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Deal du siècle : le séisme provoqué par Netanyahu à Mascate

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La réunion du Sultan Qabous d'Oman avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 26 octobre à Mascate. ©AFP

Les monarchies arabes du golfe Persique font campagne pour normaliser leurs relations avec Israël. Cette coordination n’a cependant aucun rapport avec le processus de paix israélo-palestinien. Ce rapprochement « gratuit » avec le régime d’Israël est un avant-goût de la mise en vigueur du « Deal du siècle ».

« Trois tentatives de normalisation des relations avec Israël, durant les trois derniers jours, ont asséné des coups douloureux à ce qui reste de la dignité arabe », écrit ce dimanche Abdel Bari Atwan dans le journal panarabe Rai al-Youm.

Le premier coup est la participation israélienne aux championnats du monde de gymnastique, prévus fin octobre au Qatar. Le second est l’envoi d’une autre délégation sportive à Abou Dhabi, dirigée par la ministre israélienne de la Culture et des Sports, Miri Regev. Le troisième, le plus fatal, a été porté lors d’une visite secrète du Premier ministre israélien à Oman, où il a été reçu par le sultan Qabous.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (G) a rencontré le sultan Qabous, le 26 octobre 2018. ©AFP

« La campagne de normalisation est menée sous la pression des États-Unis, explique l’éditorialiste. Elle n’a aucun rapport avec le processus de paix israélo-palestinien. Ce rapprochement “gratuit” du régime d’Israël est un avant-goût de la mise en vigueur du “Deal du siècle” qui consiste à jeter aux oubliettes le conflit israélo-palestinien, à mettre fin à la querelle arabo-israélienne et à reconnaître Israël comme un “État frère” au Moyen-Orient. »

Benjamin Netanyahu et l’administration américaine de Donald Trump avancent l’idée qu’une nouvelle convergence entre Israël et les pays arabes, à commencer par l’Arabie saoudite, pourrait conduire à une reconfiguration diplomatique régionale.

« La réalisation du plan américain passe avant tout par la destruction de l’Irak, de la Syrie, de la Libye, du Yémen et le maintien de l’Égypte dans un état de famine. La désagrégation de ces pays, par des moyens divers et variés mais tous erronés, est donc indispensable à la mise en place du “Deal du siècle”, sinon les répercussions de la normalisation des relations avec Israël n’auraient pas été aussi douloureuses », déplore Abdel Bari Atwan.

La visite de Benjamin Netanyahu à Oman a été aussi secrète qu’inattendue, car les deux pays n’ont pas de relations diplomatiques. Oman avait fermé les bureaux de représentation commerciale d’Israël en octobre 2000 après le début de la Seconde Intifada, le soulèvement palestinien contre l’occupation israélienne, en signe de soutien à la cause des Palestiniens. À l’époque, le ministère omanais des Affaires étrangères avait publié un communiqué selon lequel « la paix équitable et globale restera la priorité de la monarchie » d’Oman, qui « soutient le peuple opprimé et œuvrera pour la restitution de ses droits bafoués ».

Mais qu’en est-il aujourd’hui ?, se demande M. Atwan. Un certain nombre de pays du Moyen-Orient se rapprochent d’Israël alors que ce dernier emploie depuis des décennies les mêmes méthodes de répression contre les Palestiniens. Le jour même de l’arrivée à Mascate de Netanyahu, accompagné de sa femme et du chef du Mossad, six Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes dans la bande de Gaza. Des millions d’arabes musulmans y périssent, foudroyés par la famine et les épidémies.

Vendredi dernier, le ministre omanais des Affaires étrangères, Yousuf bin Alawi bin Abdallah, a explicitement déclaré que la visite à Oman avait été coordonnée et effectuée à la demande du Premier ministre israélien en personne. « Nous ne sommes pas les médiateurs… Ce sont les États-Unis qui ont joué le rôle principal. Israël est un État du Moyen-Orient », a-t-il affirmé, reconnaissant ainsi comme un pays cette petite entité colonisatrice illégale.

« Ces propos, souligne M. Atwan, montrent que cette visite était plus qu’une simple visite de courtoisie. Il ne serait pas surprenant de voir Netanyahu retourner à Oman dans les prochains jours pour y inaugurer une ambassade israélienne. On pourrait aussi être bientôt témoins de l’ouverture d’autres ambassades à Doha, à Abou Dhabi, à Manama, et pourquoi pas à Riyad ; ne parle-t-on donc pas de soi-disant relations “bilatérales” et “naturelles” ? 

À la différence d’autres pays de la région, Oman n’a pas participé aux conflits armés au Yémen, en Syrie et en Irak. Il a toujours insisté sur le rétablissement de relations équilibrées avec l’Iran et n’a jamais adhéré aux plans anti-iraniens des États-Unis. Il est donc difficile de comprendre comment le roi d’Oman a consenti à accueillir chez lui un criminel de guerre aussi endurci que Benjamin Netanyahu, et ce, alors que le peuple palestinien endosse les frais d’un blocus inhumain.

On s’attendait à ce que Netanyahu se rende après Mascate, à Riyad, aussi de manière secrète. Sa visite à Oman est un pas important dans la mise en œuvre d’une nouvelle politique d’ouverture qui prévoit d’autres voyages et l’établissement de bureaux de représentation, tout cela au détriment de la cause palestinienne et de l’axe de la Résistance.

Nous n’hésiterons pas un instant à condamner toutes ces tentatives de normalisation des relations avec Israël. Néanmoins, c’est avant tout à l’Autorité palestinienne que nous en voulons le plus, car elle a été la première instance à s’être rapprochée d’Israël, ouvrant ainsi les deux battants de la porte à ceux qui souhaitaient normaliser avec le régime d’occupation.

Cela dit, il est évident que l’Autorité palestinienne n’est pas le représentant de la nation. Les Palestiniens ne plieront pas l’échine et défendront leurs droits coûte que coûte.

Nous regrettons que nos frères musulmans au Moyen-Orient se précipitent dans le giron du gouvernement de Benjamin Netanyahu, un raciste et un fasciste reconnu, qui fait l’objet d’une condamnation internationale pour les crimes de guerre qu’il a commandités. Nous sommes convaincus que les nations arabes n’acquiesceront pas à la normalisation des relations de leurs pays avec Israël, comme en Égypte ou au Liban, en Syrie, en Irak, au Maroc, en Somalie, au Soudan, en Libye, en Algérie et au Yémen, pays meurtri par sept années de guerre… La liste des nations arabes réfractaires serait longue à citer.

Nous rejetons en bloc un quelconque rapprochement avec Israël, dont les mains sont souillées du sang de gens innocents. Un régime qui tente d’anéantir l’identité arabo-islamique de la région en la judaïsant. Nous restons campés sur nos positions, continuant à défendre la justice, la dignité et la paix véritable, qui sont en parfaite conformité avec les lois divines. »

Pour plus d’informations : Netanyahu à Oman : Ansarallah réagit 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV