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La bataille de l'influence nous l'avons perdue face à l'Iran

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un soldat américain sur la base militaire d'Aïn al-Assad en Irak, cinq jours après avoir été bombardé par des missiles iraniens. ©AP

Selon un site web américain, les USA ne pourront jamais mettre fin à l'influence de l'Iran en Irak."Ce que nous appelons l'influence iranienne en Irak n'en est pas une; c'est plus que cela. Une sorte d'affinité historique, culturelle, religieuse issue de profonds liens inscrits dans le temps. Avec tous les arts du monde, on ne saurait venir à bout de l'Iran".

Dans un article publié par le site web américain The american Conservative, Robert Moore, conseiller en politique publique pour les priorités de défense, y revient soulignant que les États-Unis manquent de ressources nécessaires pour "contrer" l'Iran en Irak.  Peut-on demander aux Irakiens de bouder les Iraniens avec qui ils partagent une histoire identique et surtout une seule religion?

Les États-Unis n'ont tout simplement pas les moyens d'empêcher l'influence iranienne en Irak. La théorie de la contre-insurrection est encore une science relativement nouvelle et fluide, mais un consensus général est qu'un minimum de 20 forces de contre-insurrection sont nécessaires pour 1 000 habitants afin de maîtriser une insurrection. Pour une population irakienne de plus de 38 millions d'habitants, cela nécessiterait 768 000 policiers antiémeutes, soit environ 100 000 de plus que l'armée américaine et le Corps des Marines en service actif réunis pour s'implanter définitivement en Irak, et ce, en dépit de l'opposition de la population. Imaginez maintenant qu'on veuille empêcher les Iraniens de se rendre en Irak. Pour ce faire il faudrait une force de 1,6 million, soit la force active totale des troupes armées américaines, britanniques et allemandes! Pourrons-nous nous payer un tel luxe?

Heureusement que les États-Unis n'ont pas besoin de faire face au poids iranien en Irak pour répondre à leurs exigences de sécurité nationale. Tout ce dont l'Amérique a besoin tourne autour de la prévention des attaques terroristes contre notre patrie et de la protection des voies de commerce vitales, en particulier celles du secteur de l'énergie. Huit mois après la bataille des pétroliers dans le golfe Persique à laquelle ont succédé l'assassinat du général Soleimani puis la frappe au missile contre Ain al-Assad, nous sommes toujours à la case départ : cette semaine la base Tajji a été attaquée à deux reprises idem pour l'aéroport de Bagdad et tout ceci alors que les États-Unis exercent un maximum de pression sur Bagdad pour maintenir leurs troupes en Irak. Or nos intérêts sont mieux préservés en améliorant nos relations avec les acteurs régionaux et en travaillant à prévenir les conflits...

L'Irak n'a pas d'importance stratégique pour les États-Unis

Sept mois après la frappe contre Aïn al-Assad et les attaques sporadiques dont nos forces ont fait l'objet, nous devons nous demander ce que nous obtiendrions d'un face-à-face permanent avec les forces pro-iraniennes en Irak. L'Irak est-il réellement un axe majeur de notre stratégie au Moyen-Orient alors même que nos liens avec nos alliés traditionnels comme l'Arabie saoudite connaissent des tensions, que le pétrole perd de son poids dans notre stratégie? Que vous soyez d'accord ou non avec la justification, un sous-produit du retrait du pouvoir de Saddam Hussein était de perturber les rapports de force et de créer des opportunités pour l'influence iranienne de se développer. D'ailleurs Saddam n'a jamais pu non plus couper les liens entre les deux pays. 

Malheureusement, la ligne de conduite évidente - une politique de retenue et de prudence qui donne la priorité à nos intérêts de sécurité nationale - reste ignorée par les autorités de la Maison Blanche qui ont bâti leur carrière en étant des ennemis jurés de l’Iran. Jusqu'à ce que cela change, nous continuerons de gaspiller des vies et des ressources en essayant de ramer à contre-courant.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV