« À bas l’Amérique ! Vive Poutine ! » Des protestataires haïtiens sollicitent l'aide de la Russie contre le régime au pouvoir qu’ils qualifiaient de « marionnette des États-Unis ».
Un reportage de l'AFP en français diffusé au cours du week-end représente des photographies surprenantes montrant des Haïtiens en train de brûler des drapeaux américains, alors que les troubles et le chaos persistaient, en particulier, dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince.
Cela fait quelques jours que les grandes villes haïtiennes sont pratiquement toutes « bloquées » en raison des manifestations de masse exigeant la démission du président Jovenal Moise, celui même que les manifestants haïtiens accusent de corruption et de mauvaise gestion du pays, avec une inflation galopante à son actif.
Contrairement au Venezuela, où les États-Unis ont tout de suite annoncé leur appui aux émeutiers soutenant Juan Guaido, ancien chef de l’Assemblée nationale s’étant autoproclamé président en exercice ; en ce qui concerne Haïti, Washington a apporté son soutien au chef de l’État qui fait l’objet, depuis 2017, de critiques et d’une vague de colère populaires.
Le rapport de l'AFP décrit certains éléments anti-américains des manifestations.
Un groupe de manifestants ont brûlé un drapeau américain vendredi après-midi au cœur de la capitale haïtienne, appelant à l'aide la Russie pour résoudre la crise qui paralysait le pays pendant plus d'une semaine.
Le manifestant qui a incendié le drapeau américain a déclaré à l'AFP: « Nous demandons à la Russie, au Venezuela et à la Chine de jeter un regard sur la misère dans laquelle nous vivons ici. »
Ces manifestants dénoncent une politique haïtienne dépendant depuis longtemps de Washington, faisant appel à la Russie et à la Chine.
Selon quelque 200 participants au rassemblement, l'ancien président haïtien Michel Martelly et son successeur, l'actuel chef de l'État, Jovenel Moise, sont parvenus au pouvoir à l’aide des États-Unis.
Au cours du week-end, la Maison-Blanche a annoncé son appui au gouvernement de Jovenel Moise, appelant au calme les protestataires haïtiens.
Il y a des semaines, Washington a commencé à exercer une grande pression sur Port-au-Prince pour qu'il rompe les liens avec le gouvernement légitime de Nicolas Maduro au Venezuela. Et ces pressions semblent avoir porté leur fruit.
Plus tôt ce mois-ci, le gouvernement haïtien a cédé aux pressions US, alimentant la rage aux protestataires dont beaucoup étaient déjà fâchés contre les impacts négatifs que les sanctions pétrolières américaines imposées au Venezuela auraient sur Haïti.
Ainsi, le suivisme du gouvernement de Jovenal Moise envers les États-Unis était en fait la goutte qui a fait déborder le vase dans un scandale politiquement complexe, et qui a pris de l'ampleur à la suite de l'accord PetroCaribe. En fait, le gouvernement haïtien est accusé de corruption dans la gestion financière de cet accord.
Ces derniers jours, le département d’État US a par ailleurs exhorté tous les ressortissants américains se trouvant en Haïti à quitter ce pays, demandant à d’autres citoyens américains d’éviter les déplacements non nécessaires à destination de Haïti.