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Putsch en Birmanie ou comment les USA vivent les mêmes revers en mer Noire, en mer de Chine et dans le golfe persique

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le coup d'Etat au Myanmar/Avia

Et bien la Chine vient de le prouver, elle sait ne pas faire dans la dentelle : un peu à la manière de la Russie dans le dossier du Haut Karabakh où le conflit Arménie-Azerbaïdjan risquait de se transformer en une crise sécuritaire majeure pour Moscou, la Chine a agi à la cosaque au Myanmar. A peine quelques jours après la simulation chinoise d’une attaque contre un porte-avions de la marine américaine dans la mer de Chine méridionale, la Birmanie, arrière-cour de la Chine, vit un coup d'Etat. L’armée birmane a arrêté la pro-américaine dirigeante Aung San Suu Kyi et déclaré l'état d'urgence pour un an. Le motif? la fraude massive dans les élections, fraudes visiblement diligentés depuis l'extérieur et dans l'objectif de faire perdre à la Chine, un allié de taille. 

En effet, le 11 janvier, les autorités birmanes et chinoises ont signé un protocole d’accord sur une étude de faisabilité d’une future liaison ferroviaire entre Mandalay, la deuxième ville birmane, au Nord, et Kyaukphyu. Le projet s’intègre dans les « Nouvelles Routes de la Soie » (Belt and Road Initiative, BRI), promues  par Pékin et renvoie à l’expansion du China-Myanmar Economic Corridor (CMEC), un couloir économique sino-birman intégré à la BRI. C'est un couloir à dimension militaire qui boost les liens militaires et le commerce des armes non seulement avec la Birmanie mais encore avec d'autres pays d’Asie comme le Pakistan, le Sri Lanka, les Maldives ou encore Bangladesh. Pékin n'aurait pu donc risquer un virage pro Occident au Myanmar 

À écouter : USA: la Chine ne restera pas les bras croisés

Ces derniers jours la mer de Chine n'a cessé de se ressembler au golfe Persique, la tension étant à son apogée entre une US Navy jouant de ses muscles et une armée chinoise ultra actives sur tous les fronts. Celle-ci a envoyé huit bombardiers H-6K, quatre avions de combat J-16 et un avion de guerre anti-sous-marin Y-8 survoler Taiwan et la voie navigable contestée alors que le groupe de frappe du porte-avions Theodore Roosevelt de la marine naviguait dans la mer de Chine méridionale samedi dernier. Des bombardiers chinois ont récemment simulé une attaque contre un porte-avions de la marine américaine dans la mer de Chine méridionale. Les données de suivi indiquent que le groupe d'attaque des transporteurs américains est entré dans la mer de Chine méridionale par le canal de Bashi alors que les chasseurs chinois traversaient la zone d'identification de la défense aérienne de Taiwan. Le lendemain, un analyste militaire non identifié du continent a déclaré au Global Times, affilié à l'État chinois, que la décision chinoise avait peut-être été un exercice d'entraînement destiné à « renforcer la capacité de combat de l'APL contre les porte-avions américains », car les bombardiers pourraient s'entraîner à lancer une attaque par saturation contre les navires américains.

Mais que cherchent les Etats-Unis au juste? 

La stratégie de Biden tend à mener une guerre hybride à la fois contre la Chine et la Russie, guerre qui passerait par l'imposition d'un régime d'isolement aux deux puissances et ce, dans le but de provoquer un changement de régime grâce à une combinaison de mesures politiques, économiques et militaires. Aussi la composante militaire consiste-t-elle à renforcer les capacités navales, aériennes et spatiales de blocus et de frappe dirigés contre l'axe sino-russe mais aussi contre tous les pays allés ou partenaires. L'Amérique de Biden semble se projeter vers des frappes navales et aériennes à longue portée utilisant des armes hypersoniques et des munitions en essaim, et abandonnant  ses chars et son artillerie lourde, l'expérience des défaites consécutives face à la Résistance et ses combats asymétrique l'ayant visiblement poussé en ce sens. Certains analystes voient même à travers cette propension vers des opérations à  longue portée, des arsenaux de missiles et même des capacités anti-navires, l'écho d'un leçon moyen orientale où la force terrestre US n'a jamais été plus qu'une proie facile. Washington misant donc face à des adversaires de tailles russe et chinois sur la guerre «sans contact». Or dans cette stratégie, les états satellites US  se voient attribuer le rôle de «saignement». Or c'est là que le bat blesse.

En Pacifique, les pays concernés où les États-Unis ont actuellement des bases comprennent le Japon et la Corée du Sud, qui ne considèrent ni l'un ni l'autre leur relation avec la Chine comme un jeu à somme nulle. Les Philippines, l'Indonésie, Singapour, la Thaïlande ne montrent aucun signe de vouloir donner aux États-Unis un chèque en blanc dans une situation autre qu'une menace majeure pour leurs propres intérêts vitaux de la part de la Chine. C'est à peu près le même écueil qu'au Moyen Orient et dans le golfe Persique où même le pire ennemi de l'Iran, l'Arabie saoudite, n'est disposé à jouer ad vitaam eternum le rôle de bouc émissaire pour les Etats-Unis. Le coup d'Etat en Birmanie vient de tirer la sonnette d'alarme à l'adresse d'une Amérique dont l’obsession belliciste commence à lui jouer des tours. Entre la mer de Chine, la mer Noire ou encore le golfe Persique, il y a une dynamique anti -Empire qui s'est dégagée et qui commence à faire ses fruits. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV