L’analyste politique Nasser Kandil a rédigé, le samedi 13 octobre, un article pour le site web Al-Binaa.
« La Turquie semble être le candidat de la Russie pour contrer l’Arabie saoudite, soutenue par Israël, suite à la formation d’une alliance entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sous les auspices du président américain Donald Trump et de son gendre Jared Kushner. Cette alliance se manifeste à travers le “Deal du siècle”, un mécanisme censé régler le conflit israélo-palestinien et révéler une alliance arabo-israélienne contre l’Iran.
L’affaiblissement de l’Arabie saoudite pourrait puiser dans son incapacité à promouvoir le “Deal du siècle” pour en faire un accord effectif qui amorce une nouvelle orientation dans les équilibres régionaux. Cette impuissance coûte cher à l’Arabie saoudite d’autant plus qu’elle reste incapable de gagner la guerre au Yémen.
Les répercussions de l’affaire de Jamal Khashoggi pourraient accélérer le déclin du régime saoudien.
Le fait que la Russie a réussi à remplacer l’Arabie saoudite par la Turquie, avec le feu vert des États-Unis, a abouti à la libération du prêtre américain, détenu à Ankara, et à la conclusion des accords sur les patrouilles turco-américaines à Manbij, dans le nord de la Syrie.
Des discussions seraient en cours sur la normalisation des relations turco-américaines à condition que les États-Unis donnent leur feu vert à la livraison des missiles S-400 russes à la Turquie et à la conclusion des accords économiques stratégiques entre la Turquie et la Russie portant sur l’énergie nucléaire et le marché pétrolier et gazier.
D’autre côté, on se demande où se positionnera Israël dans le nouvel ordre régional dont les règles devront être élaborées dans les phases finales des conflits avant l’émergence de la version définitive du règlement de la guerre en Syrie qui, selon beaucoup d’experts, est dans son dernier quart de l’heure.
Israël a perdu toutes ses chances pour s’imposer en tant qu’entité porteuse d’un projet de paix viable puisque Mohammed ben Salmane n’a pas pu convaincre la partie palestinienne de conclure le Deal du siècle. Il n’a pas également réussi à gagner la guerre au Yémen et à maintenir le statut du Pakistan dans l’alliance américano-israélienne.
Le recours à la menace de guerre reste l’unique voie alternative de Mohammed ben Salmane.
Le déploiement des batteries du système S-300 russe en Syrie met en cause la capacité d’Israël à préserver son statut à coup de menaces, surtout qu’il paraît très peu probable qu’Israël lancera une agression militaire contre l’Iran.
Israël a essayé d’absorber le choc en prétendant que le déploiement du système S-300 ne changerait rien à sa capacité de s’infiltrer dans l’espace aérien syrien, en tenant des propos dignes d’un film de science-fiction sur les performances de l’avion moderne américain F-35 face aux capacités du S-300, lançant ainsi une rivalité dangereuse entre les potentiels des armes russes et américaines.
Pour sa part, la Russie a promis la destruction de tout F-35 quitte même à employer des batteries S-400.
Les responsables militaires russes et américains savent bel et bien comment s’engager dans une telle course nuira à la réputation des armes russes et américaines.
Après le déploiement des S-300 russes en Syrie, le Pentagone a annoncé, au nom de l’alliance internationale de lutte contre Daech, que ces systèmes n’affecteraient pas les activités des forces de la coalition.
Il semble donc que Washington ait décidé de s’adapter au changement imposé par la Russie. Pour ce faire, les États-Unis ont décrété le clouage au sol de tous les types des avions F-35, sous prétexte d’une panne technique, après le crash d’un de ces avions lors d’une mission de formation. Suite à cet événement, les Américains ont annoncé le début d’une série de tests sur les F-35 pour s’assurer que ces avions puissent faire face aux missiles S-300.
Les Russes, quant à eux, affirment que l’avion, dont Israël ne possède que sept exemplaires, a été abattu il y a un an par un missile S-200 et non par un S-300. Les Israéliens avaient prétendu que le crash avait été causé par une collision avec un oiseau lors d’un vol d’entraînement. »
Source : Réseau international