Le vendredi 1er mai, jour où Israël a frappé à deux reprises et pour la quatrième fois depuis le 20 avril le territoire syrien, cherchant encore à "discréditer" les S-300 et les radars de Pantsir de la DCA intégrée syro-russe, la Turquie a annoncé soudain ne pas vouloir des S-400 dont elle a arrêté l'importation. Juste avant, l'envoyé spécial US pour le Moyen-Orient, tout ne se fendant d'éloge à l'encontre de la Turquie et de sa politique à Idlib, a proposé aux Russes un deal alors qu'il discourait devant le think tank, Conseil d’Atlantique : "L'une des conséquences de l'attention portée par l'armée incompétente d'Assad à Idlib est qu'il ne reste que peu de forces pour faire face à Daech dans le sud-ouest du désert de Badiyah (Homs). Nous avons vu Daech gagner du terrain là-bas, attaquer même des villes et au moins brièvement détenir un territoire. Cela doit cesser. Nous avons proposé de coopérer avec les Russes à ce sujet, mais tant que l’accent est mis sur Idlib, Badiya continuera à plonger dans la violence », a-t-il dit.
Evidemment personne n'est dupe : ce que l'Américain et ses alliés turc et israélien veut de la Russie, à travers tous ces agissements concertés, c'est de conclure avec eux un trêve sur l'est de l'Euphrate identique à celle d'Idlib, propre à permettre aux États-Unis qui y ont fait déployer ces dernières semaines d'énormes quantités d'armes et d'équipements, de dresser des bases de campement permanent, l'objectif étant d'abord de couper l'axe Irak-Syrie-Méditerranée et ensuite de pousser peu à peu vers la Russie. Et Jeffry de poursuivre : "Idlib est le creuset de tout le conflit en Syrie à ce stade. C'est la question qui se pose à nous: le gouvernement syrien continuera-t-il cette offensive, poussera-t-il à une victoire militaire, ou sommes-nous à un point où ce cessez-le-feu est respecté et nous pouvons passer à un règlement politique du conflit?»
Le règlement politique étant donc une trêve avec les Russes. Mais le deal proposé renvoie aussi à une autre réalité encore révélatrice de l'état de désœuvrement US et Cie en Syrie : il y a quelques jours, un grand convoi militaire US, l'un de ceux qui partent d'Erbil, traverse le passage frontalier pour débarquer d'abord à Hassaké, puis aller droit vers les champs pétrolifères d'al-Omar, a été superbement pris pour cible d'un "groupe armé" qui a capturé les deux GI's à bord de l'un de ses blindés. L'incident produit fin avril, faisait écho à un autre, qui a eu lieu une semaine plus tôt quand un autre blindé avec à son bord un officier US et chef de réseau de trafic de Daech de Syrie en Irak, a été liquidé, toujours à la frontière du sud de Hassaké-du nord de Deir ez-Zor. Dans les deux cas, les Américains, paniqués, se sont mis à démentir. N'empêche que tôt ou tard, quand les opérations anti-US à la faveur des ressentiments anti-US se seront multipliés, ce qui n'est guère loin, l'attitude du déni ne leur survirerait plus.
Ammunition warehouse destroyed today in #Homs #Syria pic.twitter.com/cLkpjuvFmF
— Last Defender (@LastDef) May 1, 2020
Surtout que le 1er mai, les Israéliens ont forcé le Rubicon russe. Le site militaire russe, Avia.pro, fait remarquer que la frappe aérienne a été menée pendant la journée, chose "très inhabituelle car à une heure pareille des avions civils se trouvaient près des frontières de la Syrie" et qu'en outre, Israël a tenté de discréditer des armes russes, puisque des frappes ont été menées à la périphérie de la ville syrienne de Homs, "qui n'est qu'à 50-60 kilomètres de l'endroit où sont déployés les systèmes de défense aérienne S-300". La Russie tolérerait difficilement ce genre de dérive, souligne le site. Pour le reste, un tout petit détail a échappé à James Jeffry et ses amis turcs et israéliens : La frappe israélienne du 1er mai a mis à l'épreuve "les éléments chinois de la DCA syrienne". Selon le journal en ligne libanais al-Masdar News, les opérations lancées par le nouveau système radar de fabrication chinoise, intégré à la DCA syrienne, ont abouti à des résultats positifs.
En allusion aux frappes aériennes israéliennes du 21 avril, l'agence de presse syrienne (SANA), a rapporté que les systèmes de défense aérienne syriens avaient intercepté des missiles lancés par Israël contre Palmyre : « Depuis que les unités de défense aérienne syriennes ont commencé à utiliser le radar chinois, JY-27, elles en sont bien contentes. La Chine a livré un certain nombre de radars multi-éléments JY-27A, capables de détecter des chasseurs furtifs. Et bien si la Syrie ajoute le radar anti-furtif chinois à ses missiles S-300, les attaques israéliennes pourraient être repoussées facilement », conclut de son côté le site militaire chinois, Sina.