Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
1. RDC : la population attaque encore la Monusco !
La MONUSCO déplore l’attaque de son convoi, ce mardi 6 septembre 2022 à Beni, dans la province du Nord-Kivu.
Des manifestants ont jeté des pierres sur le convoi de la Mission onusienne alors qu'il revenait d’une patrouille. Des tirs de sommation ont permis de se frayer un chemin, précise un communiqué.
Une personne a malheureusement perdu la vie. Une enquête conjointe avec les autorités congolaises permettra de déterminer les circonstances de ce décès regrettable que beaucoup de témoins imputent aux soldats de la Monusco, suite à ces fameux tirs de sommation.
Par la même occasion, la MONUSCO réitère sa détermination à poursuivre son mandat d’appui aux Forces nationales de défense et de sécurité pour la protection des civils en RDC.
La Mission onusienne en République démocratique du Congo (MONUSCO) s’est alarmée à plusieurs reprises du regain de violences à Butembo, dans l’Est congolais, où des membres des forces de sécurité sont victimes des violences.
"La MONUSCO condamne vigoureusement le regain de violences à Butembo et exprime sa solidarité aux autorités congolaises à la suite de l’assassinat d’agents des forces de défense et de sécurité et des membres de la population civile dans la ville", souligne la mission dans un communiqué publié, vendredi soir.
La Mission se dit "extrêmement préoccupée par l’hostilité grandissante, et déplore également les "nombreux actes de vandalisme constatés sur place".
Ville des affaires, Butembo, avec environ deux millions d’habitants, est secouée par des violentes manifestations contre la présence néfaste de la Monusco. D’ailleurs, ces manifestations se sont soldées par de lourdes pertes en vies humaines. Plusieurs dizaines de civils sont morts dans des manifestations populaires contre la présence onusienne, en juillet dernier.
2. Le retour de la Russie en Afrique : surprise ou processus parfaitement logique?
Par Mikhail Gamandiy-Egorov
Si pour de nombreux analystes hostiles aux réalités issues de la multipolarité, le retour de la Russie sur le continent africain s’est réalisé sur une base prétendument opportuniste, la réalité démontre plutôt que les liens entre les deux parties ne s’étaient jamais réellement arrêtés et ne demandaient qu’à être fortement réactivés et développés.
Alors que dans les événements contemporains, l’Occident collectif avait tout fait pour isoler la Russie sur l’arène internationale, il devient aujourd’hui évident que dans le monde non-occidental – représentant l’écrasante majorité de l’humanité – ces tentatives ont connu un échec flagrant. L’Afrique représente en ce sens l’un des meilleurs exemples.
En effet, ni les visites récentes des hauts représentants occidentaux, ni les pressions et les innombrables intimidations, n’ont pu convaincre la large partie des Etats africains de se détourner du partenariat avec Moscou. Confirmant l’impuissance des régimes occidentaux.
De manière générale, le plein retour de la Russie sur le continent africain était largement attendu aussi bien au sein des leaderships de plusieurs pays du continent, que de la société civile se revendiquant du panafricanisme. Cela n’était d’ailleurs guère surprenant sachant qu’au-delà de ne pas posséder de passé colonial en Afrique, la Russie durant la période soviétique avait largement contribué à soutenir les Etats africains dans leur lutte pour l’indépendance et dans les processus ayant suivi l’obtention des indépendances vis-à-vis des puissances coloniales occidentales.
S’ajoutent à cela des milliers de cadres africains formés en URSS, puis en Russie, et le rejet de la politique occidentale – aussi bien à l’encontre du continent que plus généralement dans le cadre des affaires internationales. Y compris après les interventions néocoloniales dans plusieurs pays du continent, parmi lesquelles la destruction de la Jamahiriya libyenne de Mouammar Kadhafi, avec comme résultat non seulement la fin d’un des Etats les plus prospères et stables du continent, mais également la création d’une large zone d’instabilité et de terrorisme au-delà des frontières libyennes, notamment dans le Sahel.
Fait marquant, si le retour de la Russie en Afrique a été marqué par une réactivation relationnelle depuis ces dernières années avec des Etats qui étaient des alliés et partenaires historiques durant la période soviétique, de nouvelles pages se sont ouvertes avec des pays dont les relations étaient relativement peu développées et qui se trouvaient longtemps sous la coupe occidentale. L’exemple de la République centrafricaine ne fait d’ailleurs que le confirmer.
Le premier Sommet Russie-Afrique de Sotchi d’octobre 2019 avait par la même occasion non seulement officiellement replacé le continent africain au centre des priorités de la politique extérieure russe, mais également et plus globalement encore – au centre du concept multipolaire mondial.
Aujourd’hui et plus que jamais l’Afrique, ou du moins sa large partie, comprend les enjeux et les défis auxquels il sera nécessaire de faire face – afin de tourner définitivement la page du néocolonialisme et du sous-développement. Un sous-développement qui n’a pas lieu d’être alors que le continent dispose de tous les atouts nécessaires pour prendre définitivement son envol.
Il est également devenu plus que jamais clair que dans le monde non plus seulement multipolaire, mais également post-occidental – qui se profile, les ressources naturelles seront la clé du nouveau système international. Et dans ce cadre-là, ceux qui n’en disposent pas tout en abordant une posture ouvertement arrogante – devront s’adapter aux nouvelles règles du monde contemporain.
Ainsi, la relance au plus haut niveau des relations russo-africaines, aussi bien anciennes que nouvelles, représente un processus parfaitement naturel, et ce pour les deux parties. Si de l’avis des régimes occidentaux cela n’est pas le cas – à dire vrai leur avis compte peu, pour ne pas dire du tout.
3. Le Mali relance un nouveau G5 Sahel ?
Le cercle des coopérations du Mali avec le reste du monde continue de s’agrandir. Après les dernières coopérations qui se sont mises en place notamment avec l’Iran et l’Algérie, la coopération avec le voisin mauritanien s’élargit.
Le ministre de la Défense nationale, Hanena Ould Sidi et le ministre malien de la Défense et des anciens combattants, Sadio Camara, ont présidé, dimanche après-midi, à Nouakchott, une séance de travail conjointe entre les deux délégations mauritanienne et malienne, et ce dans le cadre de la visite de travail qu’a entamée le ministre malien dans le pays.
Dans un mot prononcé pour la circonstance, le ministre de la Défense nationale a indiqué que les relations qui lient le Mali à la Mauritanie sont séculaires et reposent tant sur l’histoire que sur la géographie.
Il a ajouté que c’est pourquoi “notre responsabilité est grande et nous impose de coordonner étroitement nos efforts pour préserver et inscrire notre action dans la durée”. C’est sur ce socle, a-t-il poursuivi, ” que le Président de la République, Chef suprême des Forces armées, Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, fait résolument le choix de soutenir le peuple malien chaque fois que les incertitudes, les contraintes et les épreuves du moment le nécessitent.
“Nous situant dans une zone de rupture sécuritaire, rendue au quotidien plus difficile et plus aléatoire, nous devons nous imposer une ligne de conduite qui permet de renforcer la coopération entre nos différentes structures engagées dans la lourde mission de la défense et de la sécurité nationales”, a encore dit le ministre.
Il a précisé “que la fréquence des concertations tant au niveau politique qu’au niveau de nos institutions respectives spécialisées doit être élevée non seulement au rang de mode d’administration directe mais surtout au rang de valeur référentielle.
Il s’est enfin dit convaincu que le G5 Sahel est le cadre institutionnel plus approprié pour la coordination de nos efforts en matière de politique de développement et de sécurité.
La rencontre s’est déroulée en présence du secrétaire général du ministère de la Défense nationale, le général de brigade, Souleimane Ould Abouda, de l’adjoint du Chef d’état-major général des armées, le général de brigade Habiboullah Ahmedou et de l’ambassadeur du Mali en Mauritanie, SEM. Mohamed Debassi, en plus des membres des deux délégations.
Et pour avoir pleinement le droit de profiter de ces coopérations avec ses pays voisins, mais également avec l’Iran et la Russie, il faudrait que les sanctions, qui n’ont plus lieu d’être encore présentes, soient entièrement levées.
"L’une des priorités majeures du gouvernement de transition reste l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles en vue du retour à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé dans le délai de 24 mois" à compter de mars 2022, a déclaré le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, devant un groupe créé par l'Union africaine sur le Mali en 2020, après le premier putsch des colonels.
L'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont suspendu le Mali une première fois après le putsch de 2020, puis à nouveau après un second coup de force en mai 2021. Les tensions se sont atténuées quand les militaires se sont engagés sous la pression à organiser des élections en février 2024. La Cédéao a alors levé de sévères sanctions financières et commerciales infligées en janvier 2022.
Mais la suspension du Mali des organisations africaines est restée en vigueur, de même que des sanctions individuelles prises par la Cédéao fin 2021 contre quelque 150 membres du gouvernement.
"Les avancées indéniables réalisées par le gouvernement malien ainsi que son engagement et sa détermination manifeste à poursuivre cette dynamique positive plaident incontestablement pour un examen favorable de notre requête en faveur de la levée de la mesure de suspension de mon pays des instances de l’Organisation continentale" (l'UA), a estimé M. Diop.
Quant à la Cédéao, il a salué une "normalisation progressive" tout en qualifiant les sanctions encore en vigueur d'"entraves". "Le gouvernement du Mali demande la levée de ces mesures afin de favoriser une pleine coopération avec tous les partenaires", a-t-il dit devant le groupe de suivi et de soutien à la transition au Mali.
Il semblerait que le Mali soit en train de lancer l'ossature d'une vraie structure interafricaine comprenant donc le Mali, la Mauritanie, l’Algérie, le Togo et le Burkina Faso ? Ces pays ne font que renforcer leur alliance ensemble et vu le danger du terrorisme et des Occidentaux dans la région, il se pourrait que cette alliance donne naissance à un nouveau “G5 Sahel” avec en tête cette fois-ci le Mali et non plus la France.