Le site web d’Al-Jazeera a publié un article intitulé : « Les attaques sur Aden et Dammam : les Émirats ont-ils lâché leurs alliés ? »
En effet, Aden dans le sud du Yémen et Dammam à la frontière nord avec l’Arabie saoudite ont été ces derniers jours la cible d’attaques de la part des forces yéménites ; un événement qui marque un tournant dans cette guerre qui entre dans sa 5e année.
Il est dit sur le site d’Al-Jazeera que le missile balistique lancé à 8 h 30 du matin par les Houhis s’est abattu en plein cœur d’une parade militaire organisée par des mercenaires armés d’Abu Dhabi, sur le camp d’al-Jalaa dans le district d’al-Bariqa à l’ouest d’Aden.
Des explosions successives se sont ainsi produites dans une garnison près du siège des forces émiraties à al-Bariqa. C’est un missile à courte portée et un drone chargé d’explosifs qui ont permis d’infliger aux forces émiraties entrées en guerre depuis 2016 l’une de leurs plus grosses pertes, si ce n’est la plus grosse. En effet, 35 soldats et officiers, dont Munir al-Yafee, commandant de la « ceinture de sécurité », ont été tués.
Deux heures plus tard, c’est un missile d’une portée de 1 300 km qui a visé la ville saoudienne d’al-Dammam. Selon Yahya Saree, le porte-parole d’Ansarallah, la cible de l’attaque était militaire. Cette attaque suscite différentes questions sur la puissance militaire d’Ansarallah et sa capacité d’initiative à un moment où les Émirats arabes unis ont fait savoir qu’ils envisageaient de se retirer de la côte ouest du Yémen.
Un responsable militaire d’Ansarallah a déclaré sous le couvert de l’anonymat : « Ansarallah a décidé d’adopter des décisions fermes concernant la guerre et le lancement d’attaques préventives contre la coalition saoudo-émiratie et ses mercenaires. »
Dans un entretien donné à Al-Jazeera, ce dernier a affirmé : « Les attaques lancées de manière simultanée sur Aden et sur al-Dammam jettent le doute sur les capacités de défense de la coalition et elles confirment que l’Arabie saoudite et les EAU sont dans le viseur d’Ansarallah. »
Ces deux dernières attaques montrent que la ville d’Aden pourrait être reprise en l’espace de quelques heures par l’armée et les Comités populaires du Yémen.
« Le mouvement Ansarallah dispose d’une stratégie unifiée et réfléchie privilégiant la confrontation avec les Émiratis et leurs mercenaires au sud du Yémen, et ce jusqu’au retrait définitif des Émirats de ce pays. Dans ce cadre, les villes et les institutions d’Abu Dhabi deviennent des cibles potentielles, idem pour l’Expo 2020 de Dubaï. »
Le responsable militaire d’Ansarallah a ajouté : « L’attaque de la base des forces de “la ceinture de sécurité” à Aden s’est faite après une grande collecte de renseignements et à la suite d’une attaque des militaires et des mercenaires émiratis contre les combattants d’Ansarallah à Dhale. » Ce qui montre qu’il y a eu des progrès notables en matière de renseignement chez Ansarallah. La source n’a cependant pas révélé le lieu d’où avait été lancée l’attaque sur la base d’al-Jalaa.
Selon le brigadier Khaled Ghorab expert militaire, ces nouvelles attaques forcent la coalition saoudo-émiratie à revoir ses calculs et prévisions.
« Ces opérations poussent non seulement les Émiratis vers la sortie, mais en plus ils les obligent à arrêter de soutenir leurs mercenaires sur les côtes ouest et sud du Yémen. Les tactiques que pourront employer les Émiratis dans les jours qui viennent serviront certainement d’exemple aux Saoudiens. Tout comme les drones d’Ansarallah sont arrivés jusqu’au cœur du territoire saoudien, où ils ont endommagé notamment un oléoduc, Ansarallah pourra viser toute installation militaire en n’importe quel lieu. Et c’est quelque chose que l’Arabie sait pertinemment, d’autant plus qu’elle est témoin en ce moment du départ des sociétés coréennes du sol saoudien et des pertes économiques qui en résultent », a-t-il estimé.
Al-Jazeera écrit aussi : « Alors que les combattants d’Ansarallah scandent des chants de victoire, le désespoir règne chez les forces émiraties. »
Le commandant Samir Ahmed de la force Amalqa, qui comprend les derniers combattants sous contrôle émirati sur la côte occidentale du Yémen, a quant à lui déclaré dans son entretien avec Al-Jazeera : « Les Émirats ont délaissé leurs alliés au Yémen et ils sont probablement impliqués dans l’attaque du jeudi 1er août à Aden. »
Ahmed a expliqué : « Le missile lancé par Ansarallah est passé au-dessus de la base des forces émiraties dans la région d’al-Bariqa et ce n’est qu’après qu’il a frappé le camp d’al-Jalaa et tout cela sans que leur DCA ne s’active… Pour les Yéménites, la base était plus facile à atteindre que le camp, une cible de grande implorante pour ces derniers. »
Ahmed a redit qu’il considérait que l’attaque avait été préméditée par les Yéménites et les Émiratis de concert, « d’autant plus après les accords qui ont été conclus ces deux derniers jours entre des responsables émiratis et iraniens relativement à la liberté de navigation dans le détroit d’Hormuz et au renforcement de la sécurité sur les frontières communes ».
Ce dernier a ajouté : « Les EAU nous ont lâché nous et l’Arabie saoudite et ils disent aujourd’hui aux Houthis, qui sont les alliés de l’Iran, que le Yémen est désormais à votre disposition. »