À défaut de pouvoir briser l'alliance Iran/Russie/Syrie qui a fait échec au plan américain, les stratèges US s'essaient à d'autres méthodes. L'échec est flagrant : les États-Unis d'Amérique refusent de faire face militairement à l'Iran mais veulent lui couper les ailes en Syrie en sanctionnant les sociétés iraniennes qui participent à la reconstruction. Idem pour la Russie dont les entreprises feraient l'objet des mesures de sanction, là aussi pour cause de participation à la reconstruction de la Syrie. À ce diabolique projet, s'ajoutent les efforts de guerre qui se poursuivent à l'est syrien, où se situent les principales réserves pétro-gazières syriennes, si vitales pour aider l'économie de la Syrie à se remettre début. D'où la nécessité pour l'Iran et la Russie d'appuyer les forces syriennes et les aider à "libérer l'est de l'Euphrate".
Mardi 16 octobre, le secrétaire d'État US, alors en visite à Riyad, évoquait que son pays n'entendait pas à confronter militairement l'Iran mais qu'il ferait tout pour le pousser à quitter la Syrie. Mais comment? NBC News revient sur cette menace et écrit : " Selon les sources bien informées, l’administration Trump a lancé une nouvelle stratégie pour gagner la guerre qu'elle a perdue en Syrie, une stratégie axée essentiellement "sur les conseillers militaires iraniens et les proxies".
C'est une stratégie "B" qui vise à « pousser les forces iraniennes et leurs partisans hors du pays ». S'agit-il d'une confrontation militaire? Non. « La nouvelle stratégie US n’impliquerait aucune confrontation militaire pour éviter surtout l'impasse du Congrès. En effet, le Congrès Us vient de priver le président Trump de tout droit d'avoir recours à une action militaire directe contre les forces iraniennes. L’armée américaine ne pourra donc frapper les forces iraniennes que si elle est directement menacée. Que faire? À défaut donc de pouvoir faire face militairement à l'Iran, les États-Unis déclencheraient une guerre financière contre l'Iran pour empêcher les activités de ses entreprises en Syrie. Cette guerre n'épargnerait pas non plus la Russie car elle aussi se trouve en ligne de mire. Les États-Unis imposeraient également des sanctions aux entreprises russes et iraniennes travaillant à la reconstruction en Syrie.
Aux dires de Mark Dubowitz, directeur général de la Fondation pour la Défense des démocraties, un think tank pro-Israël et fortement anti-iranien, "l'expulsion de l'Iran hors de Syrie hors de la Syrie" est l'un des piliers de la stratégie de Trump en Syrie qui en compte trois autres : « vaincre Daech, empêcher Assad d'utiliser des armes chimiques et créer une transition politique à Damas ».
La suite du rapport reconnaît que le fait de se battre directement contre l'Iran en Syrie n'est pas une mince affaire. "Les responsables du Pentagone s’inquiètent du discours de plus en plus axé des politiciens sur l’Iran en Syrie. Ils s'inquiètent surtout de la perspective d'un face-à-face militaire avec l'Iran qui pourrait leur coûter trop cher."
Surtout que l'acte d'un engagement de la force militaire (AUMF) adoptée par le Congrès en 2001 ne permet le recours à la force militaire en Syrie que contre Daech limitant ainsi l'action des États-Unis au ciblage des seuls groupes responsables dans les attaques du 11 septembre 2001.
« Le fait de cibler les Iraniens n'entre pas dans le champ d'application de l'actuel AUMF, qui ne comprend que des groupes liés au 11 septembre. L'Iran ne remplit pas ce critère. Il serait étonnant que le gouvernement Trump tente de faire valoir que le cas iranien relève de l’actuel AUMF », poursuit la chaîne.
Un responsable de la défense US a déclaré que, dans le cadre de ce nouveau plan, l'armée américaine poursuivrait sa soi-disant mission de combat anti-Daech, minimisant ainsi la lutte contre l'Iran, tandis que la Maison Blanche et le département d'État s'emploieraient davantage à lutter contre l'Iran en imposant des pressions économique et diplomatique.
Et l’article de NBC News de conclure : « les États-Unis ne cherchent pas à affronter l’Iran, par contre, ils entendent lui imposer une pression à maxima pour qu’il se retire, lui-même, de Syrie, faute de moyens et ressources nécessaires ».
Les analystes politiques voient là une stratégie condamnée d'avance dans la mesure où les sanctions US décrétées contre l'Iran peinent d'ores et déjà à être efficaces et ce, faut d'un consensus international qui n'existe pas. Le fait de vouloir impliquer la Russie dans cette lignée rend encore moins efficace cette stratégie US qui signifie dans les faits, un "abandon militaire d'Israël face à l'Iran et ses alliés de la Résistance".