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Ce sont les bombes US qui ont tué les écoliers de Saada

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les experts en munitions confirment que les chiffres sur cet éclat d'obus montrent que la bombe est de fabrication de Lockheed Martin. ©CNN

Une bombe qui a tué 40 enfants au Yémen a été fournie par les États-Unis.

La bombe, utilisée par la coalition saoudienne lors d’une attaque dévastatrice visant un bus scolaire au Yémen, avait été fournie dans le cadre d’un contrat de vente d’armes, signé avec l’Arabie saoudite et approuvé par le département d’État américain, ont confié des experts en munitions à la chaîne de télévision CNN.

À l’issue d’une série d’examens, accomplis grâce à des journalistes yéménites et des experts en munitions, la chaîne de télévision américaine CNN a conclu que la bombe ayant fait des dizaines de morts chez les enfants, le 9 août 2018, était une bombe guidée-laser de type MK-82, fabriquée par Lockheed Martin, la première entreprise américaine et mondiale de défense et de sécurité.

La bombe ressemble largement à celle qui a causé d’importants ravages lors d’une attaque visant une cérémonie funéraire au Yémen en octobre 2016. L’attaque avait fait 155 morts et des centaines de blessées. À ce moment-là, la coalition saoudienne s’était justifiée en affirmant le prétexte « des informations incorrectes ».

En mars 2016, un marché yéménite a été frappé par une bombe MK-84, fournie par les États-Unis. 97 personnes ont été tuées.

La tragédie des cérémonies funéraires a poussé l’ancien président américain Barack Obama à interdire la vente des technologies militaires à guidage de précision à l’Arabie saoudite pour les « préoccupations liées aux droits de l’homme ».

L’interdiction a été pourtant annulée par le secrétaire d’État de l’administration Trump, Rex Tillerson, en mars 2017.

Alors que la coalition saoudienne, soutenue par les États-Unis, est priée d’ouvrir une enquête sur l’attaque aérienne visant le bus scolaire, des observateurs et des groupes de défense des droits de l’homme se demandent si les États-Unis ne devraient pas se sentir coupables.

Là, les États-Unis réaffirment que ce n’est pas eux qui prennent des décisions sur les endroits qui devraient être ciblés, mais qu’ils soutiennent pourtant les opérations militaires de la coalition saoudienne grâce à des milliards de dollars qu’ils reçoivent en vendant leurs armes à l’Arabie saoudite.

Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a récemment reconnu que les États-Unis aidaient l’Arabie saoudite à planifier ses cibles.

Un homme pleure le cercueil d'un des enfants tués dans la grève. ©CNN

La tragédie du bus scolaire a chagriné les habitants de la province de Saada. Zeïd al-Homran visite chaque jour le cimetière où ses deux petits garçons, tués par le bombardement saoudien, sont enterrés.

« Je criais de colère et tout autour de moi, les femmes se jetaient par terre », a-t-il déclaré à CNN. « Les gens criaient les noms de leurs enfants. J’ai essayé de dire aux femmes que cela ne pouvait pas être vrai, mais un homme a couru parmi la foule en criant qu’un avion avait bombardé le bus des enfants », a-t-il ajouté.

Des corps dispersés un peu partout

La bombe a touché un bus, plein d’écoliers qui étaient en excursion d’une journée.

« Sur les 51 personnes tuées lors de la frappe aérienne, 40 étaient des enfants », a déclaré le ministre yéménite de la Santé, Taha al-Mutawakil. Il a ajouté que sur les 79 personnes blessées, 56 étaient des enfants.

Des témoins ont déclaré à CNN qu’il s’agissait d’une attaque directe au milieu d’un marché très fréquenté.

« J’ai vu la bombe frapper le bus », a déclaré un témoin. « Il a explosé et les corps ont été jetés vers les bâtiments. Nous avons trouvé des corps éparpillés un peu partout, il y avait une tête coupée. Lorsque nous l’avons découverte, j’ai eu très peur et j’ai commencé à courir ».

Certains des corps sont tellement mutilés que l’identification en est devenue impossible. On voyait encore quelques livres scolaires et un seul sac à dos.

Les experts en munitions confirment que les chiffres gravés sur la bombe montrent qu’il s’agit d’une fabrication de Lockheed Martin.

L’Arabie saoudite nie avoir visé des civils et défend l’événement comme une « opération militaire légitime ».

Des enfants yéménites sont soignés dans un hôpital après avoir été blessés lors de la frappe aérienne saoudienne visant leur bus. ©CNN

Dans la foulée, une porte-parole du Pentagone, le lieutenant Cmdr. Rebecca Rebarich a refusé de confirmer l’origine de la bombe.

Les États-Unis, aux côtés du Royaume-Uni et de la France, sont un important fournisseur d’armes à l’Arabie saoudite.

En mai dernier, Donald Trump a signé un contrat d’armements, d’une valeur de près de 110 milliards de dollars, avec le roi d’Arabie saoudite Salmane ben Abdelaziz, à Riyad.

Le même mois, l’administration américaine a ré-autorisé l’exportation de munitions à guidage de précision en Arabie saoudite, mettant ainsi fin à l’interdiction d’Obama en décembre 2016.

John Kirby, le contre-amiral à la retraite et porte-parole du département d’État et du Pentagone sous le mandat de Barack Obama, a déclaré que les Saoudiens avaient « le droit de se défendre contre les attaques d’Ansarallah ».

À la question de savoir si les États-Unis ont une complicité morale dans le massacre des Yéménites, John Kirby a répondu :

« La question de la complicité est une question que les avocats internationaux sont probablement les mieux placés pour y répondre, pas quelqu’un comme moi ».

La guerre, déclenchée en mars 2015 par l’Arabie saoudite contre le Yémen, a entraîné la pire crise humanitaire au monde impliquant plus de 22 millions de personnes.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV