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Ce qui inquiète désormais le duo Israël-USA dans l’est de la Syrie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le système de défense antiaérien russe S-300. (Photo d'archives)

C’est à la demande pressante d’Israël que les États-Unis auraient fini par renoncer au retrait de leurs forces d’al-Tanf. Le régime de Tel-Aviv a bien peur que la Résistance irakienne, largement présente dans cette région, s’y installe définitivement. Soit. Mais ce n’est peut-être pas la seule raison.

Les troupes américaines installées dans un petit avant-poste dans le sud de la Syrie pourraient se préparer à un séjour plus long, alors même que l’administration et les responsables militaires américains prétendent examiner en détail le plan de retrait du président Donald Trump, ont prédit les autorités israéliennes et américaines citées par Bloomberg.

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Après l’annonce de la décision du président américain de retirer ses troupes de Syrie, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a demandé à plusieurs reprises au président américain de maintenir ses forces sur la base militaire d’al-Tanf en Syrie, arguant que même si les forces américaines ne font pas grand-chose, leur simple présence empêchera que les « proxies iraniens » puissent étendre leur présence, ont confié plusieurs hautes autorités israéliennes sous couvert d’anonymat.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait de son mieux, d’autant qu’il a l’oreille du président américain, a confié un haut diplomate américain.

Cet argument a tout son sens pour les faucons anti-iraniens au sein de l’administration américaine, dont le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, qui s’est prononcé contre un retrait rapide des États-Unis. Lors d’un récent voyage en Israël et en Turquie, Bolton a indiqué qu’il n’était pas urgent de retirer des troupes US d’al-Tanf. Bolton parlait d’une présence américaine à long terme, comme le souhaite Israël.

En outre, après l’échec cuisant de sa guerre militaire contre la Syrie, l’administration américaine tente à présent de lancer une guerre économique contre Damas, mais aussi de diminuer la popularité du président Bachar al-Assad par tous les moyens, consciente qu’elle est de la notoriété publique dont bénéficie l’inoxydable président syrien. Al-Tanf servirait aussi à mener un régulier travail de sape contre l’État syrien. 

Les S-300 à al-Tanf

Mais est-ce l’insistance israélienne qui serait à l’origine du refus des Américains de quitter al-Tanf ?

Établie à l’origine pour soi-disant lutter contre le groupe terroriste Daech, la base américaine d’al-Tanf constituait à vrai dire un terrain d’entraînement pour les terroristes takfiristes, ainsi que l’a dénoncé à plusieurs reprises la Russie. 

Se basant sur les sources fiables, la revue Foreign Policy, avait auparavant rapporté que l’administration américaine avait l’intention de maintenir une partie des troupes US à al-Tanf, compte tenu du positionnement stratégique de cette base située dans la province de Homs, à proximité des frontières irakiennes.

Le débat sur ce qu’il faut faire avec al-Tanf révèle les objectifs des États-Unis en Syrie, qui vont au-delà de la justification officielle de la défaite du groupe terroriste Daech. 

En effet, les analystes US disent ne pas savoir comment les États-Unis pourraient maintenir une présence relativement réduite ne dépassant pas quelques centaines de soldats à al-Tanf alors que Bachar al-Assad, le président syrien, réaffirmera son emprise sur le reste du pays, poursuit Boomberg.

Selon Aaron Stein, directeur du programme du Moyen-Orient à l’Institut de recherche sur les politiques étrangères de Philadelphie, même si les États-Unis résistent à cette pression, il est peu probable que leurs troupes obtiennent de grands résultats à al-Tanf. Stein constate un décalage entre les grands discours géostratégiques concernant la base et la réalité d’un petit avant-poste isolé dans le désert, entouré de forces hostiles.

« Survolée tous les jours par la Russie et l’Iran, al-Tanf est une poudrière que la moindre étincelle pourra faire exploser », a souligné Stein, avant de conclure : « Il n’y a pas de stratégie ici. » En effet, si les États-Unis tiennent à préserver leur présence dans ce petit poste militaire, c’est que la Russie aurait déployé des S-300 dans la zone. 

Début janvier, le Premier ministre israélien a été dépêché à Bruxelles pour s’entretenir avec Pompeo, entre autres de la Syrie. Selon des sources militaires, le problème le plus urgent auquel sont confrontés les Américains et les Israéliens n’est pas tant la présence militaire iranienne que « la nouvelle menace que représente le transfert par le ministère russe de la Défense de 100 batteries S-300 de Masyaf à Deir ez-Zor, et ce, malgré les avertissements américains de ne pas aggraver la situation militaire en Syrie ».

« Au lieu d’expédier plus d’armes, Moscou a acheminé des missiles de défense aérienne de l’ouest de la Syrie vers l’est pour ouvrir un nouveau front près des bases américaines, dans le but de déployer un bouclier de défense antiaérienne russe à l’est de la Syrie et de surveiller l’US Air Force. À cet égard, la Syrie pourrait pénétrer dans l’espace aérien irakien, ce qui n’était pas le cas auparavant. En déployant les S-300 à Deir ez-Zor, une première menace directe vient d’être adressée aux forces américaines à l’est de la Syrie. Le S-300 compromet les projets américains visant à créer une entité kurde syrienne et dissuade Israël de frapper l’Est syrien. »

Reste à savoir si un petit poste militaire comme al-Tanf, sera, oui ou non, en mesure de percer enfin l’énigme des S-300. Au cours de sa dernière frappe contre la Syrie, celle du 21 janvier, Israël a soigneusement évité d’envoyer ses appareils s’aventurer dans le ciel syrien. Les Américains, eux, s’inquiètent outre mesure : avec les S-300 implantés à Deir ez-Zor, il est difficile de frapper les Hachd al-Chaabi, non seulement en Syrie mais aussi en Irak. Et puis que faire si les Soukhoï syriens décidaient un jour de franchir l’espace aérien syrien pour aller frapper quelques objectifs pro-US en Irak....

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SOURCE: FRENCH PRESS TV