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Poutine réactive l’accord d’Adana conclu entre Ankara et Damas

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un véhicule militaire turc lors d’une patrouille avec des troupes américaines près de la ville de Manbij, début novembre 2018. ©AP

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a rencontré le 23 janvier à Moscou son homologue russe Vladimir Poutine, a tenté à cette occasion de persuader la partie russe d’accepter l’instauration d’une zone tampon dans le Nord syrien.

Au cours des dernières années, le chef de l’État turc a suggéré aux États-Unis et à l’Europe que les Unités de protection du peuple (YPG), déployées dans le nord de la Syrie, et les groupes politiques et militaires affiliés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) étaient des organisations terroristes.

Mais les responsables américains et européens ont refusé à plusieurs reprises d’accréditer cette thèse. Ils ont fait valoir que les éléments du PKK menaient une lutte acharnée en Syrie contre les groupes terroristes, y compris Daech.

La Russie, bien qu’elle ait refusé d’accepter les positions de la Turquie sur le PKK et ne partage pas à ce propos les mêmes points de vue qu’Ankara, a constamment tenté d’empêcher la Turquie de passer à l’acte en Syrie, compte tenu de l’importance de la coopération Moscou-Ankara à Idlib.

En outre, la Russie a aidé la Turquie lors de deux des étapes les plus importantes. D’abord, elle a accepté de ne pas inviter les dirigeants du Parti de l’union démocratique (PYD) et les hommes politiques affiliés au PKK aux sommets d’Astana, de Genève et de Sotchi. Ensuite, Moscou a donné son feu vert à Ankara pour attaquer Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie.

Le comportement de fin stratège de Vladimir Poutine dans le dossier syrien a incité la Turquie à se rapprocher de la Russie.

Ces derniers mois, le président turc a annoncé à plusieurs reprises qu’il envisageait d’attaquer bientôt l’est de l’Euphrate et de s’emparer des zones à population kurde en Syrie pour empêcher les éléments du PKK de se réfugier de l’autre côté de la frontière. C’est pourquoi Ankara a dépêché 80 000 soldats et plus de 5 000 combattants de l’Armée syrienne libre dans les zones frontalières. Mais en raison de l’opposition américaine et des manœuvres stratégiques de Poutine, l’attaque d’Erdogan contre l’est de l’Euphrate ne s’est pas encore concrétisée.

Une délégation sécuritaire et politique turque, composée des ministres turcs de la Défense et des Affaires étrangères, respectivement Hulusi Akar et Mevlüt Çavusoglu, ainsi que du chef du service de renseignement, Hakan Fidan, s’était rendue à Moscou pour obtenir l’aval de la Russie en vue de lancer une attaque contre l’est de l’Euphrate. Mais ils sont rentrés bredouilles.

Erdogan donc a décidé de se déplacer en personne à Moscou pour tenter de circonvenir le président russe.

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le 23 janvier à Moscou. ©AFP

Contrairement aux prévisions, Vladimir Poutine n’a pas donné à Erdogan la permission d’attaquer l’est de l’Euphrate. Nonobstant, en recourant à une stratégie intelligente, le chef du Kremlin a réussi à apaiser Ankara.

Poutine tente en effet de rapprocher progressivement Ankara de Damas. C’est pourquoi il a souligné lors de sa récente conférence de presse la nécessité que la Turquie et la Syrie reviennent à l’accord d’Adana. Erdogan, sur la recommandation de Vladimir Poutine, a annoncé que cet accord serait à nouveau mis sur la table.

L’accord d’Adana est un accord signé le 20 octobre 1998 à Adana entre la Syrie et la Turquie. Il engage les autorités syriennes à lutter contre le PKK sur leur territoire. Il s’agit de l’un des textes ayant permis une normalisation des relations entre les deux pays.

Entre 2011 et 2012, Erdogan a renforcé l’accord d’Adana. Il est parvenu à le faire adopter par l’Assemblée nationale turque. Il faut maintenant voir si, dans les conditions actuelles, Erdogan poursuivra, comme le souhaitent Vladimir Poutine et l’Iran, la politique de négociation et de normalisation des relations avec Damas, ou s’il s’engagera sur une voie bien plus dangereuse...

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV