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Iran-Venezuela, distraction stratégique : "les Pasdaran sont sur le point nous avoir" (The National Interest)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La carte du Venezuela.(illustraion)

Josh Chang, assistant de recherche au Center for Strategic and Budgetary Assessments, a estimé dans un article paru le  22 septembre dans la revue américaine The National Interest que la fin de l'embargo sur les armes de l'ONU contre l'Iran en octobre pourrait lever un obstacle majeur aux projets de l'Iran d'envoyer des missiles au Venezuela.

La récente déclaration d’intérêt du président vénézuélien Nicolas Maduro à obtenir des missiles iraniens a inquiété de nombreux voisins de ce pays et a soulevé des questions sur la probabilité de cette acquisition. D'une part, il y a des raisons plausibles de croire que cette transaction pourrait ne pas aboutir. On peut espérer que la coopération militaire Iran-Venezuela ne serait pas aussi crédible que les deux pays le prétendent, avec un schéma continu de déclarations et d'accords mais très peu de preuves de leur concrétisation effective. Après tout, des campagnes de pression maximale américaines serrées contre les deux pays pourraient également empêcher la livraison de missiles iraniens dans l'hémisphère occidental », a-t-il expliqué. 

Ceci étant, il serait déraisonnable d'exclure complètement une tentative de l'Iran d'exporter ses missiles au Venezuela. Les récentes expéditions de pétrole iranien vers ce pays et qui ne cesse de se multiplier sous les yeux impuissants de la IVe flotte et le transfert d'or vénézuélien à Téhéran via des avions de ligne iraniens démontrent le ferme engagement de la République islamique d’Iran envers son partenaire latino-américain malgré les sanctions américaines et la distance géographique.

L’expiration d’un embargo des Nations unies sur les armes contre l’Iran en octobre pourrait d'ailleurs lever un obstacle majeur aux projets du pays d’exporter des missiles vers le Venezuela. Alors que les États-Unis ont récemment réimposé les sanctions de l'ONU pour tenter de prolonger l'embargo, le manque de large soutien international à ces mesures peut encourager Téhéran à procéder à des ventes une fois que l'embargo atteindra sa date d'expiration officielle. Indépendamment du fait que le Venezuela et l'Iran donnent oui ou non suite à cette transaction, il serait utile d'examiner les implications d'un déploiement de missiles iraniens dans l'hémisphère occidental. S'il existe des raisons de s'inquiéter des tensions entre les deux parties et de la prolifération des armes, il existe également une justification plus large de préoccupation en ce qui concerne la stratégie de défense mondiale des États-Unis. Comment? 

Premièrement, le déploiement de ces missiles pourrait sonner l'alarme et susciter de nouvelles tensions entre le Venezuela et ses voisins, avec des relations déjà au plus bas. L’armée vénézuélienne a déjà mené des exercices militaires le long de la frontière du pays avec la Colombie pour simuler une défense contre une invasion.

Cependant, de telles manœuvres ont contrarié la Colombie, qui a dû mettre ses propres forces en état d'alerte en réponse. Ces exercices ont eu lieu au milieu des fréquentes accusations de Maduro selon lesquelles des voisins comme la Colombie cherchent activement à renverser le gouvernement bolivarien du Venezuela. De nouveaux missiles iraniens au Venezuela pourraient encourager Maduro à être plus vocal dans sa rhétorique et à organiser des exercices supplémentaires en toute confiance. Ces mesures pourraient conduire à une concurrence accrue et à des différends militaires et diplomatiques.

Deuxièmement, l’acceptation par le Venezuela des missiles iraniens inviterait inévitablement les techniciens, ingénieurs et militaires iraniens à venir dans le pays pour installer ces armes. Ce personnel pourrait renforcer la présence de l’Iran dans l’hémisphère occidental et permettre à la République islamique d’Iran de recueillir des renseignements et de surveiller les activités américaines dans la région. Un établissement iranien réussi de plates-formes de missiles au Venezuela pourrait également encourager les deux États à poursuivre d'autres transactions d'armes possibles et renforcer la confiance dans leur capacité à défier les sanctions américaines.

Troisièmement, en tant que pays hostile, le Venezuela pourrait devenir un centre de prolifération de missiles si ces armes tombaient entre les mains de factions armées telles que l'Armée de libération nationale (ELN). Le gouvernement de Maduro aurait distribué des armes de fabrication russe à ces groupes. Ce schéma de coopération donne à penser que ces divers groupes paramilitaires pourraient également acquérir ces missiles soit en raison de la propre négligence du gouvernement, soit en raison d’un transfert délibéré d’armes. L'imprévisibilité de ces groupes armés indique qu'ils pourraient vendre ces armes à d'autres clients intéressés, créant un cauchemar de prolifération pour les États-Unis et leurs alliés comme la Colombie. l'Amérique se sentirait alors totalement encerclée! 

Enfin, il est important de noter que l'Iran ou le Venezuela procèdent effectivement à cette transaction ou non, la simple contemplation de cette possibilité indique une ""distraction stratégique"" qui pourrait détourner l'attention des États-Unis d'autres sujets importants.

Si Téhéran exportait des missiles au Venezuela, cette vente pourrait amener le Commandement sud américain à demander des ressources supplémentaires, telles que des plates-formes aériennes sans pilote, des intercepteurs de missiles et des destroyers, dont ce commandement n'aurait pas besoin dans des circonstances normales. Ces demandes pourraient priver d'autres scènes qui ont besoin de tels atouts critiques à un moment où les États-Unis sont engagés dans une concurrence stratégique avec la Russie et la Chine dans d'autres parties du monde.

En outre, Washington devrait également investir davantage de ressources diplomatiques et d'énergie pour rassurer ses partenaires en Amérique latine contre cette éventuelle menace pour apaiser la panique et les tensions. Alors que Washington a du mal à respecter ses engagements en matière de défense dans le monde entier, une vente de missiles iraniens au Venezuela ajouterait un élément inutile à une liste déjà croissante de problèmes en matière de défense.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV