Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique :
Les réserves de change du Nigéria menacées par la condamnation à payer ;
La 23e session de la grande commission mixte Tchad-Cameroun s’est tenue à Yaoundé ;
Éthiopie : le Parlement adopte une nouvelle loi électorale.
Les analyses de la rédaction :
G5 Sahel s’étend vers la côte :
Depuis sa perte de terrain dans ses pré-carrés notamment au Niger et au Cameroun ; son enlisement au Mali et ses déboires au Tchad, Paris veut préserver ses assises en Afrique, mais visiblement, en devenant le supplétif des États-Unis. Face à ce qu’Emmanuel Macron appelle « l’extension de la menace terroriste au Sahel », Paris et Berlin ont annoncé un soutien plus important au G5 Sahel. Mais ils ont également appelé à un nouveau partenariat, plus « élargi » avec les autres pays de la région.
S’exprimant au sommet du G7, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont évoqué l’importance de mieux armer et mieux former les militaires et policiers de la région. Mais ils ont également expliqué qu’il fallait épauler les pays de toute la région. En d’autres termes, Paris et Berlin ont la volonté d’amplifier leur présence militaire dans le Sahel en parlant surtout des bases aériennes américaines au Niger.
En parallèle avec le G5 Sahel, il y a aussi la prise totale de contrôle du golfe de Guinée : le Sénégal, qui est une porte d’entrée sur le continent africain du côté ouest, et la Côte d’Ivoire, qui est une base reculée des Occidentaux qui donne un accès direct au golfe de Guinée. Ce nouveau plan occidental n’est qu'un moyen pour étendre la présence militaire dans cette région ultra-stratégique de l’Afrique. Les États-Unis reprennent les choses en main vu les échecs répétés du clan européen. L’entrée du Ghana est aussi une surprise. En connaissant les liens actuels qu’entretiennent Accra et Paris, le Ghana a refusé jusqu’à présent de coopérer avec la France. Ce qui peut éventuellement montrer l’influence américaine dans ce nouveau projet dans le Sahel.
Très souvent les médias mainstream ont montré les difficultés du G5 Sahel à trouver un financement pour lancer entièrement le projet. Avec l’entrée du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, il serait intéressant de connaître la source du financement, qui serait sans aucun doute plus importante.
RFI prétend que ce nouveau projet est une « main tendue aux pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest ». Mais pour faire quoi exactement ? Cela n’est pas encore clair. En principe, cela sera décidé lors d’une rencontre franco-allemande avant la fin de l’année. Un sommet de la Cédéao qui doit avoir lieu à la mi-septembre à Ouagadougou doit aussi se pencher sur la création d’une large coalition militaire englobant les États du G5 et quelques-uns de leurs voisins », prétend RFI.
Cela dit, la mise en place d’un tel projet a été lancée, il y’a à peine un mois, par l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, qui avait suggéré, l’élargissement du G5 Sahel à l’Algérie, au Cameroun, au Maroc, au Nigéria et au Sénégal pour devenir G5 Sahel+5. Une entrée des pays du Maghreb dans ce nouveau clan, n’a pas l’air d’être appropriée, car il se peut même, que ces pays soient aussi cibles du G5 Sahel.
Il faut savoir que le G5 Sahel était à la base une initiative entièrement africaine, qui montrait un danger pour l’Occident. Car l’un des objectifs n’est pas de laisser les armées nationales se développer, acquérir de l’expérience et coopérer ensemble, car cela les renforcerait. Ce que l’Occident a jusqu’à présent voulu éviter. Ce qui fait que l’initiative du ministre sénégalais des Affaires étrangères n’a pas vraiment été bien vue par l’Occident. Le seul pays du Maghreb qui pourrait éventuellement rentrer dans ce nouveau projet du G5 serait le Maroc avec les derniers achats de F-16. Les États-Unis arment donc le Maroc, et reprennent des mains de la France la tête du G5 Sahel. Et l’une des manières de reprendre diplomatiquement la tête du groupe était de laisser Paris s’enfoncer dans un bourbier dans le Sahel et l’empêcher d’obtenir des fonds pour pouvoir se renforcer dans la région. À plusieurs reprises, la France a avoué son échec dans le Sahel et c’est à ce moment-là que les États-Unis ont gagné de l’influence en Afrique de l’Ouest, au point de ne plus laisser la France avoir son mot à dire.
D’ailleurs, selon un analyste cité par RFI, Mahamadou Sawadogo, le G5 Sahel, « dans sa formule actuelle, va devoir muter sous une autre forme ou bien disparaître ». Ce qui confirme les aveux d’échecs de l’Europe dans la prise de contrôle de l’Afrique de l’Ouest. Viennent aussi les agendas qui diffèrent. La France tente de préserver sa présence dans ses pré-carrés, ce qui est peine perdue, et de l’autre côté, les États-Unis tentent de reconquérir entièrement l’Afrique aussi bien militairement que socialement et même économiquement.
Paris et Berlin ont l’air d’avoir entièrement passé la main à Washington, car ces échecs ont donné lieu à une montée en puissance de la résistance africaine, ce qui a largement mené à l’échec des Occidentaux.
Burkina Faso : la France étend sa présence militaire au Sahel
La France ne cache plus son intention d’étendre sa présence militaire au Sahel. En effet depuis quelques mois, les agissements deviennent de plus en plus fréquents au sud du Mali, dans les frontières avec le Burkina Faso. Alors qu’une information faisait part, il y’a moins d’un mois des tentatives visant à faire sauter le pont qui relie la ville de Djibo à la capitale Ouagadougou, une information publiée ce dimanche 25 août, fait état de la destruction à l’explosif du pont de Bangaharia, sur l’axe Nassoumbou-Djibo, dans le Soum. La même source rappelle que des ponts ont déjà été détruits près de Mentao, Inata et sur l’axe Arbinda-Koutougou.
Djibo est une ville du département et la commune urbaine de Djibo, dont elle est le chef-lieu, située dans la province du Soum et la région du Sahel au Burkina Faso. Elle se trouve à 200 km au nord de la capitale Ouagadougou. Djibo est aussi une ville qui peut attirer les convoitises suite à l’élevage développé et qui contribue à nourrir la population dans cette région. Prendre possession de cette ville pourrait signifier aussi un déplacement massif de la population qui se dirigerait plus au Sud. Les attaques répétées contre les forces de l’ordre signifient aussi la diminution de la sécurité dans la région. La destruction des ponts réduit énormément la mobilité notamment des forces armées nationales.
Les tentatives de déstabilisation pilotées depuis l’extérieur se trouvent essentiellement dans cette zone. Le fait d’avoir tenté de détruire le pont afin d’isoler la ville de Djibo du reste du Burkina Faso, et aussi le fait d’attaquer les forces de sécurité dans cette zone, ouvre le terrain aux troupes militaires occidentales afin d’isoler cette région et de l’intégrer dans le projet français de l’ACTS, ce dont nous avons expliqué dans le numéro du 20 août de Zoom Afrique.
En effet, alors que les troupes d’occupation occidentales peinent à faire avancer leur plan de démembrement du grand Mali, elles tentent d’organiser des attaques dans les pays voisins pour créer un effet domino. Après tout, en coupant les voies d’approvisionnement et en affaiblissant l’armée nationale, elles espèrent pouvoir enfin prendre possession de cette partie du territoire burkinabé.
Mais les militaires burkinabés tout comme la population, ne fléchissent pas ayant la rage au cœur face aux forces d’occupation étrangères qui les empêchent de sécuriser le pays et qui mettent en place des plans néocoloniaux.
D’ailleurs, dans une info apparue ce 24 août sur RFI, on évoque la colère de certains militaires burkinabés, après l’attaque de Koutougou sans pourtant citer contre qui ces militaires sont-ils en colère.
« Des tirs ont été entendus au camp militaire Guillaume-Ouédraogo de Ouagadougou, dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 août. Dans un communiqué, le gouvernement informe que ces tirs sont dus à la colère des soldats suite à l’attaque de Koutougou qui a fait 24 morts dans les rangs des forces armées burkinabées. Cet incident n’est pas le premier depuis l’attaque de Koutougou. Le porte-parole du gouvernement assure les populations que le calme est revenu », ajoute l’article de RFI.
Cette colère est très significative compte tenu du fait que la France ou même l’ONU se déresponsabilisent en mettant ces différentes attaques sur le dos du gouvernement ou même de l’armée nationale. Il y a plusieurs témoignages affirmant que ces attaques se passent sous leur nez et que les troupes françaises et celles de l’ONU ne font absolument rien. Ce qui remet sérieusement leur présence en question aux yeux de la population, mais aussi de l’armée nationale. Cette colère montre un ras-le-bol des soldats d’être à la solde des Occidentaux alors que sans eux, ils peuvent assurer réellement la sécurité du pays. Les pays du Sahel montrent de plus en plus leur volonté de résister à l’occupation étrangère sur leur territoire.
RDC : Tshisekedi dévoile son gouvernement
En RDC, le gouvernement est enfin nommé, sept mois après l’investiture de Félix Tshisekedi. Cette nouvelle équipe de 65 membres, fruit de plusieurs mois de tractations entre le FCC et le Cach, est marquée par la nomination de nouvelles personnalités à des portefeuilles clés comme les Finances, les Mines, la Défense, les Affaires étrangères et le Budget.
Plus d’explications avec Pierre Claver Nkodo, éditorialiste et directeur de la publication Horizons Nouveaux, magazine international paraissant à Douala au Cameroun.
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