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Deux mois de troubles en Irak, et le piège se ferme sur l'Amérique

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le général Khalifa Haftar. (Archives)

Il s'appelle Abdel Wahhab al-Saadi et les Américains parlent de lui comme "le haut gradé qui a libéré Mossoul" à titre de commandant en chef des unités des forces spéciales. Seulement il a été écarté par le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi au mois de septembre, après une série de frappes au drone contre les bases des forces militaires irakiennes et des révélations sur des liens particulièrement compromettant de ce général avec la CIA, traduits surtout par la dénonciation des lieux de concentration des forces irakiennes à l'aviation qui n'hésitait pas à les frapper en plein combat contre Daech. Maintenant que les Américains croient avoir réussi à écarter de la scène, le PM Mahdi pour cause entre autres de "souverainisme aigu", le nom du général est de plus en plus prononcé comme le futur Premier ministre dans des milieux pro-américains et pro-saoudiens. Mis à part le fait qu'un tel vœu risque oui ou non de rester pieux, une remarque s'impose... 


Le général irakien Abdel Wahab al-Saadi.(AFP)

Les deux mois de troubles et de violences ont suffi pour que les USA évacuent un assez grand nombre de chefs terroristes daechistes de Syrie en Irak pour recruter et réactiver les réseaux daechistes à l'est, au centre et au sud de l'Irak. Ce jeudi, selon la chaîne d’information kurde, NRT TV, des affrontements ont eu lieu à Diayala (est) entre terroristes et Peshmerga qui n'en déplaisent aux Américains, continuent à se battre aux côtés de la Résistance irakienne, en dépit des pressions US sur Erbil. 

« Les Unités de mobilisation populaire, les Hachd al-Chaabi, ont repoussé une opération des daechistes contre la province de Diyala et la route Mossoul-Bagdad », affirme d'ailleurs Wafiq al-Samarrai, conseiller du défunt président irakien, Jalal Talabani qui ajoute : « Après avoir lancé ces derniers jours une offensive contre le nord-ouest de Diyala, des daechistes ont attaqué la région al-Hadr, située dans le sud-ouest de Mossoul, dans le nord de l'Irak. »

Dans cette même veine,  Bassem al-Khafaji, responsable de la neuvième division des Hachd al-Chaabi, a relevé mercredi la coïncidence des troubles internes et la résurgence de Daech, plan auquel les USA ont commencé à travaillé dès l'annonce du retrait bidon de Washington de Syrie, c'est à dire en décembre 2019. Le renseignement irakien affirme qu'il dispose des documents sur le modus operandi des réseaux daechistes qui opèrent sous l'auspice de l'ambassade US et qui tendent désormais à contaminer les prisons irakiennes, ce vivier de terrorisme qui compte quelques 18 000 daechistes, ce qui explique d'ailleurs l'obstination des pays de l'OTAN et alliés des USA - France, Allemagne, Grande Bretagne, entre autres- à "maintenir sur place leurs ressortissants terroristes".  

Cette semaine, Daech ou mieux dit, les troupes au sol US, ont lancé plusieurs attaques d'envergure croyant que les Hachd, largement pris sur la scène interne, ne seraient en mesure de les neutraliser. Erreur! Lundi et mardi, deux grosses attaques au centre ont été repoussées et un groupe de terroristes de Daech qui projetait d'atteindre la périphérie du district d'al-Makhmur, au sud-est de la province de Ninive, près de la base américaine et des frontières de la région du Kurdistan irakien, vient de subir ce mercredi, une royale contre-offensive. Cette zone relie les provinces de Ninive, Salaheddine et Kirkouk, ce qui explique son importance, étant donné qu'il s'agit des régions kurdes et sunnites et que ces régions là occupent une place de choix dans le nouvel scénario divisionniste que joue Washington mais aussi ses alliés saoudo-émirati. 

Mercredi, le secrétaire général du mouvement irakien Asaïb Ahl al-Haq, le cheikh Qais Khazali, a dénoncé l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis pour avoir pénétré par Daech interposé dans des rangs des manifestants. « Daech expédie des émeutiers dans les manifestations pacifiques pour perturber l'ordre public et propager les violences », a-t-il expliqué. La semaine dernière, le commandant de la police de Bassora a fait en effet part de l'arrestation des éléments affiliés à Daech qui ont commis des actes de sabotage dont l’incendie des bâtiments du gouvernement. 

En Irak, donc la mise à l'écart de Mahdi n'a été que la pointe d'un iceberg qui curieusement a du mal à se cacher : en éliminant Mahdi, les Américains cherchaient à se procurer un vide, identique à celui qui s'est ouvert en Bolivie après le départ de Morales et qui en dépit du black-out médiatique et l'arrivé d'un pion sur la scène continue à s'étendre. Au Liban, le départ de Hariri visait aussi à créer ce même vide que les stratèges US qualifient d "occasion en or". Il est vrai que sept ans plus tard, l'expérience libyenne continue à nourrir les think-tank américain. En Irak, Washington cherche son "Haftar", sorte de poisson-pilote des scénarios de chaos, qui est le pion de tout le monde et de personne et dont la mission consiste à donner du temps à l'Empire pour qu'il installe définitivement l'instabilité sur place. De deux choses une : où les Irakiens se dépêcheront et se choisiront le candidat au poste de PM ou les USA leur imposeront leur "général". Au train où vont les choses, la rue irakienne, cible de profondes manipulations ces derniers semaines, commence peu à peu à comprendre la manège. Le PM démissionnaire qui a poussé le président à choisir son candidat dans les quinze jours à venir, vient de déléguer les prérogatives du ministre de la Défense au chef d'état-major. C'est un coup intelligent qui ajouté au fait suivant, devrait littéralement donner du mal aux Américains qui se croient  trop malin : le président irakien devra choisir dans le court délai qui lui reste un candidat dans les rangs de la deuxième fraction parlementaire, à savoir al-Fath de Hadi al-Ameri, commandant en chef de l'armée de Badr. En attendant, un petit incident devra pousser les Américains à mieux creuser leurs cellules grises. La base US Aïn al-Assad a été prise pour cible de cinq missiles mardi soir. 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV