Anwar Gargash, ministre d’État émirati aux Affaires étrangères a, une fois de plus, menacé d’utiliser des forces supplémentaires et plus compétentes pour attaquer la ville yéménite de Hudaydah et chasser les combattants d’Ansarallah. Mais pourquoi cette menace?
Cette menace de la part d’Anwar Gargash n’est pas chose nouvelle ; il avait déjà annoncé, à maintes reprises, des attaques des agresseurs et mercenaires contre l’aéroport de Hudaydah et son occupation et l’accès au centre-ville. Toutes ces allégations ont été, jusqu’ici, irréelles et injustes, mais le point qui mérite réflexion est que ses nouvelles menaces tombent justement 40 jours après la signature de l’accord de paix de Stockholm et l’annonce de son respect par les Émirats arabes unis.
Puisque les Émiratis sont le principal sponsor de nombreux groupes terroristes (les groupes salafistes du Sud affiliés à Al-Qaïda et Daech, NDLR) opérant sur la côte ouest et aux alentours de la ville de Hudaydah, il n’y a plus l’ombre d’un doute qu’Abou Dhabi ne veuille pas d'un succès de l’accord de Stockholm. Les Emirats revendiquent en revanche que la guerre est la seule solution.
Abdul Wahab al-Mahbashi, membre du Conseil politique d’Ansarallah a mis en garde Anwar Gargash, ministre d’État émirati aux Affaires étrangères, pour avoir proféré des menaces contre Hudaydah. « Nous disposons d’informations fiables sur les vastes tentatives d’Abou Dhabi visant à faire capoter l’accord de Stockholm et à attaquer la ville de Hudaydah et ses ports », a-t-il indiqué.
Il a ajouté que « les Émirats cherchent à réduire à néant Hudaydah et ses ports dans le but de porter atteinte au peuple yéménite et de détruire les infrastructures de la ville ; voilà pourquoi ils ne ménagent aucun effort pour entraver le processus d’accès à une solution politique ou l’application de l’accord de Stockholm ».
Le chef du Comité révolutionnaire yéménite Mohamed Ali al-Houthi va aussi de son commentaire : « Nous transformerons Hudaydah en un enfer si les Émirats s'y avanturent ! » Dans un message sur Twitter, al-Houthi a écrit : « Il n’est pas facile de s’emparer de Hudaydah. Soit la paix et la trêve se rétabliront, soit les agresseurs et mercenaires se verront en enfer ! »
Mais qui poussent les Emirats à briser la trêve?
Des raisons semblent multiples : Certains rapports témoignent des actes inhumains des Émirats arabes unis à l’encontre des prisonniers pro-Riyad et de l'impact que ces tortures ont laissés sur la présence émiratie au Yémen : la détention dans des prisons secrètes, la pratique de la torture en tout genre et les abus sexuels ne sont pas chose à s'oublier aussi facilement.
Mais derrière les Emirats, il y a les Etats-Unis. Le journal américain Daily Beast a réalisé une enquête importante sur le rôle des inspecteurs américains dans la torture des prisonniers des prisons d’al-Mokha, Aden, Mukalla et Chabwa. Le journal américain a également publié les témoignages de deux anciens prisonniers qui avaient coopéré avec Abou Dhabi dans la guerre contre l’armée yéménite et Ansarallah. Ledit rapport fait état de la présence d’au moins un inspecteur américain lors des tortures barbares de ces deux prisonniers ; il les a molestés, fait usage de choc électrique et de chiens enragés et a pratiqué des abus sexuels. Selon Daily Beast, les officiers US assistaient aux séances de torture et murmuraient à l’oreille de du tortionnaire émirati. Selon les analystes, ce sont les États-Unis qui poussent Abou Dhabi à une guerre ouverte contre Hudaydah et à une violation des droits du peuple yéménite.
Pourquoie? le besoin de la vente d'armements entres autres. S'il est vrai que Hudaydah entre bien dans les calcules géostratégiques de Washington, il est aussi vrai qu'un sursaut de la guerre pourrait justifier davantage de contrats d'armement signés entre Washington et la petite monarchie de Mohamad Ben Zayed. Après avoir noyé Riyad dans les sables yéménites, les Etats-Unis veulent refaire le même coup à MBZ. Car Hudaydah n'est pas une proie facile.