TV

Idlib et Euphrate-Est : deux fronts de bataille s’ouvriront du jour au lendemain

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou (G), reçu par le président syrien, Bachar al-Assad, le mardi 19 mars 2019 à Damas. ©SANA

« L’objectif de la tournée moyen-orientale de Pompeo, qui pourrait l’amener également à Bagdad et Beyrouth, consiste à éloigner l’Irak de l’Iran et à nuire à l’alliance qui se renforce chaque jour un peu plus entre ces deux pays. » Mais ses efforts sont voués à l’échec à cause de la volonté irakienne de se rapprocher de l’axe de la Résistance, ajoute le journaliste arabe Abdel Bari Atwan.

L’éditorialiste du journal arabophone Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, écrit qu’à travers la visite dans la région de son secrétaire d’État, Mike Pompeo, Washington veut transmettre le message à ses alliés arabes : « Les États-Unis vont rester en Irak ; attendez-vous à des surprises ! »

Déjà en Syrie, les Américains ont fait perdurer une crise qui vient d’entrer dans sa neuvième année et l’un des objectifs de cette approche consistait à éloigner la Syrie de l’Iran, soit par les voies pacifiques, dont la proposition de plusieurs milliards de dollars d’aide financière, soit en mobilisant plus de 60 pays du monde et en fournissant des équipements et formations militaires aux groupes extrémistes et terroristes, ajoute Rai al-Youm.

D’après Abdel Bari Atwan, les États-Unis cherchent maintenant à reproduire le même scénario d’une façon différente en Irak, qu’ils veulent éloigner de l’Iran. « C’est très probablement l’objectif principal de la tournée moyen-orientale de Mike Pompeo qui, jusqu’ici, a effectué une visite au Koweït. Et c’est possible que cette tournée l’amène par la suite à Bagdad et Beyrouth », ajoute l’expert.

Atwan rappelle pourtant que la stratégie américaine en Syrie avait échoué avec plus de 90 milliards de dollars de perdus, et de ce fait, il estime très peu probable que les efforts américains pour éloigner l’Irak de l’Iran puissent aboutir. « Ces efforts pourront même apporter des résultats inverses, par exemple, le démantèlement des bases US avec le retrait de plus de 5 500 soldats américains », ajoute-t-il.

L’organisation il y a quelques jours à Damas de la réunion des chefs d’état-major syrien, irakien et iranien prouve, selon Rai al-Youm, une importante réalité qu’ignorent les Américains, ceux-là mêmes qui ont dépensé plus de sept trillons de dollars au cours de la guerre en Irak et son occupation.

« Cette réalité est que l’Irak a bel et bien rejoint l’axe de la Résistance dirigée par l’Iran et qu’il s’apprête à mettre fin à la présence des Forces démocratiques syrienne (FDS), supplétifs des Américains à l’est de l’Euphrate et dans le Nord-Est syrien. L’Irak s’apprête aussi à rouvrir ses frontières avec la Syrie et à revivifier le “croissant fructueux” toujours dans le cadre d’un axe de la Résistance comprenant la Syrie, l’Iran, en plus de l’Irak. L’Irak contribue également à créer des couloirs terrestres pour assurer la liaison entre son voisin iranien et les rives de la Méditerranée. »

Atwan rappelle ensuite que tous ces échecs ont provoqué l’ire des États-Unis qui, comme un « tigre blessé », procèdent à des « attaques hystériques » sur divers plans, dont voici quelques exemples :

– La suppression de l’adjectif « occupé » des appellations d’usage pour parler du Golan, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza ;

– L’application d’un second lot de sanctions anti-iraniennes attendues dans presque un mois et qui visent à réduire à zéro les exportations pétrolières de ce pays ;

– Le durcissement des sanctions contre le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien ;

– Inciter les États arabes à tergiverser dans les négociations visant à normaliser leurs relations avec la Syrie et cela, en faisant obstacle au processus du retour de Damas au sein de la Ligue arabe. 

Abdel Bari Atwan estime qu’après l’ajout du nom de Hezbollah, c’est-à-dire aussi bien sa branche politique que militaire, sur la liste noire des groupes terroristes, la prochaine étape de cette approche consistera à « ajouter les Hachd al-Chaabi à la même liste, à reconnaître la souveraineté israélienne sur le Golan et à annoncer la teneur du Deal du siècle. »

Selon l’analyste arabe, le dernier épisode susmentionné permettrait aux Israéliens d’en finir avec ce qui reste de la cause palestinienne, laissant présager d’autres mesures illégales, y compris l’annexion des colonies israéliennes en Cisjordanie, l’installation d’une synagogue sur l’Esplanade des mosquées à Qods et l’annulation complète du droit au retour des réfugiés palestiniens.

Le Deal du siècle, dont le contenu devrait être annoncé après les élections législatives israéliennes, est en fait une déclaration de guerre à laquelle adhèrent Donald Trump et Benjamin Netanyahu, précise Atwan.

Dans une telle conjoncture, Atwan estime que la visite du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, à Damas et sa rencontre avec le président Assad n’est pas moins importante que la tournée moyen-orientale du secrétaire d’État américain.

« Étant donné les communiqués officiels russe et syrien suite à cette visite qui a eu lieu deux jours après la réunion tripartite syro-irako-iranienne à Damas, on peut présumer que les entretiens du ministre russe de la Défense en Syrie se sont focalisés sur la rive est de l’Euphrate et la ville d’Idlib. » Cela veut dire, d’après l’article, que du jour au lendemain, deux fronts de bataille pourraient s’ouvrir dans ces deux zones.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV