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Ansarallah : "Fin de l'aide militaire US à Riyad, Sir?" "Non, nous avons perdu la guerre tout bonnement"!

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les impacts de l'attaque au drone de septembre 2019 contre Abqaiq, le site d'Aramco dans l'est saoudien. (Archives)

Ce samedi 6 février, le porte-parole du Pentagone, John Kiby  a annoncé la fin de "toute coopération en renseignement" avec le régime de Riyad, annonce qui a fait suite au vrai-faux discours de "paix au Yémen" de Biden où l'homme, sous la vice- présidence de qui l'axe Riyad-Tel-Aviv s'est lancé dans l'aventure yéménite, a annoncé vouloir mettre fin au soutien US à "l'offensive militaire". Pour ceux et celles des analystes qui se rappellent la dernière sortie du chef de CentCom dans la région avec en filigrane l'annonce d'une "militarisation" de la côte ouest saoudienne, à savoir le port pétrolier stratégique de Yanbu, la région de Tabouk non loin d’Israël ou encore la province de Taëf non loin du port Soudan, toutes ces déclarations entrecoupées de Kirby,  d'Austin ou de Biden ne renvoient qu'à une chose : l'impasse géostratégique américaine. Le soutien en renseignement tout comme le soutien armé à Riyad ne cesseront évidemment pas, ce qui cessera, c'est le fait que Riyad puisse désormais s'y référer en public et dire que "Mes Patriot ont été vaincu par drones et missiles d'Ansarallah" et que "J'ai perdu, malgré les Américains".

Le vendredi 5 février, le brave général Saree a affirmé lors de l'un de ces tirades dont lui seul a le secret, la destruction d'au moins six drones de reconnaissance saoudiens depuis le début de janvier et ce, sur l'ensemble des fronts de combat. Il a parlé de la liquidation de 1238 effectifs ennemis dont 74 officiers et soldats saoudiens et ces chiffres, il les a avancés comme pour comprendre que le stratagème Biden-Austin ne fonctionnera pas! 

Ce samedi, Mohammed al-Bukhaïti, membre du Conseil politique du mouvement Ansarallah a enfoncé le clou en affirmant que "la guerre ne prendra fin que lorsque toutes les forces étrangères s'en retireront et que le blocus inique imposé à la population soit levé" : « Si l'administration américaine est sincère dans ses paroles, la guerre prendra fin. Or nous attendons une action concrète de la part des Américains. Nous attendons l’acte, non pas la parole », a-t-il martelé juste avant de conclure : « Nous sommes prêts à négocier, mais le mécanisme de négociation n'a pas fonctionné dans le passé. »

C'est concis et bien précis : la mayonnaise n'a pas pris. Car à l'heure où la présidence US accusait l'Iran de soutien à Ansarallah, tout en affirmant qu'il ne laisserait jamais tomber l'Arabie, "partenaire stratégique de Washington", une délégation de l'OTAN débarquait à Aden en vue de voir comment mieux travailler sur le plant du démembrement du pays. Après la spectaculaire frappe contre l’aéroport d'Aden, le gouvernement d'Aden n'est que l'ombre de lui-même mais l'essentiel ne réside pas là, mais à travers l'implantation des forces occidentales sur une zone géographique étendue entre le Sud d'une part, avec en filigrane des bases à construire à Aden, à Mocha, à Socotra et à Mion et la côte ouest saoudienne de l'autre. C'est le rempart que LIyod Austin et son président se sont imaginés pour mettre à l'abri la côte israélienne et évidemment dans une logique de confrontation non seulement contre la Résistance mais aussi contre la Chine et la Russie, de plus en plus dépendant du détroit de Bab el-Mandeb.

"L'offre de paix", Ansarallah en a fait donc une bouchée, car si Biden était sincère, il aurait aussitôt ordonné la fin des frappes aériennes contre Maarib, cette province stratégique pétrolière du Nord qu'Ansarallah veut libérer sans que ses infrastructures, noyaux du premier pipeline national yéménite, loin des pillages de Chevron, de BP et de Total, soient affectés sous les bombes US-Israël-Riyad... Mais ce n'est pas le cas du tout. L'administration Biden cherche donc moins la paix avec le peuple yéménite - la guerre, elle la poursuivra retranché derrière Riyad- qu'à vulgariser sa présence dans le paysage politique et militaire yéménite, à éviter que les missiles et les nuées de drones d'Ansarallah ne s'abattent ni sur ses bases ni sur ses cargos et qu'ils épargnent de surcroît Israël. 

Car Ansarallah est aux yeux des USA "bien plus qu'une milice ou un mandataire des Iraniens", ce qu'il n'a d'ailleurs jamais été : "C'est une puissance militaire et étatique émergente, un acteur à dimension nationale, ce qui pose un danger existentiel aux intérêts des USA et d'Israël", reconnaît Seth Frantzman, le chroniqueur militaire de Newsweek :

"Ce dont ce mouvement s'est montré capable en 2019 contre les sites pétroliers d'Aramco via cette attaque aux 21 drones et missiles de croisière a fait date : depuis 2019 les Etats-Unis tout comme leur allié Israël se creusent nuit et jour la tête pour trouver comment empêcher des attaques aux nuées de drones massives "entrecroisé" et visant Israël ou encore les bases américains dans la région".

Et de poursuivre : "Et surtout alors même que Gaza semble avoir sans cesse les yeux tournés vers Ansarallah. Ce dernier a réussi à bloquer Djeddah avec un seul missile Qods-2 et les Palestiniens semblent s'y référer de plus en plus. La première manœuvre militaire à balle réelle à Gaza a été en partie fondée sur l'exemple balistique, de drone d'Ansarallah... tout y était, missiles côte-mer, drones à bas prix pour submerger les radars et on croit même avoir aperçu les conseillers yéménites parmi les Palestiniens... Et heureusement qu'Ansarallah n'a pas encore attaqué Eilat ni les cargos israéliens transitant Bab el-Mandeb pour servir d'exemple à Gaza". 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV