Les responsables allemands sont nombreux à s'opposer à la participation de l'Allemagne à la mission de protection des navires dans le golfe Persique, sollicitée par les États-Unis.
Le social-démocrate Olaf Scholz, vice-chancelier et ministre allemand des Finances, a déclaré mercredi qu'il était très sceptique quant à la demande des États-Unis de se joindre à une « mission militaire commune » dans le détroit d'Hormuz et le golfe Persique.
Les États-Unis ont proposé de redoubler d'efforts pour soi-disant protéger le passage maritime dans le golfe Persique, au moment où les tensions montent avec l'Iran. Environ un cinquième du pétrole mondial passe par le détroit d’Hormuz.
Ainsi, Washington a officiellement demandé mardi à l'Allemagne de se joindre à la France et à la Grande-Bretagne dans une mission de « protection maritime » et pour lutter contre ce qu’ils appellent « l'agression iranienne », selon l'ambassade américaine à Berlin.
Les sociaux-démocrates de Scholz (SPD), partenaires juniors de la coalition au pouvoir d’Angela Merkel, s’opposent de manière considérable à la participation à une mission dirigée par les États-Unis.
« Je suis très sceptique à ce sujet et je pense que c'est un scepticisme partagé par beaucoup d'autres », a averti Scholz à la télévision ZDF.
Scholz a déclaré qu'il était important d'éviter une escalade militaire dans la région et qu'une telle mission risquait de déclencher un conflit encore plus grave.
Quand on lui a demandé si les partis de la coalition partageaient le même point de vue sur la demande des États-Unis, il a répondu: "Oui, c’est mon impression."
Ces propos interviennent après une mise en garde du président iranien Hassan Rohani à son homologue français lors d'un entretien téléphonique, contre les conséquences des actes provocateurs des États-Unis sur la sécurité et la stabilité des relations extrarégionales et internationales. « La République islamique d’Iran a toujours été et continuera d’être le principal garant de la sécurité et la liberté de navigation dans la région du golfe Persique, le détroit d’Hormuz et la mer d’Oman », a-t-il souligné.
De même, l'ancien chancelier allemand du parti social-démocrate, Gerhard Schröder, s'est félicité de l'opposition du SPD à rejoindre une mission de protection maritime dans le golfe Persique.
Cité par le journal allemand Rheinische Post, Schröeder qui pendant son mandat s’était opposé à l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003, a déclaré: « Je me félicite des critiques du SPD. Une opération d’envergure dirigée par les États-Unis pourrait rapidement dégénérer. »
A rappeler que la France et l’Allemagne s’étaient opposées à l’invasion américaine de l’Irak en 2001, à laquelle ont participé certains pays européens dont la Grande-Bretagne et l’Espagne.
Norbert Röttgen, membre de l’Union chrétienne-démocrate, allié d’Angela Merkel, a estimé que l'Allemagne ne devrait pas rejoindre la mission dirigée par les États-Unis.
Or, la nouvelle ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, a déclaré dans un discours prononcé la semaine dernière que l'Allemagne était un « allié fiable » pour ses partenaires de l'OTAN. Elle a toutefois ajouté: « Nous devons toujours examiner scrupuleusement les demandes de soutien de nos partenaires ». Kramp-Karrenbauer doit rencontrer mercredi le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg.
Les relations entre l'Iran et les États-Unis se sont détériorées depuis que Washington s'est retiré d'un accord nucléaire avec l'Iran l'année dernière et a rétabli des sanctions antérieures à Téhéran. L’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne prétendent vouloir maintenir l’accord en vie.