À peine quelques heures avant que le président iranien annonce la décision de l'Iran de réduire ses engagements pris dans le cadre de l'accord nucléaire, le ministre iranien des A.E est arrivé à Moscou où de nombreuses questions y compris la Syrie, l'accord nucléaire et évidemment la situation dans le golfe Persique ont été évoquées. Alors que les Américains se dirigent volontairement dans le sens d'une confrontation militaire avec l'Iran, en ayant blacklisté les forces armées iraniennes, la question qui se pose est celle-ci : où se positionnera la Russie au cas où une confrontation militaire USA/Iran venait à éclater?
À Moscou, le ministre iranien des Affaires étrangères a affirmé que l’Iran ne se retirera pas du Plan global d’action commun et agira entièrement dans le cadre de cet accord mais qu'il n'était plus possible de maintenir le statut quo. Téhéran a annoncé, mercredi 8 mai, une réduction de ses engagements pris au titre de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien, un an après la décision US de sortir unilatéralement de ce pacte et surtout l'inaction de l'Europe pour empêcher l'effondrement du PGAC. À l'opposé de l'axe occidental, les deux autres signataires que sont la Russie et la Chine, n'ont cessé de multiplier les initiatives dans le sens d'un allègement des impacts du retour des sanctions contre l'Iran, la Chine et la Russie étant elles-mêmes cibles des sanctions US.
« Nous sommes tous les deux opposés aux politiques unilatérales américaines aussi bien à l'égard du PGAC que de la crise au Venezuela. Nous avons travaillé ensemble et nous travaillerons encore aussi bien en Syrie, qu'au Venezuela ou encore en Syrie. D'ailleurs en Syrie, la coopération russo-turco-iranienne, la lutte contre le terrorisme et les efforts visant à mettre fin à la guerre dans ce pays font partie des efforts accueillis par la communauté internationale. En effet cette entente tripartite a enrayé jusqu’à maintenant la propagation de la violence en Syrie. »
L'Iran et la Russie, deux partenaires stratégiques dans la région
Dans une autre partie de ses propos, le chef de la diplomatie iranienne s'est intéressé plus particulièrement à l'aspect stratégique des coopérations irano-russes et dit : « L’Iran et la Russie sont deux partenaires stratégiques dans la région. Notre partenariat se poursuivra et nous en discuterons également aujourd’hui. »
« En Iran comme en Russie ou encore en Chine, on sait parfaitement que dans l'optique de Washington, une guerre contre l'axe anti-atlantiste devra viser à la fois Téhéran, Moscou et Pékin. Si l'escalade des tensions dans le golfe Persique finissait par déboucher sur une confrontation militaire USA/Iran, la Russie et la Chine ne seraient rester indifférentes dans la mesure où le champ d'action ou mieux dire, de guerre US continue à s'amplifier. Les Américains ont réussi déjà à faire infiltrer les terroristes takfiristes très largement sur le territoire russe. Et en Chine, la province occidentale Xin Jiang fait déjà figure du front de guerre, la minorité Ouïghour étant déjà largement la cible des tentatives de radicalisation saoudo-turque. À Idlib, les terroristes chinois font partie des éléments les plus radicaux et ce sont eux qui tirent des missiles contre les positions syro-russes ou envoient même des drones s'abattre sur la base aérienne russe. Ni les Russes, ni les Chinois ne pourraient donc par définition ne pas s'engager aux côtes de l'Iran au cas d'un conflit avec les Américains », estime Hadi Mohammadi, l'analyste des questions du Moyen-Orient.
« Les forces navales russes et iraniennes prévoient d'organiser des manœuvres conjointes dans les prochains mois », a d'ailleurs récemment annoncé le commandant de la Marine iranienne qui a souligné l'arrivée des bâtiments russes dans des ports du sud de l'Iran en vue d'une collaboration «technique, éducative et opérationnelle» avec les marins iraniens. « Ce genre d'initiative semble bien qu'en cas de confrontation, la Russie voire la Chine seraient disponibles à s'engager. Car le front ouvert dans le golfe Persique aura des répercussions immédiates sur le front déjà existant en Méditerranée oriental où la Russie s'oppose aux USA et à l'OTAN », ajoute l'expert qui fait remarquer la solide coopération irano-russe non seulement en Syrie mais aussi au Venezuela où l'État se trouve au cœur même d'une dynamique de guerre menée par les États-Unis : « en effet la victoire de la Russie et de la Chine dans la guerre qu'elles mènent pour un ordre multipolaire est due en grande partie à la victoire de l'Iran et du Venezuela face aux États-Unis. »