
  • La RDC peut supplanter le Pérou comme deuxième producteur mondial de cuivre d’ici 2026 (Wood Mackenzie)

Les analyses de la rédaction :

1. L’Afrique du sud ne veut plus agir sous la houlette de la CPI 

L’Afrique du Sud prévoit de modifier sa loi pour pouvoir contourner les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale, a déclaré un vice-ministre sud-africain auprès de la BBC. Ce alors que Vladimir Poutine est recherché par cette instance, non reconnue en Russie, et est attendu à Johannesburg pour le sommet des BRICS en août. 

Le gouvernement sud-africain a l’intention de changer prochainement la législation nationale pour avoir le droit de décider indépendamment de la question de l’arrestation d’une personne recherchée par la Cour pénale internationale (CPI), a indiqué le vice-ministre de la présidence sud-africaine. 

«En juin, nous soumettrons la loi au parlement», a déclaré Obed Bapela. Par le biais de la loi, l’Afrique du Sud «s’accordera des exemptions sur qui arrêter et qui ne pas arrêter». Cette initiative intervient sur fond de la question de l’éventuelle présence du dirigeant russe au sommet des BRICS programmée pour le mois d’août en Afrique du Sud. Vladimir Poutine est visé par un mandat d’arrêt émis par la CPI. 

Cette instance le tient responsable, ainsi que son émissaire pour les enfants, de la «déportation» d’enfants que les autorités russes ont évacué vers des zones sûres. Moscou ne reconnaît pas la compétence de la CPI et considère ses décisions nulles et non avenues, selon le porte-parole du Kremlin. 

L’Afrique du Sud reconnait cependant la compétence de la CPI. Précédemment, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait déclaré que les autorités examineraient la question de la dénonciation du traité établissant l’instance. 

Obed Bapela a également fustigé l’instance pour ses «deux poids deux mesures» : 

«Nous n’avons jamais pensé que la CPI que nous avons aujourd’hui sera ce qu’elle est. Ils n’ont jamais inculpé Tony Blair, ils n’ont jamais inculpé [George W] Bush pour leurs meurtres d’Irakiens», a-t-il déclaré, faisant référence aux anciens dirigeants britannique et américain pour leur invasion de l’Irak en 2003. 

2. La tournée africaine de Lavrov annonce «l’importance que la Russie attache» au continent 

L’intensification des contacts de Moscou avec les pays africains est une tendance de longue date qui a «enfin pris forme», estime auprès de Sputnik la chercheuse russe Maya Nikolskaya. La tournée du chef de la diplomatie au Kenya, au Burundi et au Mozambique montre l’importance que la Russie accorde à l’Afrique. 

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov effectue sa quatrième visite officielle sur le continent africain en un an. Cela envoie un message fort aux partenaires africains, soutient auprès de Sputnik Maya Nikolskaya, spécialiste du Moyen Orient et de l’Afrique, chercheuse à l’université russe MGIMO. 

«Le vecteur géographique [des visites] a légèrement évolué vers l’Afrique de l’Est. C’est une étape très correcte, très prometteuse. Les pays africains doivent savoir exactement avec qui ils travaillent», indique l’experte. 

En juillet 2022, le chef de la diplomatie russe s’est rendu en Égypte, au Congo, en Ouganda, en Éthiopie et a rencontré les dirigeants de l’Union africaine. En janvier 2023, il a été en Angola, en Afrique du Sud, en Eswatini et en Érythrée. Enfin, en février, Sergueï Lavrov a visité le Mali, la Mauritanie, le Soudan. 

«Il est réjouissant de voir que la Russie élargit la géographie des visites sur le continent africain», réagit-elle. 

L’intensification des contacts avec les pays africains est une «tendance qui se prépare depuis longtemps, et qui a enfin pris forme», note la chercheuse. 

«La présence personnelle du ministre des Affaires étrangères, avec une délégation aussi colossale, composée de plusieurs dizaines de personnes, souligne une fois de plus l’énorme importance que la Russie attache désormais aux relations avec ces pays !», selon elle. 

Maya Nikolskaya note que cette tendance s’applique également à la politique étrangère américaine, les visites des officiels se multipliant ces derniers temps. «Dans un futur proche, je pense que ces visites vont au moins maintenir leur fréquence, et peut-être seront-elles plus nombreuses. Il faut être prêt pour cela», note-t-elle. 

La dernière tournée africaine de Lavrov a débuté le 29 mai, avec une visite au Kenya. Ce même jour, le pays africain a reçu un lot humanitaire de 34 000 tonnes d’engrais russes. Ensuite, au Burundi, le ministre a réaffirmé l’attachement de la Russie à la réalisation de la feuille de route sur le développement conjoint du nucléaire civil. Quant au Mozambique, le chef de la diplomatie russe a annoncé le 31 mai que Moscou était prêt à lui livrer des équipements militaires. 

L’agenda des visites au Kenya et Burundi est «assez riche», de plus, «tout n’est pas annoncé ou rendu public» analyse Maya Nikolskaya. Pour elle, l’un des principaux objectifs de ces visites est de discuter de la participation des chefs des États au sommet Russie-Afrique. Il aura lieu fin juillet à Saint-Pétersbourg. 

3. Mali: le jeu trouble des USA

Renforcer les relations entre le Mali et les États-Unis de manière mutuellement avantageuse ! Telle serait l’ambition affichée par Rachna Korhonen, la nouvelle ambassadrice américaine depuis son arrivée au Mali. A peine ses lettres de créances présentées au président Assimi Goïta le 16 mars 2023, elle était au four et au moulin en multipliant les rencontres aussi bien au niveau institutionnel qu’avec les forces vives de la nation. C’est ainsi qu’elle a rencontré le Premier ministre le 29 mars 2023. Une visite qui a vite pris l’allure d’une séance de travail au regard des centres d’intérêt abordés par les deux personnalités. 

C’est ainsi aussi que, la semaine dernière, les médias français se sont réjouis d’annoncer que les États-Unis envisagent de sanctionner le Mali qu’ils accusent de «servir de zone de transit et d’aider à armer Wagner en Ukraine». A ce sujet, Washington a imposé des sanctions au Russe Ivan Maslov qui, selon eux, est le chef du groupe Wagner au Mali. Le Trésor américain a déclaré qu’Ivan Maslov pourrait utiliser sa présence au Mali pour dissimuler les efforts visant à acquérir des armes et du matériel militaires pour la guerre contre l’Ukraine. «Wagner a tenté d’acheter du matériel militaire à des fournisseurs étrangers et d’acheminer ces armes via le Mali», a aussi déclaré le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, le 22 mai 2023, lors d’un point presse. Un arsenal de guerre ayant vocation, toujours selon l’administration américaine, «à être utilisé en Ukraine pour aider la guerre de la Russie, à travers le Mali ». 

Pour rappel, en décembre 2022, le président nigérian Muhammadu Buhari s’était inquiété de la présence d’armes en provenance du conflit ukrainien dans la région du bassin du lac Tchad, impactant ainsi la sécurité aussi bien d’une des principales puissances africaines, que des autres pays voisins. Comme prédit à ce moment-là, l’Occident semble perdre complètement le contrôle sur ses livraisons massives d’armes en faveur du régime kiévien. 

Le chef d’Etat nigérian a lancé cet appel dans son discours d’ouverture du 16ème Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), qui s’est déroulé dans la ville d’Abuja, la capitale du Nigéria. 

« Ce mouvement illégal d'armes dans la région a intensifié la prolifération des armes légères et de petit calibre qui continue de menacer notre paix et notre sécurité collectives dans la région », a-t-il ajouté. 

De plus, ironise un activiste malien, l’opinion internationale doit aussi se rappeler que des documents des services de renseignement américains avaient révélé que l’Irak détenait des armes de destruction et que la suite est connue de tous. En tout cas, même s’il est clair qu’Ankara (Turquie) refuse de s’aligner militairement derrière l’un des protagonistes (Russie-Ukraine), nous ne pensons pas que cela soit financièrement rentable et bien pensé de faire transiter des équipements militaires par le Mali alors que c’est la mer Noire seulement qui sépare la Fédération de Russie de la Turquie. Si Moscou le souhaite aujourd’hui, elle peut acheter des armes là où elle veut et les acheminer comme elle le souhaite. Une chose est certaine, comme l’a rappelé un activiste, « le Mali ne fabrique pas d’armes et ne partage pas de frontières avec la Russie ». Par ailleurs, les USA viennent d’annoncer qu’ils imposent « des restrictions de visa » à 2 responsables militaires maliens, notamment le Colonel Moustapha Sangaré (ex-Commandant 33e régiment commandos parachutistes) et le Commandant Lassine Togola (Commandant par intérim du bataillon des forces spéciales) pour leur supposée « implication dans des violations flagrantes des droits de l’homme». Selon le Département d’État, les deux personnalités militaires « étaient responsables des éléments des forces armées maliennes qui ont mené l’opération à Moura ». «En réaction à cette accusation du Département d’Etat, le 25 mai 2023, quelques heures avant l’annonce des sanctions contre les deux officiers Maliens, dans une démarche constructive, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali a convié l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique au Mali pour lui signifier, entre autres, l’extrême gravité des fausses accusations portées contre la République du Mali», a souligné un communiqué publié par le gouvernement dimanche dernier (28 mai 2023). Mais, cela n’était pas suffisant pour une puissance impériale qui cherche la petite bête et qui cherche par tous les moyens à bloquer la percée russe en Afrique. Last but not least (dernier point mais non le moindre), les frais de traitement de certains visas américains non immigrants (VNI) subiront une augmentation à compter du 17 juin 2023. 

Ainsi, les frais pour les visas visiteurs pour affaires ou tourisme (B1/B2) et les autres VNI non basés sur une pétition, tels que les visas étudiants et les visas pour visiteurs dans le cadre d’un échange (catégories F, M et J) passeront de 160 (97 680 F CFA) à 185 dollars US. Il est clair aujourd’hui que Washington ne joue pas un jeu clair avec le Mali ! 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV