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Jeu géostratégique : les attaques en mer d'Oman visent aussi la Russie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu et le président russe, Vladimir Poutine. (Archives)

À quelques jours de la tenue de la réunion sécuritaire Russie-États-Unis-Israël à Qods, réunion sur quoi Israéliens et Russes ont bien compté pour diviser les rangs des alliés iraniens et russes de la Syrie, le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne, l'amiral Ali Chamkhani, vient d'atterrir en Russie où il va assister à une conférence des responsables de la sécurité, et ce, très justement à l’invitation de Nikolaï Patrouchev, le patron du Conseil de sécurité nationale (CSN) russe. Chamkhani devra tenir ce mardi même un discours devant ce forum qui se tiendra à Oufa, dans le sud de la Russie en présence des conseillers sécuritaires de six pays à savoir l'Iran, la Chine, l'Inde, la Russie, le Pakistan et l'Afghanistan. Son discours est axé sur le thème " Garanties pour la sécurité nationale et le développement durable à l'époque de la cyberguerre". 

Les délégations d’environ une centaine de pays du monde participeront à cette conférence se tient du 18 au 20 juin. Juste avant de partir pour la Russie, le commandant iranien a expliqué au micro de la presse comment l'Iran avait déjoué une importante tentative de cyberguerre US qui visait à la fois l'Iran, mais aussi plusieurs autres pays. Son discours en apportera évidemment les preuves.  Des centrales électriques russes ont été infectées par du code malveillant américain, ont annoncé il y a deux jours des responsables de la défense des États-Unis. Un changement de stratégie militaire numérique qui démontre que le clan américain n'en est pas à une attaque près et qu'à ses yeux, tout "compromis" avec l'ennemi, n'est qu'une ruse de la guerre.

Les autorités américaines ont évidemment refusé de préciser si le code malveillant serait capable de saboter les installations russes visées et de plonger la population dans le noir. Mais cette éventualité est tout à fait plausible compte tenu que d’autres pays l’ont déjà fait par le passé. John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche  l'a d'ailleurs très clairement annoncé quand il a dit que les États-Unis veulent « dire à la Russie, ou à quiconque est engagé dans des cyberopérations contre nous : “Vous allez en payer le prix” ». 

Ainsi quand la presse israélienne évoque de haut en large qu' à la réunion sécuritaire de Qods ( Jérusalem) des "questions sécuritaires" seront en priorité abordées et que l'axe Washington-Moscou exigera surtout à Moscou de mettre à la porte syrienne, l'Iran et ses mandataires, il faut bien y réagir avec réserve. 

Cité par Rossiyskaya Gazeta, le secrétaire adjoint du Conseil de sécurité russe Alexander Venediktov revenait d'ailleurs sur cette fameuse réunion sécuritaire : " Les pourparlers russo-américains sur la Syrie ont été entravés depuis longtemps, mais la partie américaine fait preuve de suffisamment de volonté politique et nous sommes maintenant prêts à tenir une réunion avec les dirigeants du Conseil de sécurité de Russie, des États-Unis et d’Israël dans les deux prochaines semaines. Mais toute mesure prise conjointement par la Russie, les États-Unis et d’autres pays au sujet de la Syrie et du Moyen-Orient devra impérativement prendre en compte les intérêts de toutes les parties, y compris l’Iran.  ". 

C'est dire à quel point la Russie est bien consciente de l’irréversibilité des liens qui se sont tissés entre elle et la Résistance depuis son grand retour sur la scène du Moyen-Orient. Dans un entretien accordé à Sputnik,  Pierre Azar, expert libanais en questions géopolitiques et économiques, revient sur cette irréversibilité des liens en commentant l'incident pétrolier en mer d'Oman. Il affirme qu’en plus de l’Iran, ouvertement menacé de représailles militaires par les États-Unis, la Russie constituait également une cible de ce jeu géopolitique.

Pour Azar, afin de bien saisir les dessous de cette situation de tension grave dans la région du golfe Persique, «il est nécessaire de comparer la situation actuelle du monde à celle qui a prévalu dans les années 1930, et qui a débouché sur la Seconde Guerre mondiale (1939-1945)». «Bien entendu, il ne s’agit pas d’affirmer par extrapolation que le monde connaîtra inévitablement une troisième guerre mondiale, chose qui est impossible [en raison entre autres du stock d’armes nucléaires existant dans le monde, ndlr]», a-t-il ajouté, précisant «que le but est seulement d’expliquer le chaos que connaissent plusieurs régions sur la planète».

«Les néoconservateurs qui contrôlent actuellement le département d’État américain voient d’un très mauvais œil le puissant retour de la Russie sur la scène internationale», a-t-il confié, ajoutant qu’ «en cas de guerre, l’Iran serait dans ce schéma géopolitique et géostratégique le ventre mou d’un conflit qui viserait l’Eurasie et l’Asie centrale, donc toute la partie sud de la Fédération de Russie.»«Le but est le contrôle de la mer Caspienne et des lignes d’acheminement du pétrole et du gaz, comme celui du Kazakhstan», a-t-il expliqué.

Pour le spécialiste Azar, s'il y a une partie qui a intérêt à déclencher la guerre entre d'une part l'Iran et la Russie et de l'autre les États-Unis, car les Israéliens  n'ont aucun intérêt à ce que la Russie et les États Unis tombent d'accord en Syrie, au risque de voir leurs propres intérêts ignorés. Après tout la Russie n'irait jamais se contenter de rester en Syrie. D'ors et déjà, elle s'active au Liban et la présence russe dans le secteur gazier libanais inquiète Tel-Aviv. Idem pour l'Irak où Américains et Israéliens craignent une montée en puissance de la Russie. Le retour en force de la Russie réveille les vieux démons "soviétiques" aux yeux des Russes et Israéliens. Au sommet de Qods (Jérusalem), Américains et Israéliens tenteront surtout de barrer la route à la Russie sur le dos de l'Iran. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV