À mesure que le projet de loi stipulant la fin de la présence des militaires étrangers en Irak devint sérieux, la panique s'amplifie de l'autre bord de l’Atlantique. Commentant d'ailleurs la récente visite du président Rohani en Irak, le secrétaire d'état US n'a pas pu s'empêcher de manifester sa colère et sa rage à l'idée d'avoir bientôt à quitter la Mésopotamie. La situation est si grave que même l'allié saoudien de Washington a choisi de dépêcher un émissaire à Bagdad pour rencontrer le commandant en chef des Hachd al-Chaabi, ce qui a été interprété par les analystes comme étant un aveu d'impuissance. Signe des temps, un commandant des Hachd al-Chaabi a appelé le gouvernement irakien à riposter aux déclarations interventionnistes d’une autorité du département d’État américain au lieu d'observer le silence.
Lors d’une interview publiée par le site d’information irakien, Al-Maalomah, Ali al-Hosseini, commandant et porte-parole des Hachd al-Chaabi a appelé le Premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, à convoquer l’ambassadeur américain en Irak pour lui notifier les vifs mécontentements de Bagdad suite à la récente prise de position de Washington concernant les Hachd al-Chaabi.
« S’en prendre aux Hachd al-Chaabi qui font partie des forces sécuritaires en Irak constitue une violation à la souveraineté de l’Irak. Les États-Unis n'ont nullement droit de le faire et ils risquent d'en payer le prix », a affirmé Ali al-Hosseini le samedi 16 mars.
Le porte-parole des Hachd al-Chaabi a affirmé qu’il appartient au gouvernement irakien de réagir aux propos de Robert Palladino, porte-parole adjoint du département d’État américain en prenant des "mesures préventives" visant à contrer "les ingérences de Washington" mais surtout du président américain au sujet des Hachd al-Chaabi et de l’Irak.
Les mesures préventives signifieraient entre autres de faire en sorte que l'action politique et militaire des États-Unis soit réduite au maximum avant même que le parlement se penche sur le projet de loi prévoyant le retrait des bases Us d'Irak.
Le porte-parole adjoint du département d’État américain avait qualifié les combattants de Hachd al-Chaabi ayant largement contribué à l’échec de Daech ainsi qu’à la libération des régions occupées irakiennes, de « forces sectaires ». Or cette force qui opère aussi bien dans des régions sunnites et kurdes comptent une grande partie de forces sunnites et chrétiennes, turkmènes,... dans ses rangs.
Réagissant aux propos de Palladino, la commission sur la sécurité et la défense du Parlement irakien a mis en garde que ce genre de déclarations ciblait la souveraineté de l’Irak et que le temps de tenir gratuitement des propos interventionnistes est bel et bien révolu.
Dans l’espoir de contrer la présence dynamique des Hachd al-Chaabi qui a pour objectif d’expulser les occupants, les États-Unis déploient tous leurs efforts pour créer de nouvelles bases militaires en Irak, ce à quoi s’oppose vigoureusement l’État-Irakien.
Dans une interview accordée le 28 janvier à l’Associated Press (AP), Qais Al-Khazali, secrétaire général du mouvement Asaib Ahl al-Haq, s’est dit assuré que plus de la moitié des parlementaire irakiens exigera le retrait des forces étrangères. Il est d’accord pour qu’un « petit groupe de conseillers et de formateurs pour les questions de logistique » restent en Irak, mais à condition qu’un comité mixte fixe leur nombre et le lieu où ils seront employés.
Et, il dit ce qu’il fera si les troupes américaines ne quittent pas le pays : « Si les Etats-Unis imposent leur présence par la force, l’Irak sera en droit de les chasser par la force ».
Certaines sources s'interrogent sur la réaction américaine au cas où le Parlement voterait le retrait. « Difficile de voir les marines US s'attaquer directement aux Hachd et aux forces de sécurité. Ils se penchent plutôt pour une réactivation de Daech ou la formation des “contras” à l'étranger pour affronter les Hachd al-Chaabi. Mais le temps joue contre les USA d'où sans doute leur appel à l'adresse des Saoudiens pour qu'ils commencent à nouer des contacts avec les Hachd pour prévenir le pire », estime Hadi Mohamadi, l'analyste des questions internationales. « Cette semaine, l'Irak a bloqué les avoirs du fils de Ben Laden ajoutant son nom sur sa liste noire. C'est bien significatif quand on sait que les États-Unis comptent largement sur l'argent pour former les contrats anti-Hachd. »