Des représentants des Gilets jaunes ont annoncé la décision du mouvement protestataire de poursuivre ses manifestations courant janvier.
« Les Gilets jaunes seront de nouveau mobilisés ce week-end, dans la nuit du Nouvel an et courant janvier, faute de réponses "suffisantes" du gouvernement à leurs revendications », a appris l'AFP ce jeudi 27 décembre de sources concordantes au sein du mouvement.
« Les Gilets jaunes sont toujours aussi mobilisés », a affirmé à l'AFP Laetitia Dewalle, l'une des figures des Gilets jaunes dans le Val-d'Oise. « La mobilisation va se poursuivre ces prochains jours, même si le gouvernement a démantelé ces dix derniers jours une grande partie des points de blocages [ronds-points, barrages, péages, NDLR]», a-t-elle ajouté.
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— Press TV Français (@PresstvFr) December 28, 2018
Selon plusieurs représentants des Gilets jaunes, « de nouvelles manifestations auront lieu samedi 29 décembre, pour le septième week-end consécutif, à Paris et dans d'autres villes ».
« On est actuellement dans la trêve des confiseurs. Mais les Gilets jaunes seront mobilisés la nuit du Nouvel An à travers le pays. Pas forcément pour des actions de blocages, beaucoup réveillonneront juste ensemble pour montrer que la mobilisation ne va pas s'éteindre avec la nouvelle année », a dit Benjamin Cauchy, une des figures du mouvement dans la région toulousaine, à l’AFP.
« La mobilisation pourrait d'autant moins s'éteindre que les gens commencent à réaliser que les annonces faites par le président Macron et le budget 2019 adopté ces derniers jours par le Parlement n'ont pas répondu à leurs attentes en matière de pouvoir d'achat », a ajouté Benjamin Cauchy.
« Si l'on ajoute un possible mécontentement lié au début du prélèvement de l'impôt à la source, on pourra se retrouver avec une mobilisation de grande ampleur fin janvier », selon lui.
Dans ce droit fil, l’édition francophone du site web RT a fait paraître jeudi 27 décembre une analyse, rédigée par l'historien Marcel Gauchet pour Le Soir. L’analyste estime qu'il « n’y a pas d’alternative possible », la France étant « dans l’impasse », selon lui.
Interviewé par le média belge Le Soir, le 25 décembre, l'historien se dit inquiet après plus d'un mois de contestation sociale via les Gilets jaunes: « Il n’y a plus de consensus possible. Le gouvernement d’Emmanuel Macron est durablement affecté, mais il n’y a pas d’alternative possible. On est dans l’impasse. Le pays est devenu ingouvernable ».
Il estime en outre que les mesurettes d'Emmanuel Macron sur le pouvoir d'achat ne sont que des « pansements » : « L’incompréhension s’est installée entre des parties entières de la société qui ne parlent plus le même langage. Ce n’est plus une fracture sociale, mais une fracture morale ».
S'il considère qu'Emmanuel Macron pouvait apporter un espoir pour certaines populations, vivant sur des territoires sinistrés et voyant dans le fondateur d'En Marche le « discrédit des partis politiques », l'actuel président a provoqué une « déception énorme » chez les Français. « Macron s’est fait élire en promettant d’écouter la société. Mais il a fait exactement le contraire ! », s'exclame Marcel Gauchet.
Très critique sur l'action du chef d'État, il constate que « le gouvernement est dans les contradictions permanentes » avec « une politique incompréhensible ». « Et les technocrates ne sont pas capables de l’expliquer », fustige-t-il en insistant sur le fait que « Macron a échoué sur tout ». Il pointe d'ailleurs comme premier échec « la négociation sur le travail détaché » avec les partenaires européens durant l'été 2017. « Emmanuel Macron n’a obtenu que des micro-aménagements qui n’entreront en vigueur qu’en 2022 », justifie Marcel Gauchet.