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Zoom Afrique du 11 avril 2023

Zoom Afrique du 11 avril 2023

Actualité en Afrique :

  • Afrique du Sud : Westfalia Fruit obtient 300 millions $ pour ses activités dans la filière avocat
  • Tanzanie : un nouveau partenariat pour renforcer la mécanisation dans le secteur agricole
  • Érythrée : La BAD approuve une subvention de 49,9 millions USD pour le solaire et le système de stockage
  • Angola : la Namibie apportera son expertise dans l’uranium et l’exploitation offshore des diamants

Analyses de la rédaction :

Manifestations en Afrique et en Europe : une militante dénonce un « deux poids-deux mesures » 

En pointant un héritage colonial dans le traitement médiatique et la perception de l’opinion publique 

Une militante sud-africaine a dénoncé « le double standard » du soutien aux manifestations en fonction de leur lieu d’organisation et des parties qui organisent. 

Khahliso Myataza, militante pour la justice sociale, s’exprimait dans une vidéo qui a fait le tour de la toile à travers le monde, suite aux récentes manifestations organisées en France, comme au Kenya et au Nigeria. 

« Quand les Africains protestent, nous sommes barbares », mais « quand les Français et les Européens protestent, alors c’est comme : [Ouais, faisons comme les Français le font, ils le font bien !] », a-t-elle relevé, dénonçant ce qu’elle a considéré comme « un deux poids – deux mesures », s’agissant du soutien apporté aux manifestations en France par rapport à ceux en Afrique. 

« Il y a eu des manifestations en Afrique du Sud le lundi où j’ai fait cette vidéo. Et puis dans d’autres parties du continent, il y a eu des manifestations à Nairobi au Kenya et à Lagos au Nigeria », a-t-elle rappelé. 

Cependant, « partout dans le monde, les protestations contre le projet de loi sur la réforme des retraites du président français Emmanuel Macron ont été célébrées comme héroïques », a-t-elle constaté, précisant que « cette vague de protestations à travers la France a été comprise comme faisant partie d’une longue tradition de travailleurs français se levant pour défendre leurs droits ». 

Toutefois, « les manifestations en Afrique attirent rarement une attention internationale comparable et passent parfois inaperçues », a-t-elle affirmé. 

« La nécro-politique et le néocolonialisme nous tuent », a ainsi observé Khahliso Myataza, considérant qu’il y a urgence s’agissant de la perception des protestations et des luttes en Afrique. 

« Quand nos voix ne sont pas entendues avec l’urgence que nous voulons, c’est décourageant », a-t-elle ainsi regretté. 

Elle a rappelé, dans cet ordre d’idées, qu’une grève avait eu lieu en novembre 2022 en Afrique du Sud à l’initiative de syndicats qui représentaient quelque 800 mille travailleurs. Il y a eu aussi des milliers de manifestants qui sont descendus dans les rues du Kenya contre la cherté de la vie en mars 2023. Les Kenyans ont même défié une interdiction gouvernementale des rassemblements, mais le traitement médiatique et la perception qui en découle, n’étaient pas les mêmes que ceux en France. 

Elle explique que la façon dont « les Africains et les Noirs sont représentés et perçus dans le monde (…) est toujours influencée par les héritages coloniaux violents. » 

« Les médias ont l’héritage de dépeindre les Africains comme des barbares, que ce soit à travers nos protestations, à travers la façon dont la pauvreté est encadrée dans nos pays... Et je pense que les gens doivent comprendre que cela vient comme un produit du colonialisme », a-t-elle ainsi analysé. 

Selon elle, « c’est ainsi que le colonialisme a façonné les Africains. » 

Et les médias jouent un rôle important dans la construction de la perception de l’opinion publique. 

Elle cite ainsi, l’exemple dont les manifestations baptisées « Black Lives Matter » aux États-Unis ont été couvertes. 

« Le vandalisme, les dommages matériels et les pillages ont fait l’objet d’une large couverture lors des manifestations de Black Lives Matter aux États-Unis au cours de l’été 2020 ». 

Cependant, même en disant que 93 % des manifestations étaient pacifiques, « les images négatives de violence et de pillage restent au centre de beaucoup d’entre elles – éclipsant les appels organisés pour mettre fin à la violence policière. » 

Le même traitement n’a pas été réservé aux manifestations en France, où les Français ont été montrés comme étant « le visage de la résistance », bien que des violences et des dégradations de biens publics et privés ont été rapportées. 

« Je ne rejette ni n’invalide la douleur que les Français ont, ou le vitriol qu’ils pourraient avoir à leur administration. Mais ce qu’ils font n’est pas plus, ou ce n’est pas plus spécial que ce qui se passe sur le continent africain », a conclu Khahliso Myataza. 

RDC : où iront les rebelles du M23 ?

Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont entrepris, depuis quelques jours, un retrait de certaines entités dans les territoires de Rutshuru et Masisi, en province du Nord-Kivu, la partie orientale de l’est de la République démocratique du Congo. 

Ces retraits sont notamment signalés de la localité de Kitshanga et ses alentours, Mpati, Kirumbu, Kalengera et la cité de Mweso dans le territoire de Masisi, des entités que ces rebelles ont abandonnées entre les mains des troupes burundaises de Force régionale de l’East african community, EACRF. 

À ces entités déjà abandonnées, des localités comme Bunagana, à la frontière avec l’Ouganda, Tchengerero et aujourd’hui Kiwanja ont été également libérées et laissées entre les mains des troupes ougandaises de l’Uganda people’s defence, UPDF, chargées de reprendre ces entités après le départ des supplétifs de la Force de défense du Rwanda (RDF). 

La plus grande question et qui gène tous les esprits : Où vont les rebelles du M23 après leurs retraits de toutes ces entités ? 

Suivant le plan rendu public, ces rebelles devraient se rendre au Mont Sabinyo, à la limite entre la République démocratique du Congo, l’Ouganda et le Rwanda, accusé d’agression par Kinshasa et reconnu par un groupe d’experts des Nations Unies. Ils devraient être cantonnés en attendant la suite du processus, sous surveillance d’une unité de la force angolaise dont la venue est bel et bien actée par le parlement d’Angola. 

Jusqu’ici, personne ne sait la direction que prennent les supplétifs de l’armée rwandaise (RDF) après ces mouvements de retrait. On sait néanmoins que la société civile de Nyiragongo a récemment évoqué le renforcement de certaines des positions par les rebelles du M23, avec la venue des troupes supplémentaires de RDF à leur rescousse. 

Cette situation fait alors craindre, nous savons aussi que ces rebelles n’ont jamais rejeté la vision de conquérir la ville de Goma, pour finalement obtenir la « fameuse » négociation qu’ils ont toujours demandée à Kinshasa et qu’ils n’ont jamais obtenue. Avec la ville touristique sous leur contrôle, ils auront sûrement une marche des manœuvres pour plier Kinshasa sous leurs multiples demandes, dont celle qui fâche : « Intégrer leurs troupes au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo », balayer jusque-là par les autorités gouvernementales. 

Ces retraits posent mille et une questions. Selon certains esprits, ces rebelles se retireraient de toutes ces entités, en les laissant sûrement entre les mains de la Force régionale de l’East african community et en interdisant l’accès aux FARDC, afin de concentrer leurs troupes sur des positions qui faciliteraient l’accès rapide à la ville de Goma, toujours pas épargnée avec la présence active de ces rebelles, sachant déjà que la Force régionale ne peut pas les combattre. 

La vigilance est toujours démise dans ce contexte. Sur le terrain, de nombreux jours sont ainsi passés sans qu’il y ait des affrontements entre les FARDC et les supplétifs de la Force de défense du Rwanda dans les différentes lignes de front. Le cessez-le-feu semble avoir pris l’ascenseur après l’entrée forcée et échouée des rebelles dans la cité Saké, à 27 kilomètres de la ville de Goma. 

Niger : la France tue les Nigériens !

Au Niger, la société civile d’Arlit, dans le nord du pays est inquiète de voir sa nappe phréatique polluée par la mine d’uranium de la Compagnie minière d’Akouta (Cominak) 

La mine, proche d’Arlit, dont l’actionnaire principale est la société française, Orano, ex-Areva, a fermé ses portes il y a deux ans. Depuis lors, le groupe réaménage le site. Mais aujourd’hui, les 600 kilomètres de galeries souterraines sont inondés. La société civile d’Arlit redoute que cette eau ne rejoigne pas une autre nappe, artificielle, issue du terril, c’est-à-dire du tas de déchets miniers du site. 

À terme, ce serait tout l’approvisionnement en eau potable de la ville d’Arlit qui serait menacé, selon Al-Moustapha Alhaçan, président de l’ONG environnementale Aghin in Man : « La galerie se trouve à 250 mètres de profondeur, donc on est dans les nappes fossiles. C’est de l’eau contaminée, et pire, elle va rejoindre la nappe artificielle créée à partir du stockage du terril pendant des décennies. » 

« Et comme dans les terrils il y a de l’acide, dit aussi Al-Moustapha Alhaçan, ça a eu le temps d’attaquer la roche, pour, bien sûr, rejoindre la nappe. C’est-à-dire qu’aujourd’hui on va contaminer la nappe d’eau que les gens sont en train de boire. Le champ de captage de l’eau de la ville d’Arlit se trouve à moins de deux kilomètres, voire un kilomètre dans certains cas, de ce terril. » 

Une association française spécialisée, la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad) estime elle aussi que les déchets constituent « une épée de Damoclès pour l’alimentation en eau potable ». La Compagnie minière d’Akouta (Cominak), exploitée à partir de 1978 près d’Arlit par le groupe français Areva, devenu Orano, a fermé en 2021 pour cause d’épuisement de ses réserves, après avoir produit 75 000 tonnes d’uranium. Son réaménagement, d’un coût de 150 millions d’euros est en cours et doit durer dix ans, suivi par au moins cinq ans de surveillance environnementale. 

Dans la région, la filiale d’Orano a fermé en mars 2021 après plus de 40 ans d’exploitation des terres. Son héritage : 20 millions de tonnes de boue radioactive, non confinée, issue des résidus de l’extraction de l’uranium. Une quantité massive de déchets dangereux laissés à l’air libre à quelques kilomètres de l’agglomération urbaine d’Arlit-Akokan. 

Ces boues radioactives sont ensuite dispersées en poussières dans l’air ambiant avec le vent. Elles vont donc être inhalées par les travailleurs, dont certains sont toujours actifs sur le site, et par les riverains de l’agglomération la plus proche.  

Derrière ce massacre écologique et ces impacts humains directs, ce sont bien les logiques de l’impérialisme français qui sont à l’œuvre. En effet, en 2021, 34,7 % de l’uranium importé en France pour le fonctionnement des centrales électronucléaires provient du Niger. Une énergie dont le gouvernement vantait jusqu’à récemment le bas prix, mais qui se paie entre les mains du patronat et de la classe politique par la santé et la vie des populations nigériennes et de leur environnement. 

La France a une drôle de manière de se sensibiliser à l’écologie ! 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV