Le Nord syrien est-il sur le point de se transformer en un véritable enfer pour la Turquie? Visiblement oui. Alors que des attentats se multiplient dans le nord et nord-est syrien et qu'on parle surtout d'un étau "syro-russe" qui se resserre autour des forces turques et leurs mercenaires à Idlib, on fait part d'une "bonne coopération" entre les Kurdes d'une part et l'armée syrienne et la Russie de l'autre, une configuration de force qui ne plaît ni à la Turquie, ni aux Américains et encore moins à l'OTAN. Cette "tentative de récupération US" faite par Mike Pence à Erbil la semaine dernière devrait se comprendre dans ce sens.
Depuis les premières frappes anti-USA et anti-Turquie contre les sites et les raffineries de contrebande de pétrole, les USA et la Turquie se demandent si ce ne sont pas les FDS qui les ont dénoncés. Ce samedi, le président russe a d'ailleurs mis les points sur les i en affirmant que les Kurdes coopéraient avec la "police militaire russe", ce qui renforce l'hypothèse évoquée plus haut. Selon des sources bien informées, la visite du numéro deux US en Irak et sa rencontre avec Barzani n'auraient pas pu changer cette nouvelle donne, les Kurdes se battant cette fois pour leur survie.
Les Kurdes faisant partie des Forces de libération d’Afrin (FLA) ont d'ailleurs annoncé avoir éliminé cinq supplétifs soutenus par Ankara et en avoir blessé six autres suite à une attaque lancée le 26 novembre près de Tuways dans le nord de la province d’Alep dans le nord-ouest de la Syrie.
Les supplétifs tués et blessés faisaient partie de la brigade al-Waqqas, impliquée dans l'opération « Source de paix » menée par l’armée turque contre le nord de la Syrie. Les Kurdes ont également tiré le 27 novembre, au moins six roquettes en direction de la ville d’Azaz, sous l’occupation turque. L’attaque aurait touché une prison gérée par des agents turcs, blessant au moins trois personnes.
Les affrontements entre l'armée syrienne et les Kurdes d'une part et les mercenaires pro-Ankara de l'autre se sont poursuivis les 27 et 28 novembre près du village Abduki dans le gouvernorat de Raqqa. Selon des sources proches aux Kurdes, l’armée syrienne a réussi à contrecarrer l’avancée de l’armée turque dans les zones qu’elle occupe. On rapporte par ailleurs un bilan des pertes turques qui ne cesse de s'alourdir. Deux soldats turcs ont été tués dans une attaque au mortier qui visait leur position à proximité de la ville d'Akcakale, à la frontière syrienne, selon le ministère turc de la Défense.
Le 26 novembre, 19 personnes ont été tuées et 45 autres blessées dans l’explosion d’une voiture piégée à Tall Halaf, occupée par la Turquie.
Le 26 novembre, des avions de combat syriens et russes ont effectué une série de frappes aériennes sur des pétroliers et des installations sous le contrôle des supplétifs d’Ankara au nord et au nord-est d'al-Bab et près de Jarablous. Le lendemain, l'armée syrienne a revendiqué l'attaque et annoncé qu'elle prendrait des mesures pour mettre fin à la contrebande de pétrole en provenance de la rive est de l'Euphrate vers la Turquie.
Le pétrole pillé par des troupes américaines sur les gisements de la Syrie est passé en contrebande vers la Turquie via le nord d’Alep et la région du Kurdistan irakien. S'il est vrai qu'une partie des Kurdes sont impliqués dans ce trafic il est aussi vrai que ces mêmes Kurdes pourraient se demander pourquoi insister sur une "allégeance pro-US" si soumise aux aléas des humeurs des Américains.