Le satellite iranien Khayyam a été lancé et mis en orbite ce mardi 9 août 2022 depuis la station spatiale Baïkonour au Kazakhstan. En raison de son poids important (600 kg), son lancement a été pris en charge par l'Agence spatiale russe à l'aide de la fusée Soyouz.
Le satellite Khayyam n'est pas le premier satellite iranien lancé par la Russie ; en 2005, le satellite Sina-1 avait également été lancé par l'Agence spatiale russe.
Une heure après le lancement, Khayyam s'est séparé du missile porteur et s'est installé sur une orbite circulaire à une distance de 500 km de la Terre.
Des sources officielles iraniennes affirment que les données transmises par le Khayyam sont utilisées à des fins civiles, telles que l'amélioration de la productivité dans l'agriculture, la surveillance des ressources en eau du pays, la gestion des risques naturels, la surveillance des changements d'utilisation des terres, les constructions illégales, la lutte contre la déforestation, la surveillance des risques environnementaux, des mines et des explorations minières et des frontières du pays.
Le journal libanais Al-Akhbar, citant des sources bien informées, rapporte qu’en raison de la vitesse du satellite, qui est égale à la vitesse de déplacement de la Terre, le Khayyam est capable de se concentrer et de prendre des photos à haute résolution. Il permet donc le renforcement des capacités du pays dans les domaines militaires, de la surveillance et du contrôle des sites sensibles, entre autres les installations militaires israéliennes et les bases américaines au Moyen-Orient.
De son côté, Issa Zareepour, le ministre iranien des Communications et des Technologies de l'information, qui était présent au cosmodrome de Baïkonour, a considéré l'événement comme un tournant dans la coopération spatiale entre les deux pays.
Pour sa part, Yury Borisov, directeur général de l'Agence spatiale fédérale russe Roscosmos, a également qualifié le lancement du Khayyam d'étape historique dans les relations entre l'Iran et la Russie.
Moscou et Téhéran ont établi une étroite coopération au cours des dernières années et ont récemment exprimé leur intention d'accroître cette coopération face aux sanctions occidentales. La coopération stratégique entre les deux pays, notamment dans les domaines militaire et spatial, n'est pas du goût de l'Occident. Les États-Unis et leurs alliés accusent l'Iran de travailler au développement de son programme de missiles et spatial qui contreviendrait aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.
Al-Akhbar indique que « le lancement du satellite Khayyam, sur fond de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, accroît l'inquiétude de l'Occident. Il craint que Moscou ne l'utilise à des fins militaires contre Kiev. Allégation qui a été rejetée par l’Iran. »
Le Chef de l'Agence spatiale iranienne, Hassan Salarieh, s’est exprimé ce mercredi 10 août lors d’une conférence de presse tenue au sujet du lancement du satellite Khayyam. Il aprécisé qu'à l’heure actuelle, les données satellitaire transmit par Khayyam sont collectées à quatre reprises par jour : « En raison de l'immensité du pays, des données sont collectées à partir de ce satellite quatre fois par jour. »
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Les données transmit par le satellite sont reçues via la station de Mahdasht, a-t-il ajouté. Les experts iraniens travaillent pour équiper les stations existantes et mettre en place de nouvelles stations à travers le pays pour recevoir les données satellitaires. Aussi, une station mobile sera également conçue à cet égard.
Affirmant que le besoin actuel du pays dans le domaine de la mesure est un spectre d'un mètre, Salarieh a déclaré : « L'industrie spatiale iranienne a commencé à développer cette industrie il y a deux décennies. Elle a maintenant acquis le savoir-faire technique pour fabriquer des capteurs de 5 à 10 mètres. »
Le chef de l'Organisation spatiale iranienne a ajouté : « Compte tenu du besoin actuel du pays en capteurs d'une précision d'un mètre ou moins, et d'autre part, des sanctions empêchant une communication ouverte avec le monde, la conception et la fabrication du satellite Khayyam était une nécessité. »
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La fabrication locale des spectromètres de 8 à 4 et de 5 à 2 mètres et enfin de 1 mètre et moins sont actuellement à l'ordre du jour de l'Organisation spatiale iranienne.
Il a également fait part des prochains projets de l’Organisation d'envoyer des êtres vivants dans l'espace. « Nous avons un plan de 10 ans et nous examinons la question de la vie dans l'espace... Notre approche sera beaucoup plus scientifique... »