TV
Infos   /   Iran   /   L’INFO EN CONTINU   /   Point de Vue

Programme balistique iranien et le show politique de la France

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Missile balistique iranien Khorramshahr de quatrième génération nommé Kheibar. ©IRNA

Par Ghorban-Ali Khodabandeh

Dans des déclarations interventionnistes, une porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a condamné le dévoilement du missile balistique iranien Khorramshahr de quatrième génération nommé Kheibar.

Simultanément à l’anniversaire de la reprise de la ville de Khorramshahr aux troupes de l’armée de l’ancien dictateur irakien, Saddam Hussein le 24 mai 1982, le missile stratégique à longue portée « Kheibar » (Khorramshahr-4) a été dévoilé jeudi 25 mai en présence du ministre iranien de la Défense Mohammad Reza Ashtiani.

« La France condamne cette nouvelle violation de la résolution 2231 adoptée en 2015 par le Conseil de sécurité des Nations unies. L'Iran est engagé dans une escalade nucléaire extrêmement préoccupante », a dit la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Anne-Claire Legendre.

Les allégations françaises surviennent alors que l’Iran a déclaré à plusieurs reprises que son programme balistique n’avait rien à voir avec la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU et ses dispositions.

« Le dévoilement du missile balistique de quatrième génération Khorramshahr est un autre symbole de l'autorité défensive et de la politique étrangère souveraine du pays pour assurer la sécurité et les intérêts nationaux d'un Iran puissant et indépendant », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.

Selon Nasser Kanaani, ces mêmes pays occidentaux en particulier les Etats-Unis et la France qui ont joué un rôle indéniable dans l’équipement en armes du régime baathiste irakien et qui se placent en tête des exportateurs d’armements vers la région, s’inquiètent aujourd’hui de l’autorité défensive de l’Iran. Ils s’opposent en fait à un Iran puissant.

Plus tôt, la représentation de la République islamique d'Iran auprès des Nations Unies à New York a annoncé dans un communiqué que le programme balistique de l'Iran avait été conçu sur la base d'une capacité défensive conventionnelle, soulignant qu’aucun des missiles balistiques de l'Iran n'était conçu pour porter des ogives nucléaires et que l'Iran n'avait jamais cherché à acquérir des armes nucléaires et ne le fera jamais.

«  Les dispositions de la résolution 2231 sont parfaitement claires et exemptes de toute ambiguïté. Cette résolution n'interdit ni ne restreint le programme légitime de missiles balistiques conventionnels de l'Iran ou ses activités connexes », réitère la mission diplomatique iranienne.

La République islamique souligne vouloir continuer de développer un programme « défensif » de missiles, malgré l’opposition des Etats-Unis et des pays européens.

« Notre message aux ennemis de l’Iran est que nous défendrons notre pays et ses accomplissements. Notre message à nos amis est que nous voulons aider à maintenir la stabilité régionale », a déclaré le ministre de la Défense, Mohammad Reza Ashtiani, lors de la cérémonie de dévoilement du missile balistique stratégique à longue portée « Khorramshahr-4 ».

Or, la récente prise de position des Français reposerait sur une sorte de présomption occidentale de la nature des activités nucléaires de l'Iran, et aucun document ne prouve les allégations anti-iraniennes de Paris.

Ce n’est pas la première fois au cours des dernières années que la France s’est livrée à un chantage contre les activités balistiques de l’Iran.

En effet, la France s’est déclarée mécontente face à ce qu'elle a appelé « les tensions et l'évolution extrêmement préoccupante du programme nucléaire et balistique de l'Iran ».

La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a condamné le test de la dernière version des missiles balistiques à longue portée iraniens, estimant  qu’il s’agissait d’une nouvelle violation de la résolution 2231 adoptée en 2015 par le Conseil de sécurité des Nations Unies et ayant approuvé l’accord nucléaire entre l’Iran et les puissances mondiales. La diplomatie française prétend que ces activités revêtent un caractère d’autant plus préoccupant dans le contexte de l’escalade ininterrompue du programme nucléaire iranien.

Cette réaction politique et non juridique des Français intervient après que le ministre iranien de la Défense a dévoilé le missile stratégique de quatrième génération Khorramshahr-4 nommé Kheibar. Il est considéré comme l’un des missiles les plus avancés conçus par les spécialistes de l’organisation aérospatiale du ministère de la Défense. Il a une portée de 2 000 km et peut porter une ogive de 1 500 kg.

Depuis l’entrée en vigueur du PGAC, Plan global d’action conjoint, les autorités américaines et européennes ont toujours accusé l'Iran, dans une série d’actions politiques et non juridiques, de violer la résolution 2231 du Conseil de sécurité.

A vrai dire, comme le stipule la résolution onusienne, il est uniquement interdit à l'Iran de construire et de tester des missiles balistiques capables de porter des armes et des ogives nucléaires, sinon, elle n’interdit ni ne restreint nullement la fabrication et le test de ces missiles.

Dans le cadre de leur politique de pression contre l’Iran visant à le désarmer dans les relations régionales, les autorités occidentales semblent ne pas avoir de meilleur prétexte que la résolution 2231 du Conseil de sécurité. Néanmoins, ce document juridique ne met pas en cause non plus la nature défensive du programme balistique iranien.

En d’autres termes, la récente position des Français repose sur une sorte d'interprétation biaisée de la nature des activités nucléaires de l'Iran, et aucun document n’étaye les allégations anti-iraniennes de la diplomatie française.

Les multiples rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique, AIEA, prouvent que le programme nucléaire iranien est de nature pacifique et confirment la coopération totale de l’Iran avec l’Agence de sûreté nucléaire de l’ONU.

Dans des déclarations politiques, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et les États-Unis, n’ont cessé, au cours des dernières années, de mettre en avant la contradiction entre les essais de missiles iraniens et les dispositions de la résolution 2231 du Conseil de sécurité, mais lorsqu'il s'agissait de présenter des arguments et preuves juridiques, ils ont préféré garder le silence.

Le rôle des Français dans cette équation est très particulier, d'autant plus que depuis 2017, soit l’accession de Macron à l'Elysée, il s'est engagé auprès de l'administration Trump à mettre de son mieux pour freiner les activités balistiques de l'Iran et interdire le test de missiles balistiques.

Plus tard, Macron a réitéré ce même engagement auprès du Premier ministre du régime sioniste, Benjamin Netanyahu. Il est allé encore plus loin et même après le changement de gouvernement américain et l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, il a poursuivi son approche contre-productive et coûteuse dans la confrontation avec la République islamique d’Iran.

La récente déclaration publiée par le ministère français des Affaires étrangères montre bel et bien que Macron n'a pas encore tiré leçon des événements des six dernières années.

Il n’y a l’ombre d’un doute que ces déclarations et chantages usés jusqu’à la corde non seulement ne feront pas obstruction au développement des activités balistiques et défensives de l'Iran, mais limiteront encore plus les canaux de communication entre Téhéran et Paris. En effet, l’Elysée, en décidant de jouer sur le terrain de Washington et de Tel-Aviv, risque de sacrifier inéluctablement les intérêts souverains de la France à l’autel des politiques capricieuses du tandem américano-sioniste.

Ghorban-Ali Khodabandeh est journaliste et analyste politique iranien basé à Téhéran.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV