Alors que les manifestations se poursuivent depuis deux semaines au Soudan en protestation contre la hausse des prix du pain, les partis de l’opposition ont formé une coalition appelée « Front national pour le changement », composée de 22 membres, et une fraction indépendante appelant l’armée à soutenir les protestataires et réclamant la formation d’un gouvernement de transition et la dissolution du Parlement.
Les partis proches d’Omar el-Béchir, président soudanais, ont réagi à cette demande en avertissant qu’elle constituait en effet une invitation à un coup d’État, d’autant plus que certains d’autres partis ont mis en garde contre une présence de Daech au Soudan et une transformation de ce pays en une nouvelle Syrie si les protestations se poursuivaient.
« À l’occasion d’une conférence tenue le mercredi 2 janvier 2019, le Congrès national, parti au pouvoir, ainsi que les 40 partis proches d’el-Béchir ont considéré comme un appel à un coup d’État militaire l’appel de la “coalition Front national pour le changement” invitant l’armée soudanaise à apporter son soutien au peuple et aux protestataires », a écrit le quotidien Al-Arabi al-Jadeed, publié à Londres.
Les participants à cette conférence ont condamné le refus du dialogue national par certains partis et l’appel à la dissolution du gouvernement et du Parlement.
« Le fait que certains partis délaissent le dialogue national est un acte immoral et une tentative d’anéantir le pacte national conclu entre les groupes politiques », a réagi le président de la branche politique du Congrès national, Abderrahmane al-Khadar, avant d’ajouter : « Lors de cette conférence, nous avons condamné l’appel lancé aux forces armées à intervenir pour soutenir les protestataires. »
Le représentant du parti al-Ittihad al-Dimqaratri al-Asl, Mohamed al-Moatassam Hakim, a de son côté affirmé que son parti ainsi que les autres partis poursuivraient le dialogue en mettant en garde contre la poursuite des protestations et le risque de transformation du Soudan en une nouvelle Syrie et d’émergence de Daech dans ce pays.
Les manifestations contre la hausse du prix du pain au Soudan ont débuté il y a deux semaines dans la ville d’Atbar au nord-est de Khartoum avant de s’étendre rapidement à 15 des 18 provinces soudanaises
Selon le gouvernement soudanais, 19 personnes ont trouvé la mort dans ces manifestations, mais Amnesty International a fait état de 37 morts.
Lors de son discours prononcé la semaine dernière à l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance soudanaise, le président soudanais a appelé tous les groupes et partis politiques à une interaction positive pour sortir de la crise économique actuelle.