Plus d'un observateurs verraient à travers les pourparlers de démarcation des frontières Israël/Liban, une tentative d'imposer au Liban, l normalisation. Cette tentative a une première fois échoué, neutralisée par le Hezbollah quand ce dernier a appelé l'Iran à envoyer ses pétroliers livrer du mazot aux Libanais, soumis à un impitoyable embargo US/Golfien. L'affaire a choqué US/Israël et l'a poussé à faire de vrai fausse offres genre le transit du gaz égyptien vers la Jordanie puis de la là via le territoire syrien vers le Liban, projet qui a fait trop de bruit mais qui s'est avéré in fine une arnaque de plus. Que fait le Hezbollah pour briser la seconde tentative US pour arracher une normalisation au Liban au nom de solution à un litige gazier offshore? Dans son discours d'hier soir, Nasrallah a jeté une grosse pavée dans la marre évoquant des négociations en coulisse avec les Russes qui sont prêts à investir sans demander un sou dans le secteur gazier libanais. C'est significatif au moment où la Russie vient de passer sous les sanctions US , que son gaz et pétrole pourrait être coupé en Europe et où les Russes lient même les sanctions qui les visent aux pourparlers nucléaires à Vienne.
Que se passe-t-il du côté US/Israël? Des sources d'information ont fait état d'une offre secrète des États-Unis au Liban sur la démarcation de la frontière maritime avec la Palestine occupée, selon laquelle le Liban devrait renoncer à une grande partie de sa richesse maritime. Alors que les désaccords règnent au Liban sur la modification de la démarcation des frontières maritimes entre ce pays et la Palestine occupée, Les responsables libanais ratent toutes les occasions d'exploiter la richesse maritime du pays, ce alors que le régime sioniste continue d'explorer au large de la zone contestée avec le Liban.
Au milieu de la guerre russo-ukrainienne, les Américains semblent avoir trouvé l'occasion de conclure un accord de compromis indirect entre le régime sioniste et le Liban, sur la démarcation des frontières maritimes entre les deux camps. Le médiateur américain Amos Hochstein, chargé du dossier de la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et la Palestine occupée a fait une offre confidentielle aux responsables libanais par l'intermédiaire de l'ambassadrice américaine Dorothy Shea, à Beyrouth.
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Sur ce fond, le Liban peut excaver dans le bloc 23 des zones contestées avec Israël et ce dernier se retirera du champ Cana. Le Liban, en revanche, devra se retirer de la partie ouest du champ, ainsi que de la région sud-ouest de la ligne 23, réduisant ainsi sa part dans la zone contestée même moins des 860 km initialement mentionnés.
Le Liban doit renoncer à une grande partie de sa vaste richesse en échange de l'accès au champ de Cana, qui n'a pas été exploré jusqu'à présent et la quantité de richesse maritime enfouie dans le champ n'est pas définie.
Le régime sioniste a insisté dès le début sur un accord dans la zone contestée, et avait précédemment commencé le forage et l'exploration dans la zone sud-ouest de la ligne 23, qui appartient au Liban. Les données montrent qu'Israël a mené une enquête géologique bidimensionnelle dans les territoires maritimes de la Palestine occupée et du Liban en 2008 et il a depuis insisté pour occuper les zones ouest et nord-ouest du champ gazier de Karish. En conséquence, il semble que le régime sioniste a obtenu des cartes qui localisent davantage de réserves de gaz dans la région.
La partie américaine attend une réponse des autorités libanaises après avoir présenté la proposition à Beyrouth. Les responsables libanais ont mis en place un comité présidentiel pour examiner la proposition. Pendant ce temps, le régime sioniste continue l'opération de forage dans la zone contestée, quel que soit le processus de négociations indirectes avec le Liban. Pour cette raison, certains pensent que toute action libanaise sera inefficace à l'avenir car des accords ont été conclus entre le régime sioniste et une société grecque pour l'exploration dans la zone contestée, en particulier sur le champ gazier de Karash. Il est prévu que Tel-Aviv sera prêt à produire du gaz à partir de ce champ au cours du dernier trimestre de l’année en cours.
Réaction du Hezbollah
Evidemment la réaction du Hezbollah n'a pas tarder : Deux de ses députés, Mohammad Raad et Hussein Hajj Hassan, ont descendu la médiation menée par les Etats-Unis pour que les pourparlers indirects entre Beyrouth et le régime de Tel-Aviv sur la délimitation de leur frontière maritime aboutissent. Les deux l’ont jugée préjudiciable pour le Liban.
« Notre gaz restera enfoui dans nos eaux et nous empêcherons Israël d’accéder à une goutte de cette eau », a déclaré Mohammad Raad, tandis que son collègue, Hussein Hajj Hassan, accusait Washington de ne pas vouloir laisser le Liban extraire son gaz, dénonçant un cahier des charges américain agressif. Le député du Hezbollah, Mohammad Raad s’est adressé en ces termes aux dirigeants israéliens : « Sachez que personne n’exploitera notre gaz avant que nous le fassions en premier, et nous l’utiliserons à notre guise. »
Il a blâmé les États-Unis pour l’effondrement du système bancaire et des institutions économiques au Liban, appelant à "la construction d’un pays selon les critères de son propre peuple". A son tour, Hussein Hajj Hassan a fustigé les Etats-Unis qui "exercent des pressions sur le Liban pour lui interdire de lancer la prospection gazière offshore".
« Nous disons aux Américains que nous ne sommes pas faibles et que nous rejetons le cahier des charges politiques qu’ils associent à leurs pressions pour nous empêcher d’extraire nos ressources gazières et pétrolières. Ce cahier des charges politique est agressif pour le Liban. Les Américains affament le Liban et continuent de le faire », a-t-il dénoncé. Pour le député du Hezbollah, le médiateur américain n’est pas honnête parce qu’il est le parrain d’Israël. « Il ne va pas changer et il ne sera jamais aux côtés du Liban. Il vient dans le pays pour exercer des pressions sur les Libanais et leur dicter ses conditions politiques (….) auxquelles nous ne nous soumettrons pas », a-t-il affirmé.
Mais ces réactions restent limitées par rapport à la méga pavée de Nasrallah jetée hier soir dans la marre. Qu'a-t-il dit?
"Au moment où les prix du pétrole flambent…, entendez cette histoire. Depuis un an et demi, quand nous avons appelé à diriger le Liban vers l’Est (pour réduire la crise au Liban), beaucoup d’entreprises chinoises et russes ont présenté des offres au Liban. Mais la réponse du Liban à ces offres a été négative, par crainte des USA. Une société pétrolière russe a négocié avec le gouvernement précédent et actuel une offre de la mise en place n’importe où au Liban d’une raffinerie, sans demande de garanties, raffinerie qui assurerait tous les besoins du Liban en dérivés pétroliers. Grace à cette raffinerie, le Liban pourrait produire en six mois 150 mille barils par jour, et il deviendrait un exportateur de dérives pétroliers. En plus de cela, cette transaction est en livres libanaises. Après un an et demi de négociations, le Liban n’a toujours pas donné de réponse."
Et d'ajouter : " Pourquoi vous n’acceptez pas de telle offre qui est dans l’intérêt du Liban ? En fait, c’est l’ambassade US qui est derrière le refus du Liban. Avec cette mentalité, nous ne pourrons pas sauver le Liban et résoudre les crises liées à l’électricité, au pétrole, et à autres. Les USA sanctionnent, interdisent et n’acceptent pas d'alternatives. De quel hégémonie du Hezbollah sur l’Etat parlez-vous ? Si le Hezbollah dominait la prise de décision au Liban, cette raffinerie une raffinerie de pétrole qui produit 160 000 barils de pétrole brut aurait été mise en place depuis un an et demi. Et le Liban serait devenu autosuffisant et exportateur, au su et au vu de l’ambassade US qui ne vaut rien devant l’intérêt du peuple Libanais. De là, j’appelle son excellence le Président de la République et le Premier Ministre à assumer leurs responsabilités et à accepter l’offre russe capable de résoudre la crise en six mois, sans besoin de payer un sou.