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Plan US/Turquie : Idlib s'est-il transformé en un terrain de mine anti-russe?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les président Poutine et Erdogan.(Archives)

A mesure que le temps passe, on réalise à quel point la trêve à Idlib a été une dévastatrice idée : le nord-est tout comme le nord-ouest de la Syrie ressemblent de plus en plus à un champ de mine grandeur nature que l'axe US/OTAN menace d'embraser, dès que l'armée syrienne lève le petit doigt et qu'elle décide d'avancer dans le sud d'Idlib. En effet, la stratégie US/Turquie et donc US/OTAN n'a guère changé, le but étant de créer une zone tampon et au besoin, d'exclusion aérienne dans le nord. Ce faisant, et cela, l'Américain James Jeffry l'a dit  très clairement, "on cherche à faire enliser la Russie et à la pousser à quitter ses bases et à retirer son système de DCA"! 

Alors même que la Turquie continue à mener des patrouille de pacotille avec les forces russes, une nouvelle milice pro turque voit le jour à Hassaka où l'armée turque a tenu un peu à l'israélienne de dresser un mur : Avec les matériaux, des équipements et des engins de construction, des camions ont ainsi livré des éléments en béton capables d’êtres installés dans la région de la ville syrienne de Ras al-Aïn. Bref de quoi créer une  «zone de sécurité», un euphémisme pour cette fameuse zone d'exclusion aérienne qu'Ankara appelle de ses vœux depuis 2011 mais qu'il n'a pu réaliser jusqu'à ce qu'il se soit mis à faire les yeux doux à la Russie. 

Parallèlement aux efforts turcs de créer une méga milice dans le nord syrien, les Américains travaillent eux aussi à a formation sur la rive est de l'Euphrate de nouvelles bases et au recrutement des Kurdes et tout ceci sous prétexte d'avril à s'accaparer du pétrole syrien. Cette stratégie combinée US/Turquie, qui n'a rien de trop complexe n’est ni trop fine, devrait aboutir à ceci : l’amputation d'Idlib ou mieux dire la zone de Jazira du reste de la Syrie, la neutralisation des efforts syro-russe pour faciliter un retour des Kurdes à l'État, et enfin la mort du processus d'Astana. Dans les faits, il s'agit de stopper net toute avancée de l’armée syrienne vers Idlib, et empêcher tout retour de l'État sur l'est de l'Euphrate, et ce, dans l'objectif de baliser le  terrain à l'émergence d'une base permanente US dans cette zone. Cette base aurait tout comme celle d'al-Tanf, pour mission d'alimenter Daech en effectifs, ce que fait pour l'heure la prison d'al Ghouiran de Hassaka où des milliers de daechiste attendant leur heure pour être héliportée vers l'Irak. 

L'un des objectifs consiste évidemment à saper la route stratégique Iran Irak Syrie Méditerranée qui permettrait à la Syrie non seulement de se reconstruire mais aux pays de la région de faire leur révolution en terme d'échange et de commerce. Cela arrangerait aussi la Chine et sa route de la Soie et la Russie et son carrefour énergétique qui depuis la mer noire pourrait se connecter à l’autoroute de la Résistance. Evidemment, tout ceci dépend de ce que l'axe US/OTAN puisse avancer sans accroc leurs pions. Mais est-ce le cas? 

Selon le site web militaire russe, les troupes syriennes ont arrêté un convoi de véhicules blindés américains qui planifiaient de pénétrer l'ouest de la Syrie. A Hassaké, les tensions ne cessent de monter contre les troupes US et ces convois militaires qui franchissent constamment les frontières. Ce sont des manifestations de force isolées, certes, mais on sent que l'explosion finale n'est pas loin : l'armée syrienne a bloqué hier, mercredi 20 mai, le passage d'un énième convoi militaire américain à l'ouest de Tall Tamr, au nord-ouest de Hassaké et ne lui a pas permis de traverser le village d'Umm al-Khair dans la région de Tall Tamr.

Le convoi militaire américain a été contraint de faire demi-tour et de quitter la région pour regagner sa base à Hassaké. Des incidents similaires sont désormais monnaie courante dans cette importante province de Qamichli où la Russie possède une base et où tous les jeunes kurdes ne sont pas prêts à servir sous le drapeau US/OTAN. En effet, des heurtes similaires avaient déjà impliqué en février, en mars et en avril  dernier l'armée américaine, qui a été prise à partie par des habitants du nord-ouest du pays. Les choses sont quelque peu différentes quand on descend vers les champs pétro-gazier de Deir ez-Zor où les habitants sont nettement anti-américains.

À preuve : les tentatives américaines de faire revivre les cellules de Daech n'ont pas été soldées jusqu'ici par une action militaire majeure. Certes des attaques sporadiques se manifestent sur la rive est de l'Euphrate sans jamais donner lieu à une offensive majeure. À Deir ez-Zor en effet l'armée syrienne et la Résistance se mettent en ce moment même en ordre de bataille, et préparent un face à face majeur pour libérer une bonne fois pour tout al-Tanf et ouvrir un second point de passage entre l'Irak et la Syrie. Reste le nord-est et le nord-ouest où la Russie semble croire encore à la pertinence de la trêve avec la Turquie ou elle fait semblant d'y croire. Au moment où les USA et la Turquie travaillent contre la Russie et main dans la main dans le nord syrien, les Su-57 russes multiplient les vols dans le ciel d'Irak et les MiG-29 traversent le ciel iranien pour se rendre à Hmeimim, base aérienne qui accueillent depuis peu, des missiles tactiques iraniens. On dit que la Russie commence à être convaincue que le déblocage passerait avant par la défaite US sur l'est de l'Euphrate. La neutralisation de la Turquie ne serait alors qu’une affaire de quelques jours.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV