La dernière attaque israélienne par missiles aurait-elle atteint les objectifs escomptés ? Nombreux sont des analystes politiques à croire que de telles attaques ont un effet bien limité sur l’Iran et la Syrie qui sont actuellement plus qu’en tout autre temps focalisés sur Idlib.
Le fameux journaliste arabe et éditorialiste du journal arabophone Raï al-Youm, Abdel Bari Atwan, s’attarde dans une analyse sur le dernier cas de l’agression israélienne contre la Syrie.
Alors que toutes les parties avaient retenu leur souffle en attendant le déclenchement de l’opération ultime à Idlib, l’agence de presse SANA, citant une source militaire, fait part d’une nouvelle attaque israélienne, dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 septembre, contre l’aéroport international de Damas, et d’ajouter que plusieurs missiles ennemis ont été interceptés et détruits.
Deux versions seraient envisageables sur les cibles des missiles israéliens :
- La première version vient de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, proche des groupes opposés à Assad et dont le siège se trouve au Royaume-Uni. D’après cette version, les missiles israéliens ont visé un stock d’armements près de l’aéroport de Damas.
- La deuxième version est celle diffusée par la chaîne 2 de la télévision israélienne. Cette chaîne de télévision prétend que les missiles israéliens ont visé un avion de transport iranien, un Boeing, à peine quelques heures après son atterrissage à l’aéroport de Damas et qui était porteur d’armes dernier cri, soit à destination de l’armée syrienne, soit à destination du Hezbollah libanais.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu n’a pas explicitement reconnu qu’Israël était derrière cette attaque. Il l’a pourtant reconnu implicitement, lorsqu’il a affirmé qu’Israël ne permettrait pas que ses ennemis accèdent aux armes sophistiquées ; et c’était en allusion à la Syrie et au Hezbollah qu’il l’a dit.
Mais pourquoi cette attaque a-t-elle été effectuée en utilisant des missiles, et pas des avions d’assaut ? À cette question, le journaliste arabe répond en ces termes :
« En fait, depuis l’écrasement, il y a un an, de l’un de leurs avions de chasse F-16 en Syrie, les commandants israéliens préfèrent plutôt utiliser des missiles téléguidés pour empêcher que davantage d’avions de combat soient abattus par l’armée syrienne. C’est un fait qui vient corroborer une réalité : la DCA syrienne est devenue plus performante, capable d’écarter avec efficacité les chasseurs israéliens. »
L’article fait par la suite allusion aux allégations israéliennes, d’après lesquelles l’aviation israélienne aurait mené au cours des 18 derniers mois plus de 200 attaques contre des cibles en profondeur de la Syrie, des cibles dont certaines étaient « iraniennes ».
« Il n’y a aucune preuve à l’appui de ces allégations. Nous savons pourtant que la plupart de ces bombardements se sont avérés inefficaces aussi bien pour mettre fin à la présence iranienne en Syrie, que pour affaiblir l’armée syrienne, qui a réussi à reprendre entièrement aux terroristes la Ghouta orientale de Damas ainsi que de vastes zones dans le sud de la Syrie. Par ailleurs, l’arsenal d’armements du Hezbollah accueille chaque jour davantage de missiles et d’autres sortes d’équipements militaires. »
Le journal relate le site d’information israélien MAKO qui a prétendu qu’en cas d’une nouvelle guerre contre le Hezbollah, l’armée israélienne fera preuve d’une puissance trois fois plus grande par rapport à l’époque de la guerre de juillet 2006. Cette source reconnaît pourtant que depuis, le Hezbollah a quant à lui renforcé son pouvoir d’assaut.
« Le Hezbollah dispose actuellement de plus de 150.000 missiles qu’il est capable de tirer par centaines chaque jour », ajoute l’article citant le site d’information israélien.
Selon Abdel Bari Atwan, ce n’est pas simplement le nombre de ces missiles qui devrait inquiéter Israël. « La haute précision des missiles compte aussi énormément », rappelle Atwan qui, en se référant aux explications précises d’un ancien conseiller militaire koweïtien, rappelle la haute précision dont ont fait preuve les missiles iraniens ayant frappé il y a quelques jours les positions des terroristes à Erbil dans le Kurdistan irakien.
« L’expert militaire koweïtien n’exagère nullement sur les capacités et la performance de ces missiles, là où il avertit les pays arabes du golfe [Persique] et leur recommande d’envisager des plans d’armement suffisamment développés pour écarter ces missiles », écrit Atwan.
Le Raï al-Youm revient à la récente attaque aux missiles contre l’aéroport de Damas qu’il qualifie d’acte de provocation raté et décevant.
« Il s’agit d’une attaque à des fins propagandistes qui représente, après tout, le désarroi auxquels sont aux prises les Israéliens après leur défaite scandaleuse face à l’armée israélienne à Deraa, d’autant plus que de l’aveu des commandants militaires israéliens, ce régime avait formé et armé 12 groupes terroristes opérant dans le Sud syrien. »
