TV
Infos   /   Afrique   /   Zoom Afrique   /   L’INFO EN CONTINU

Zoom Afrique du 17 février 2023

Zoom Afrique du 17 février 2023

Les titres de la rédaction :

  • En Afrique, le solaire décentralisé offre des opportunités d'investissement de 9,9 milliards $ d'ici 2030 (rapport)
  • RDC : l’année 2022 a enregistré une croissance plus forte que prévu à 8,5 % (FMI)
  • Rwanda : une usine de transformation de lait de 45 millions $ sera lancée en avril prochain
  • La RDC a exporté pour 429 millions $ d’étain en 2022 (ministère des Mines)

Les analyses de la rédaction :

Zimbabwe: les ONG mises sur la touche ! 

À moins de six mois des élections zimbabwéennes, un texte de loi, qui doit être ratifié par le président Mnangagwa, prévoit d’interdire aux ONG de parler de politique.  

Il ne reste que quelques mois avant les élections générales au Zimbabwe. En juillet prochain, les électeurs voteront notamment pour leur président. Emmerson Mnangagwa est candidat à sa propre succession et compte bien rempiler, après l’été, pour un nouveau mandat. 

Clément Voule, rapporteur pour la liberté d’association au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, estime que le pouvoir zimbabwéen est actuellement en train de tenter de “museler” les ONG grâce à des textes en cours d’adoption. 

En effet, le 1er février dernier, le sénat zimbabwéen a voté une loi qui vise officiellement à « lutter contre le terrorisme et le blanchiment d’argent ». Mais Clément Voule y voit une volonté de faire taire les ONG. Car le texte prévoit également de sanctionner les organisations non gouvernementales qui s’engageraient en politique. 

Le timing interroge l’ONU. Car les élections approchent et l’on pourrait relier la ratification de ce texte à une volonté du président en place de stopper les ingérences des pays occidentaux à travers les ONG. 

Il reste désormais une étape importante : après le Sénat, c’est au tour du président Emmerson Mnangagwa de ratifier cette loi. Ce que les Nations unies demandent au chef de l’État de ne pas faire, « parce que cela donne un signe, un mauvais signe. La loi, telle qu’elle est actuellement, avec le régime qu’elle impose, les restrictions, les provisions, ne vise qu’à museler toutes critiques et aussi à museler toutes personnes qui seraient tentées de critiquer toute action du gouvernement à l’approche des élections ». 

Il est clair que le rôle des ONG dans les pays africains n’a rien d’humanitaire. Leurs nombreuses ingérences dans les affaires interne du pays l’ont toujours prouvées. Les ONG sont généralement les premiers à vouloir influencer les populations africaines, surtout lors des élections. Si le gouvernement zimbabwéen a décidé de stopper les ingérences des ONG, c’est bien pour que les élections se passent sans problème. Beaucoup de pays d’Afrique suspendent les ONG sur leur territoire, généralement, en raison de leur lien avec des groupes rebelles terroristes, mais également, pour leurs nombreuses ingérences dans les affaires internes des pays africains. La souveraineté prime en Afrique. 

RDC : vers une balkanisation du pays ? 

Les plans se dessinent de plus en plus, et le silence de la Communauté internationale concernant les exactions du Rwanda trouvent son sens. En réalité, les puissances étrangères cherchent à mettre en place un plan de balkanisation de la RDC. Le Rwanda continue de vouloir envahir l’Est de la RDC comme si de rien était. 

Un nouvel incident sécuritaire est enregistré entre la RDC et le Rwanda, cette fois-ci au Sud-Kivu, à la frontière Ruzizi 2 entre les villes congolaises de Bukavu et rwandaise de Cyangugu. 

Des accrochages ont eu lieu entre les militaires rwandais et congolais. Plusieurs habitants des quartiers situés à la frontière rapportent avoir entendu des tirs entre 3h et 4h du matin.  

Le gouvernement rwandais confirme l’incident et précise qu'il n'y a pas de victimes dans les rangs rwandais. Dans un communiqué, Kigali parle de « 12 à 14 » soldats congolais qui sont entrés dans la zone neutre et ont ouvert le feu. « Nos forces de sécurité ont riposté et les soldats des FARDC se sont retirés », indique le communiqué. 

« Ici, il y a un corps d'un milicien tué et un élément FARDC a été blessé », ajoute Masumbuko président de la société civile du quartier Panzi. 

« Il y a un assaillant qui est mort et dans sa poche, il y a un jeton sur lequel il est écrit mouvement pour la libération. Un autre militaire a essuyé une balle sur le ventre, il est hospitalisé », témoigne un agent de la DGM à Ruzizi 2. 

La matinée, des habitants témoignent avoir vu des hommes armés en provenance du Rwanda aux abords de la frontière Ruzizi 2. 

« Ils étaient armés, ils ont tiré même des balles, des armes lourdes. Ils étaient visibles de deux côtés de la frontière. C'est comme s'ils provenaient de la rivière Ruzizi », ajoute une autre source. 

À Bukavu, un conseil de sécurité a été convoqué d’urgence. La communication congolaise est donc attendue. 

Les forces armées de la RDC (FARDC) ont dressé un bilan de deux morts dont un assaillant et un militaire après l'accrochage entre un groupe d’hommes armés et les FARDC. D’autres membres de ce groupe ont été capturés, selon la même source. 

Le soldat tué faisait partie d’éléments commis à la garde dans cette zone. Dans ce même communiqué, les FARDC disent être" surprises d'apprendre que le territoire Rwandais serait l'objet d'une quelconque attaque" de la part des forces congolaises. 

Les autorités du Sud-Kivu ont accusé le Rwanda d'avoir l'intention d'"attaquer" cette province de l'est de la République démocratique du Congo, après des coups de feu à la frontière qui ont provoqué de nouveaux échanges acrimonieux entre les deux pays. 

"Il s'agit là d'accusations notoirement mensongères", a répliqué, également dans un communiqué, le gouverneur du Sud-Kivu, Théo Ngwabidje.  

Selon lui, il s'est bien produit "un incident" au poste frontalier, mais il s'agissait d'une "altercation", avec "échange de tirs", entre d'une part des policiers et militaires congolais, d'autre part "une bande de criminels qui fuyaient". Il y a eu un mort et un blessé parmi les "bandits". 

"En aucun cas, les FARDC ont franchi la zone neutre, encore moins ouvert le feu en direction du Rwanda", affirme le gouverneur. 

Selon lui, "la tendance du Rwanda à vouloir se victimiser et créer des tensions, en alléguant des faits mensongers, révèle sans nul doute son intention de vouloir attaquer la province du Sud-Kivu, comme c'est le cas de la guerre d'agression qu'il mène au Nord-Kivu". 

Cet incident survient alors que les relations entre la RDC et le Rwanda se sont envenimées depuis la résurgence fin 2021 dans la province du Nord-Kivu, voisine du Sud-Kivu, de la rébellion du M23, soutenue par Kigali selon des experts de l'ONU et plusieurs pays occidentaux. 

La guerre est bel et bien présente entre la RDC et le Rwanda. La Communauté internationale continue de garder le silence en laissant Kigali faire comme bon lui semble dans le but de mettre en place la balkanisation du pays. 

À Bukavu, la société civile dénonce l’inaction des forces de la Communauté d’Afrique de l’Est et la balkanisation de la RDC. 

"Nous avons organisé cette ville-morte pour dénoncer l’inaction des forces de l’EAC'', nous explique Jackson Kalimba, le président de la société civile de la ville de Bukavu. 

Il ne décolère pas et estime que ces militaires n’ont rien fait jusque-là, ils n’auraient selon lui jamais combattu, que ce soit seuls ou aux côtés de l’armée congolaise. 

Mais ce qui l’inquiète le plus, c’est le soutien du Rwanda aux rebelles du M23 et ce qu’il considère comme une invasion. 

Jackson Kalimba estime que ceux qu’il appelle les ennemis de la RDC ont deux visées principales : le pillage systématique des ressources et le démantèlement du territoire, la fameuse balkanisation. 

Il rappelle le précédent de la guerre de 1998, lorsque les rebelles du Rassemblement congolais pour la démocratie, soutenus par le Rwanda, ont occupé l’est de la RDC. Aujourd’hui, l’incursion du M23 rappelle cette annexion. 

''Les Congolais n’ont jamais pensé à cette balkanisation. Les tenants de cette thèse, ce sont les étrangers et les multinationales qui sont derrière les groupes armés qui pullulent dans l’est de la RDC pour piller nos ressources naturelles à travers le Rwanda, l’Ouganda, quelques politiciens en mal de positionnement et quelques Congolais corrompus'' explique-t-il. 

Le révérend Eric Senga, porte-parole de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) partage le même avis que la société civile sur la présence des forces de la Communauté d’Afrique de l’Est. 

S’agissant de la balkanisation, il rappelle que déjà en 2019, l’église du Christ au Congo alertait les risques qu’elle prenne forme. 

''Au niveau de l’imaginaire collectif, voire des intellectuels, voire des religieux congolais, la balkanisation signifie la division du pays. Il est clair que le pays est menacé par plusieurs mouvements de groupes armés venant des pays voisins mais qui opèrent sur notre territoire. Il y a un risque pour nous c’est qu’ils veuillent éclater notre pays, lui faire perdre ses limites et ses frontières actuelles. Ici, l’intérêt est que le Congo reste un comme la Constitution du pays en son article premier, '' indique le porte parole de l’ECC. 

Patrice Lumumba mettait déjà en garde contre la balkanisation 

Car le risque de balkanisation, ou de scission du territoire, fait partie de l’histoire du Congo, rappelle le politologue Jean-Claude Mputu. Quelques mois après l’indépendance, la province du Katanga avait ainsi fait sécession et avait été suivie par le Kasaï. 

Le Premier ministre de l’époque, Patrice Lumumba, mettait alors en garde sur le fait que certaines personnes voulaient balkaniser le Congo. On sait aujourd’hui que la sécession katangaise était soutenue par la Belgique et les Etats-Unis. 

Cependant, dans le contexte actuel de la guerre des Kivus, le terme a tendance à revenir inlassablement. 

 ''Aujourd’hui, dans les Kivus en particulier, on voit toutes les ambitions exprimées par certains officiels rwandais sur le prolongement des territoires rwandais dans les Kivus. Il y a des gens à l’extérieur qui veulent balkaniser une partie du pays pour que le Congo ne soit pas dans ses frontières héritées de l’indépendance. Heureusement que d’une part il y a la loi, le droit de l’Union africaine qui reconnaît le peuple dans ses frontières héritées de la colonisation, mais surtout il existe un vrai sentiment aujourd’hui d’appartenance à une seule nation qui est la République démocratique du Congo dans toutes ses frontières, c’est-à-dire les 2.345.000 km2'' précise Jean-Claude Mputu. 

Ce projet de balkanisation date depuis longtemps, certes, mais il n’a jamais pu se mettre en place. 

Aucun congolais n’est prêt à laisser la RDC se morceler pour satisfaire les intérêts des grandes puissances de ce monde, qui continuent de garder le silence face à cette guerre provoquée par Kigali. Le peuple congolais est le seul à pouvoir sortir son pays d’une telle situation. L’histoire a toujours démontré que l’union fait la force ! 

Mali-Burkina-Guinée: “une seule Constitution pour tous” 

Le projet de fédération Mali-Guinée-Burkina est bénéfique pour les trois pays, car il permettra un effort commun face aux défis sécuritaires, estime Mamou Sidiki Camara, de la diaspora malienne en Guinée. Il propose d’adopter une Constitution commune. 

Le Premier ministre burkinabé a récemment proposé de créer une fédération qui inclut son pays, le Mali, ainsi que la Guinée. Alors que la CEDEAO a rejeté l’initiative, Mamou Sidiki Camara, secrétaire général du conseil supérieur de la Diaspora malienne en Guinée, prône cette union dans les délais les plus courts. 

“Tout devrait être fait depuis longtemps pour que ces pays-là soient ensemble, pour qu’on ait qu’une seule fédération, pour qu’il y ait une seule gouvernance et pour qu’il y ait eu une seule prise de décision commune”, avance-t-il. 

Il rappelle que le projet de fédération ne date pas d’hier et que les trois pays ont des similitudes ethniques et socioculturelles. “Certainement, on a un avenir commun”, lance le responsable. 

Si le Burkina Faso et la Guinée renforcent leurs puissances militaires, comme l’a fait le Mali avec le soutien russe, la future fédération n’aura pas besoin d’une présence étrangère, considère Mamou Sidiki Camara. 

Concernant le Mali, il rappelle que c’est la Russie qui a “donné vraiment un élan extraordinaire à l’armée malienne”. Grâce à cette aide, le pays “aujourd’hui prétend être parmi les 5 à 4 premières puissances militaires de l’Afrique de l’Ouest”. 

“Imaginer un Burkina Faso aussi puissant et une Guinée aussi puissante [que le Mali actuellement], je crois que nous n’aurions pas besoin de troupes étrangères sur notre sol pour venir nous dicter ce que nous devons faire, comment nous devons nous comporter”, juge le responsable de l’association de la diaspora malienne en Guinée. 

Il critique la CEDEAO, communauté de 15 États de l’Afrique de l’Ouest, qui fait la promotion de la coopération économique et de l’intégration avec l’objectif de créer une union économique et monétaire ouest-africaine. Mamou Sidiki Camara qualifie l’organisation de “club d’amis, de copains Présidents”. 

Pour lui, la prise du pouvoir des gouvernements de transition dans les trois pays témoigne d’”une volonté des peuples de changer de gouvernance”, tandis que “la CEDEAO a pris des mesures de rétorsion contre ces trois pays”. Membres de cette organisation, ces trois pays restent suspendus de toutes les instances de décision de la CEDEAO suite aux prises de pouvoir par des militaires. Ainsi, la Guinée a été suspendue en septembre 2021, le Mali et le Burkina Faso en janvier 2022. 

“Nous avons compris que ces réunions et ces décisions prises ne concernent en rien le peuple vivant dans la zone CEDEAO, donc une fédération doit être faite aujourd’hui, j’en suis convaincu, et avec les militaires à la tête”, insiste-t-il en proposant également de “faire une seule Constitution pour tous”. 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV