L'armée israélienne et les milieux sécuritaires en Israël s’opposent au plan de Washington destiné à reconnaître l'annexion par Israël du Golan occupé syrien. C'est qu'ils savent bien que toute démarche entreprise dans ce sens aura des répercussions "militaires" non négligeables. Mais Netanyahu continue à jouer du Golan comme d'une carte "électoraliste".
Cité par le journal Al-Quds Al-Arabi, Israel Hayom, le quotidien proche du Premier ministre Benyamin Netanyahu, a révélé que les hautes autorités sécuritaires du régime de Tel-Aviv s’opposaient au plan que le Congrès américain veut approuver pour reconnaître pleinement la souveraineté israélienne sur le Golan syrien occupé.
Les services de sécurité israéliens estiment qu’il faut empêcher pour le moment l’approbation de ce projet de loi soutenu conjointement par les Républicains et les Démocrates au Congrès des États-Unis. Dans une lettre adressée au Sénat américain, les hauts responsables de la sécurité israéliens ont estimé préférable que les États-Unis évitent de ratifier une telle loi, au moins à l'heure actuelle, rapporte Israel Hayom. Les milieux militaires et sécuritaires en Israël affirment d'ailleurs que le front intérieur s'est nettement tendu, depuis que les États-Unis ont mis en avant leur "deal du siècle" et transféré leur ambassade à Qods.
Les signataires de cette lettre prétendent que la souveraineté israélienne sur les hauteurs du Golan syrien serait "une réalité indéniable" et que l’approbation d’une loi américaine pour la reconnaître n’aurait d’autres conséquences que tensions et controverses.
Cette demande a surpris les législateurs américains qui croyaient rendre le plus grand service aux intérêts d’Israël. D’ailleurs, les membres du Congrès se disent déçus du peu d'enthousiasme exprimé par les responsables militaires et sécuritaires de Tel-Aviv à leur initiative.
Danny Danone, ambassadeur d’Israël aux États-Unis, a été l'une des rares personnes à avoir soutenu le projet de loi en question. En outre, Zvi Hauser, candidat aux prochaines élections du Parlement israélien, a déclaré que la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien occupé devrait se fonder sur une "stratégie précise" et un "cadre diplomatique", "surtout après le retrait des troupes américaines de Syrie".
Zvi Hauser a déclaré au journal Israel Hayom: "Au lieu de s’attendre à un changement de position des États-Unis, le gouvernement israélien doit essayer de changer la réalité sur le terrain. Ce n'est pas par des textes que les choses changent sur le terrain mais par des actes."
Le bureau de Netanyahu a annoncé que le Premier ministre avait contacté à plusieurs reprises le président américain Donald Trump pour insister sur la nécessité de la reconnaissance américaine de la souveraineté illégale d’Israël sur les hauteurs du Golan syrien.
"Deal du siècle a enflammé le front sud et le front intérieur. Il ne nous manque qu'un texte reconnaissant le Golan israélien ! Ce sera alors la guerre ouverte sur le front nord avec le Hezbollah et l'Iran plantés en Syrie", affirme un analyste anonyme cité par le journal.
Se référant à la demande de Netanyahu, le quotidien Israel Hayom affirme que le bureau du Premier ministre n’était pas au courant de l’opposition des responsables sécuritaire à ce projet de loi américain.
Depuis deux ans, Washington exerce ses pressions sur Tel-Aviv pour que la partie israélienne confirme solennellement sa demande pour que les États-Unis la reconnaissent en tant qu’une étape de la fin de la guerre en Syrie.
En décembre 2018, deux sénateurs républicains ont adressée une lettre au Sénat américain en proposant l’élaboration et l’approbation d’un projet de loi dans ce sens pour encourager Israël à revendiquer officiellement la reconnaissance de sa souveraineté sur le Golan syrien occupé. Par la suite, les États-Unis prétendraient que la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan syrien serait une punition pour le président syrien Bachar al-Assad.