La France a annoncé mercredi 1er juillet son retrait temporaire de l’opération de surveillance de l’OTAN en Méditerranée « Sea Guardian », qu’elle appuyait avec un avion de patrouille maritime et une frégate. Pas de quoi évidemment changer la donne militaire en Méditerranée où la Turquie otaniste dispose d'au moins sept navires de guerre, aux côtés de la sixième flotte des États-Unis, propre à l’aventurisme US en Méditerranée et composée, au moins sur le papier, d'environ 40 navires, de 175 avions et de 21 000 personnes, son port d'attache étant Gaète en Italie.
Depuis l'annonce de la suspension des opérations française au sein de l'OTAN en Méditerranée, de bonnes âmes se rivalisent de spéculations, prévoyant l'implosion future de l'OTAN désormais visiblement divisée entre la France, la Grèce et Chypre d'une part qui s'opposent à la Turquie et à l'Italie de l'autre et tout ceci sous l'oeil bienveillant US. « Avec cette décision transmise mardi 30 juin par l’ambassadrice française au Secrétaire général de l’Alliance à Bruxelles, dit le ministère français des Armées, Paris entend mettre un coup de projecteur sur l’ambiguïté fondamentale d’une opération antitrafics dans laquelle il y a des trafiquants », en l’occurrence les Turcs. S'il est vrai que Paris a mis cette semaine la main sur une cellule d'espions turcs et qu'il a compté médiatiser la nouvelle à outrance, il est difficilement croyable qu'il ait le courage ou encore la volonté de s'opposer à une Turquie qui agit en Libye tout comme au Levant et en Irak sur l'ordre direct de "Big Brother".
Que cache cette querelle de clocher à laquelle se sont livrés Paris et Ankara? Pour de nombreux observateurs le départ de la France d'une coalition maritime otanienne où elle ne pesait pas si lourd, revient à renforcer le siège "terrestre" des voisins de la Libye. En termes de facilités, Total vient de remporter un juteux contart de trois ans signé avec l'Algérien Sonatrache sur fond des tensions qui ne cessent de s'exacerber sur les frontières libo-algérienne et certains estiment qu'il s'agit surtout d'un anesthésiant. Ce qui attend les voisins de la Libye, c'est à Syrte qu'il faut en avoir une petite idée. L'avancée militaire fulgurante de l'axe US/OTAN en Libye, et l'apparition de deux bases aériennes que sont al-Watiya et l'aéroport de Tripoli, ont poussé l'un de ses voisins à savoir l'Egypte à installer de redoutables Scud-B sur l'unique site pétrolifère actifs du pays, Syrte. Cela veut dire en termes clairs qu'en Libye on sera témoin de la guerre des missiles inter urbains, forme de guerre que l'axe US/OTAN/Israël n'a pas réussi à appliquer en Syrie et qu'il vient d'inaugurer en Libye. Les missiles scud sont des missiles équipés des têtes explosives pesant une demi-tonne dont la portée leur permet de viser des cibles militaires et des infrastructures situées à Tripoli et Misrata, où se trouvent le siège des forces gouvernementales et leurs alliés.
Avec toutes les bonnes volontés du monde, aucun observateur ne saura assurer que l'Algérie et la Tunisie resteraient à l'abri d'une bataille balistique inter-libyenne. Alors le départ de la France, une bonne nouvelle?... Une mystérieuse attaque a été menée ce mercredi 1er juillet contre la base aérienne d'al-Watiya, dans l'ouest de la Libye, provoquant un certain nombre d'explosions au sud-ouest de Tripoli. Citant une source anonyme, l'agence de presse Sputnik a annoncé: «Les habitants de la ville d'al-Rajban et de ses environs ont entendu le bruit d'explosions et de vols près de la base militaire d'al-Watiya.»