Actualité en Afrique :
-Energy Capital & Power : le président de l’UA et président du Sénégal Macky Sall ouvriront la conférence
-Le parti de l’ex-président Kaboré dénonce son « embastillement »
-Le Gabon interdit une marche contre la présence militaire française dans le pays
- La Turquie livre six drones Bayraktar TB2 au Niger
Analyses de la rédaction :
1. RCA : un pas de plus vers la fin du FCFA
En Centrafrique, un mois après avoir fait du Bitcoin une monnaie légale, la Centrafrique étend l’adoption de la finance numérique en lançant un hub d’investissement en cryptomonnaies reconnu par le Parlement.
La présidence de la République centrafricaine a annoncé, dans un communiqué publié dans la soirée du lundi 23 mai, le lancement imminent d’un « centre d’investissement légal » en bitcoins, le premier du genre en Afrique.
Baptisée « SANGO », cette plateforme d’investissement en bitcoins sera bientôt lancée officiellement, a-t-on précisé de même source.
« L’économie formelle n’est plus une option. Une bureaucratie impénétrable nous maintient coincés dans des systèmes qui ne donnent aucune chance d’être performants. La solution était de repenser notre philosophie économique », a déclaré le président Faustin-Archange Touadéra, cité dans le communiqué.
« Le projet SANGO va au-delà de la politique et de l’administration. C’est un nouveau mode de gouvernance économique et un vecteur pour les investissements numériques alternatifs, présentant un risque minimal et une grande fluidité et adaptabilité spécifiques à la nouvelle ère numérique dans laquelle le monde se trouve aujourd’hui », a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Aucun détail n’a été révélé sur la date d’ouverture du centre d’investissement ou son mode de fonctionnement. Il dispose d’un site Web sur lequel les investisseurs intéressés peuvent s’inscrire sur une liste d’attente.
La Centrafrique est devenue en avril dernier, le premier pays d’Afrique et seulement le deuxième au monde (après le Salvador) à adopter le Bitcoin comme monnaie officielle, malgré les mises en garde du Fonds monétaire international (FMI).
La Commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC), l’institution à travers laquelle la Banque centrale commune aux pays de la CEMAC (BEAC) régule les activités de banque, avait alors rappelé qu’il est « interdit de convertir, de régler ou de couvrir en devise ou FCFA, les transactions relatives aux cryptomonnaies ou ayant un lien avec celles-ci ».
Difficile pour ce genre d’institution de se faire entendre, surtout que maintenant tout le monde sait pertinemment qu’elle suit la ligne que lui impose des pays comme la France.
Le FCFA est nettement en danger maintenant, les nombreuses transactions financières peuvent maintenant se faire sans que le Trésor public français ne touche pas sa part. Le FCFA est actuellement en très mauvaise posture, et comme toujours, ce qui fait peur à la France, c’est que cette initiative peut se propager rapidement dans tous les pays concernés, surtout que le sentiment anti-français des populations africaines augmente et se propage assez rapidement. Et pourtant, ce n’est qu’un début !
2. Le fossé croissant entre l’Afrique et l’Occident
Les tentatives occidentales incessantes de tenter à vouloir dicter l’avenir aux pays africains continuent de donner bien souvent l’inverse du résultat escompté. Si les divorces ont été déjà engagés, ou en voie de l’être, entre l’Occident et plusieurs leaderships africains – dans le cas de la société civile le stade supérieur de la rupture semble déjà avoir été atteint.
Alors qu’un sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) aura lieu les 25 et 26 mai prochains, qui sera consacré à la lutte contre le terrorisme et aux changements anticonstitutionnels en Afrique, et que les USA souhaitent adopter une nouvelle loi visant à surveiller et combattre la présence russe sur le continent, les perspectives occidentales continueront vraisemblablement dans le sens de la dérive et de la chute.
En ce qui concerne les prétendus changements « anticonstitutionnels », au-delà d’une interprétation très particulière du côté occidental et de ses acolytes y compris en Afrique, selon si cela se déroule sur le continent africain, ou… par exemple dans un certain pays d’Europe de l’Est, le fait est qu’il est admis que c’est aujourd’hui un sujet cher aux élites occidentales, ainsi qu’aux sous-traitants locaux. Le cas du Mali fait effectivement aujourd’hui trembler les bureaux des capitales occidentales et de certains pays africains.
Des militaires patriotes à l’écoute des aspirations populaires de masse, le tout dans une vision panafricaine et pro-multipolaire – représentent effectivement un mélange que les Occidentaux veulent absolument éviter –, car le cas malien aura déjà démontré que les valeurs de la vraie dignité ne sont pas achetables. Les pressions, intimidations et sanctions en tout genre – n’auront pas aidé non plus les objectifs des gouvernements occidentaux et africains soumis à la volonté occidentale.
En parlant justement des pressions et sanctions, Washington semble désormais vouloir passer à l’étape supérieure aux côtés de ses supplétifs européens, dont la France, le tout en vue de vouloir punir les leaders et gouvernements africains qui collaboreraient avec « le mauvais partenaire ». Évidemment pas très démocratique tout cela, purement dictatorial, mais si propre à ce que l’Occident – surtout à la vue des événements récents – représente réellement.
Le souci pour de telles initiatives c’est qu’en sanctionnant des leaders et gouvernements africains – largement populaires auprès des populations d’appartenance et très souvent même au-delà des frontières des pays en question – l’establishment atlantiste aura alors à faire face à des dizaines et même des centaines de millions de citoyens du continent – déjà pour de nombreux d’entre eux fort hostiles aux schémas et politiques de l’Occident.
Dans un récent sondage mené sur la page Telegram de la chaîne Afrique Média – la télévision panafricaine – à la question posée : qui représente une menace pour la sécurité de l’Afrique – 89 % des personnes ont répondu que c’est l’Occident. Par ailleurs, dans un autre sondage toujours en cours, à la question « lequel des leaders africains vous inspire le plus », le colonel Assimi Goïta – président du Mali est pour le moment largement en tête avec 86 % des votes… Très révélateur des sentiments régnants et observés depuis de longues années sur le grand continent africain.
Face à cette réalité, la politique arrogante et irresponsable des nostalgiques de l’unipolarité risque non seulement de faire perdre, à terme, à l’Occident l’accès aux matières premières dont on connaît désormais, et plus que jamais, l’énorme besoin. Et de l’autre pousser les populations africaines, et notamment la jeunesse, à fermer définitivement la porte à tout dialogue ultérieur.
Certains observateurs en Afrique se demandent d’ailleurs s’il s’agit d’un problème de capacités intellectuelles chez les décideurs occidentaux. En partie certainement. Mais le principal étant un problème vraisemblablement génétique au niveau de ceux qui dirigent l’Occident – transmettant de génération en génération l’idée qu’ils possèdent le droit de vie et de mort sur l’écrasante majorité de la population terrestre, et qui n’est autre que la population non occidentale.
Et si nombreux dans le camp atlantiste pensent que cette arrogance héréditaire leur permettra de limiter les dégâts et les casses, la réalité démontre plutôt qu’ils ne font, eux-mêmes, qu’accélérer leur chute. En ce sens, cela arrange parfaitement les objectifs des panafricanistes et des partisans de l’ère multipolaire actuelle.
Mikhail Gamandiy-Egorov
3. Au Mali, Washington s’invite à la danse contre la Russie
Les États-Unis ont accusé mardi la Russie de renforcer sa campagne de « désinformation » au Mali, affirmant qu’elle tentait de détourner l’attention des présumées « atrocités » commises par les soldats russes.
Depuis le début de la réduction de la présence militaire française au Mali, des responsables occidentaux pressent pour que le pays ne se tourne pas vers la Russie, dont les soldats sont prétendument soupçonnés d’exactions en Libye, en Centrafrique ou en Syrie. Dans un rapport, le département d’État a déclaré que le fameux groupe « Wagner profite des circonstances agitées, en utilisant la désinformation » pour favoriser la Russie. Suite à cela, les campagnes de désinformations se sont multipliées par les médias occidentaux contre l’Afrique, laissant une traînée de mensonges sur de prétendues violations des droits humains, pourtant très peu respecter par les Occidentaux eux-mêmes. « Alors qu’un nombre croissant de rapports fallacieux prétendent que des atrocités auraient été commises au Mali depuis 2021 par la Russie, et que par sa propagande et sa désinformation, Moscou continuerait de diffuser de faux récits pour détourner l’attention et éviter toute responsabilité », précise le rapport.
Le département d’État accuse la Russie de propager la ligne officielle des autorités maliennes, qui affirment que ses troupes ont neutralisé des terroristes à la solde des puissances occidentales en mars dans le village de Moura. Alors qu’à de nombreuses reprises l’État-major des armées maliennes avait déclaré qu’il n’y avait pas de soldats russes présents lors de l’opération militaire et que c’était bien des terroristes qui ont été neutralisés et non des civils. Ce que Washington et ses alliés européens n’ont visiblement pas encore compris, c’est qu’il n’est pas nécessaire pour la Russie de lancer une campagne de désinformation contre les Occidentaux en Afrique. Les soulèvements des peuples ne se sont pas fait grâce à une pseudo campagne de désinformation, mais plutôt, suite à un ras-le-bol généralisé des politiques néocolonialistes des occidentaux. Ce qui fait que Washington peut se tuer à la tâche pour lancer toutes les campagnes de désinformations qu’il veut, les Africains ne tombent plus dans ces pièges.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé la France d’avoir une « mentalité coloniale » vis-à-vis du Mali, affirmant que le groupe Wagner était présent dans ce pays sur une « base commerciale ». La bataille pour l’influence en Afrique se produit alors que les relations entre les Occidentaux et la Russie se sont fortement détériorées en raison de son opération militaire en Ukraine.
Outre la surveillance des activités malveillantes présumées du gouvernement russe et de ses mandataires, un projet de loi aux USA prévoit des sanctions contre les gouvernements et fonctionnaires africains qui facilitent ou contribuent à de telles activités.
Le Sénat américain, la Chambre haute du Parlement des États-Unis, vient d’entamer l’examen du projet de loi relatif à la lutte contre "les activités malveillantes de la Russie" en Afrique (Countering Malign Russian Activities in Africa Act). Le texte qui a été adopté par la Chambre des représentants le 27 avril dernier, à une écrasante majorité de 419 voix, définit ces activités comme étant celles qui « sapent les objectifs et les intérêts des États-Unis ».
Le projet de loi stipule que le secrétaire d’État américain devra élaborer une stratégie décrivant les efforts des USA pour contrer l’influence et les activités malveillantes de la Fédération de Russie et de ses mandataires en Afrique.
En premier lieu, le gouvernement américain voudra « surveiller de très près les opérations d’influence politique et de désinformation russes ainsi que les activités des compagnies de sécurité privées russes ou financées par la Russie en Afrique ».
Cette surveillance doit également s’étendre à d’autres « mandataires du Kremlin tels que des oligarques proches du président Vladimir Poutine, des entrepreneurs financés par le gouvernement russe, et d’autres individus et entités financièrement ou politiquement associés à la Russie qui manipulent les gouvernements africains ainsi que les opinions publiques et les préférences de vote des populations africaines et des groupes de la diaspora, y compris ceux des USA ».
Les personnes ou entités proches du Kremlin qui « réalisent des investissements ou contrôlent de toute autre manière des secteurs stratégiques en Afrique comme l’exploitation des ressources naturelles, les bases militaires, les programmes de coopération dans le domaine de la sécurité en matière et les technologies de l’information et des communications » seront aussi dans le viseur de Washington.
Des outils de soft Power devraient par ailleurs être mis à contribution pour réduire l’influence grandissante de la Russie sur le continent. Le projet de loi propose en effet de « contrer l’influence de Moscou par le biais des programmes d’aide appropriés des USA » et de mener des actions sur le terrain en Afrique pour « renforcer les institutions démocratiques, consolider la transparence et la responsabilité du gouvernement, améliorer les normes relatives aux droits de l’homme, au travail, aux initiatives de lutte contre la corruption, à la transparence fiscale, surveiller les ressources naturelles et les industries extractives, et d’autres principes de bonne gouvernance ».
Cette stratégie de soft Power sera combinée au hard Power. Le texte prévoit de « tenir les gouvernements africains ainsi que leurs fonctionnaires et autres individus ou entités complices de la violation ou de la facilitation de l’évasion des sanctions américaines contre la Russie, et ses mandataires responsables de leurs actes, par le biais de sanctions ou d’autres restrictions ».
Le président de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, Gregory Meeks, a expliqué que le projet de loi est « conçu pour contrecarrer les efforts du président russe Vladimir Poutine visant à piller, manipuler et exploiter les ressources de certaines régions d’Afrique pour échapper aux sanctions et saper les intérêts des USA ».
Il a également qualifié le texte de « bénéfique à l’Afrique » dans la mesure où il protège, selon lui, « tous les innocents qui ont été victimes des mercenaires et des agents de Poutine, accusés de manière crédible de violations flagrantes des droits de l’homme en Afrique », en allusion aux accusations de violations de droits de l’homme qui pèsent sur les « mercenaires » de la compagnie privée russe de sécurité Wagner en République centrafricaine et au Mali.
Mais certains dirigeants africains estiment que les objectifs des États-Unis vont au-delà de la réduction de l’influence russe sur le continent et de la « protection des États fragiles d’Afrique », selon les termes de Gregory Meeks.
« Il est évident que les États ne sont pas satisfaits de la façon dont tant de pays africains ont voté à l’Assemblée générale des Nations unies et de leur position relativement non alignée (…) Proportionnellement à d’autres régions, un plus grand nombre d’États africains n’ont pas soutenu la résolution de l’Assemblée générale du 3 mars, qui condamnait la guerre en Ukraine. 27 pays africains ont voté pour cette résolution. Un seul - l’Érythrée - a voté contre, tandis que 17 se sont abstenus, et les autres étaient absents », souligne Peter Fabricius, consultant à l’Institut des études pour la sécurité (ISS Africa) basé en Afrique du Sud, au Kenya, en Éthiopie et au Sénégal.
Non seulement, les occidentaux veulent prendre le contrôle total des médias à travers le monde pour pouvoir faire avaler n’importe quoi aux populations, mais en plus ils comptent maintenant faire payer les pays africains pour avoir fait comprendre que le conflit en Ukraine n’est pas une guerre qui concerne l’Afrique, et que le continent à beaucoup d’autres problèmes à gérer comme le terrorisme. Les États-Unis auraient très bien pu financer et envoyer des armes aux pays africains en proie au terrorisme comme ils l’ont fait pour le régime de Kiev, mais au lieu de cela, c’est à coup de sanctions qu’ils comptent aider l’Afrique dans cette lutte acharnée. De plus avant de tenir de tels propos encore une fois dénigrants à l’encontre de l’Afrique et du peuple africain, il serait évidemment grand temps que les États-Unis et leurs alliés occidentaux soient jugés et punis pour les nombreux civils qu’ils ont assassinés à travers le monde, pour seulement défendre leurs propres intérêts. Et au passage, les Africains peuvent très bien s’exprimer seuls sans forcément suivre une campagne de désinformation lancée par un tiers.
Il serait vraiment temps pour l’Afrique de s’unir une bonne fois pour toutes pour montrer aux Occidentaux ce que représente réellement l’Afrique et surtout son peuple. Les soulèvements des populations africaines doivent continuer, car à chaque manifestation, c’est l’Occident qui tremble.