En dépit d'un discours officiel visiblement réconciliant, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis semblent s'être bien prêté au nouveau jeu américain : Une "délégation politique" du Conseil de coopération du golfe Persique se serait rendue le lundi 26 novembre, dans le nord de la Syrie, a en croire l'Observatoire syrien des droits de l'homme, proche des services secrets britanniques. Sa mission?
Participer à coup d'argent et d'armes à une "dékurdisation" des régions du nord de la Syrie. Une telle option arrangerait bien la Turquie qui se fera plus facilement à l'idée d'avoir à faire face à un Nord syrien à majorité non-kurde qu'une Syrie nord kurdophone. Cela permettra d'ailleurs à Ankara de consolider ses assises dans le Nord et c'est sans doute pour cette même raison que la délégation s'est rendue dans le Nord syrien sans que la Turquie l'en empêche.
Cité par le journal en ligne Al-Masdar, la source affirme que la délégation aurait fait son entée depuis la Turquie dans la ville frontalière de Kobané située dans la campagne nord d’Alep, ce qui témoigne d'une parfaitement coordination avec l'État turc.
Les sources syriennes avaient affirmé récemment que le nouveau plan américain consistait à "démarquer" des zones stratégiques de l’est de l’Euphrate et surtout dans la province de Deir ez-Zor, zones riches en pétrole et en gaz pour y créer des "régions autonomes", l’une à majorité kurde et l’autre à majorité arabe et tribale. Ainsi les sources avaient prévenu du transfert des forces saoudo-émiraties sur le sol syrien pour remplacer les troupes américaines qui prétendent évidemment faussement s’en retirer.
Mais que vient faire la délégation saoudo-émiratie dans le nord syrien?
L’objectif de la visite de la délégation n’est pas connu. Cependant, les médias turcs avaient annoncé au début du mois, que des troupes saoudiennes et émiraties s'étaient déployées dans le nord-est de la Syrie. Mais depuis, aucune photo ou vidéo n'a été publiée pour corroborer ces affirmations.
À en croire le rapport, Riyad et Abou Dhabi auraient envoyé, à la demande des Américains, des "forces" dans le nord-est de la Syrie, où sont positionnées les milices kurdes soutenues par les États-Unis. Dotées d’armes lourdes et légères, les troupes en question sont censées œuvrer avec les forces affiliées aux Américains pour prendre part aux opérations d’envergure US dans la région. Al-Masdar en reste là de son commentaire en ajoutant que les Émirats arabes unis ont rouvert début novembre, leur ambassade à Damas après l'avoir fermée au début du conflit syrien déclenché en 2011.
Les analystes politiques entrevoient à travers la visite de cette délégation les prémices d'un plan potentiellement anti-kurde. Alors que les Kurdes de Syrie sont trahis pour la énième fois par les États-Unis, dans l'est syrien ainsi dans le nord, la contribution saoudo-émiratie au projet US pourrait tout simplement s'avérer bien fatale pour eux à moins qu'ils se tournent réellement vers l'État syrien, estiment les experts.
