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« Restauration du culte du sionisme » : les propos de la chef de la Commission de l'UE sur la « fleur du désert » suscite une tempête

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et la ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen, le 12 mai 2015. ©AFP

Par Syed Zafar Mehdi

« Vous avez littéralement fait fleurir le désert », a déclaré mercredi 26 avril la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans un message vidéo, saluant l'entité sioniste comme une « démocratie vibrante ».

Le message du pied dans la bouche a été publié sur Twitter par l'ambassade de l'Union européenne à Tel-Aviv alors que le régime factice israélien fête ses 75 ans d'existence – en d'autres termes la Nakba (la grande catastrophe).

La Nakba est synonyme de persécution et de déplacement des Palestiniens ainsi que du nettoyage ethnique de centaines de villages et de villes palestiniens dans le but de créer une entité juive comme l'envisageait Theodor Herzl, l'architecte du sionisme moderne, dans son livre Der Judenstaat .

Selon des estimations approximatives, plus de 800 000 Palestiniens ont été tués, dépossédés ou chassés de leurs maisons par les sionistes pendant la Nakba – qui se poursuit jusque tard, avec plus de sauvagerie.

« Aujourd'hui, nous célébrons 75 ans d'une démocratie dynamique au cœur du Moyen-Orient », a estimé Ursula von der Leyen se faisant connaître pour avoir blanchi l'apartheid du régime israélien.

Après avoir reçu un doctorat honorifique de l'Université Ben Gourion en juin 2022, von der Leyen a dit que « l'Europe n'est pas l'Europe sans les Juifs européens ».

« J'ai placé la lutte contre l'antisémitisme et la promotion de la vie juive en Europe au cœur de l'agenda de la Commission européenne. Notre démocratie s'épanouit si la vie juive en Europe s'épanouit », avait-elle allégué à l'époque, dans une tentative désespérée d'apaiser ses hôtes sionistes et ses groupes de pression.

Fin décembre, la présidente de la Commission européenne a été parmi les premiers dirigeants mondiaux ayant présenté ses félicitations à Benjamin Netanyahu pour son retour au pouvoir à la tête du cabinet le plus à droite de l'histoire du régime israélien.

« Au plaisir de travailler au renforcement de notre partenariat, de promouvoir la paix au Moyen-Orient et de faire face aux ondes de choc de la guerre de la Russie contre l'Ukraine », avait-elle écrit dans un tweet.

Alors que les prises de position pro-sionistes de von der Leyen sont sous la loupe depuis longtemps, ses dernières allégations ont suscité la colère et l'indignation de divers groupes pro-palestiniens dans six coins du monde.

Des groupes politiques et des activistes en Palestine ont critiqué la chef de la Commission européenne pour avoir proféré que le régime de Tel-Aviv soutenu par l’Occident, déjà confronté à une crise existentielle, avait fait « fleurir le désert ».

Le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité autonome palestinienne a qualifié dans un  communiqué publié ce jeudi 27 avril ses propos de « discours de propagande » qui « déshumanise et efface le peuple palestinien ».

« Un tel récit perpétue le déni continu et raciste de la Nakba et blanchit le régime d'apartheid d'Israël », lit-on dans le communiqué, le qualifiant de « trahison au peuple européen qui n'approuve pas un tel raciste envers le peuple palestinien ».

Les internautes actifs sur des médias sociaux ont également exprimé leur colère face aux allégations « amères » et « racistes » de la chef de la Commission de l’UE.

« Peu importe à quel point l'opinion publique change sur la Palestine et combien de preuves sont fournies qu'Israël est un État d'apartheid, l'Occident ne cessera jamais de servir sans vergogne le culte du sionisme », a écrit la journaliste basée à Beyrouth Farah-Silvana Kanaan dans un tweet.

Sami Hamdi, analyste des affaires du Moyen-Orient, a affirmé : « Aujourd'hui, nous célébrons l'occupation violente des maisons palestiniennes, la brutalité avec laquelle ils ont été chassés de leurs terres et sont devenus des réfugiés, la résistance israélienne réussie à toutes les tentatives de restitution et à la persévérance de l'apartheid. »

Tariq Kenney-Shawa, un écrivain américano-palestinienne, a écrit que le mythe selon lequel le régime israélien « a fait fleurir le désert » a été « complètement démystifié ».

« Mais ce qui est plus important, c'est que même si Israël pavait les routes de la Palestine avec de l'or, cela ne justifierait pas le nettoyage ethnique de centaines de milliers de Palestiniens et l'occupation qui a suivi », a-t-il ajouté. 

Jehad Abusalim, directeur exécutif du Jerusalem Fund basé à Washington, a qualifié les commentaires de cette responsable de l’Union européenne de « rhétorique coloniale » – « comme Lord Balfour s'exprimant lui-même ».

« L'attitude de l'Europe envers l'Orient reste inchangée. Même les historiens israéliens ont exposé ces mythes, mais le pouvoir du racisme prévaut », a-t-il écrit dans une série de tweets.

« Ursula von der Leyen parle de "la terre promise" comme s'il s'agissait d'une transaction immobilière. Quand les Européens ont-ils recommencé à croire aux contes de fées ? On nous a dit que les Européens étaient tout au sujet de la raison et de la rationalité. Mais je suppose que si le colonialisme et l'impérialisme sont impliqués, n'importe quelle excuse fera l'affaire ».

Abusalim a déclaré que ce qui s'est passé en 1948, contrairement aux illusions de la chef de la Commission européenne, était une « campagne délibérée de nettoyage ethnique et de déplacement des Palestiniens, visant à réorganiser la démographie et la géographie de la Palestine d'une nation à majorité arabe à une nation à majorité juive ».

« Un état d'esprit colonial honteux qui répète la propagande sioniste pour faire fleurir le désert », a écrit Chris Doyle, directeur du Council for Arab-British Understanding. « Les Palestiniens le faisaient fleurir bien avant qu'Israël n'existe et les Nabatéens le faisaient il y a des milliers d'années. »

La dirigeante palestinienne Hanan Ashrawi a dénoncé les propos de von der Leyen comme « absolument honteux » tout en expliquant que « la présidente de la commission européenne devrait avoir plus de connaissances, d'intégrité et de responsabilité que de jaillir cette vaine régurgitation de vieux clichés sionistes fatigués et Tropes racistes palestiniens qui effacent notre existence même. Fête de l'amour dégradante ».  

Les remarques de la chef de la Commission de l'UE sont intervenues quelques semaines seulement après que le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a dénoncé la violence des colons israéliens en Cisjordanie occupée qui « menace de plus en plus la vie et les moyens de subsistance des Palestiniens » en toute impunité.

Le ministre des Affaires étrangères du régime israélien a mal réagi à cette prise de position de Borrell et certains rapports suggérant même que ce diplomate européen s'est vu interdire l'entrée à Tel-Aviv.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV